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Voyez la
C arte du N il,
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Plan ch e
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ignorance réciproque les fait donner dans le panneau; mais ce que j’ai de la peine à
pardonner, c’eft que des gens éclairés, & qui ont voulu faire les lins fur ce chapitre;
n'ont pas laiifé de croire qu’il y avoit du myftère dans une fable fi ridicule.
LU N D I, 2. D c c em b r e .
N o u s nous trouvâmes, le matin, entre
SCHECH FLAECK,
Village, au bord Oriental du N il, & un Couvent Cofte appellé
DEIR ELL ABBJAT
A rOcddent du Fleuve; & environ à une lieue dans les terres. Quelques Perfonnes
de notre Compagnie, qui avoient été voir autrefois ce Couvent, nous dirent
qu’ils y avoient trouvé une C ro ix , qui étoit un refte d’une ancienne Eglife. bâtie fous
l’invocation de St. Hélène.
En continuant notre route, nous vîmes à notre droite :
BARASBURA,
Village , où il y a une Mofquée; & plus loin nous rencontrâmes deux autres
Villages; fçavoir:
BIBAR,
Sur la rive Orientale du N il ; &
ELL S AU VIE,
Sur la rive Occidentale. L e Vent étoit bon; mais les Coudes, que fait le Nil,
nous obligèrent fouvent de reeourir à la corde, pour faire, avancer 1a barque & pour
pouvoir -arriver à
ACHMIIN
Cette Ville fituée fur la rive Orientale du N il, eft la Réfidence du Prince de
même nom. Elle eft grande & ornée de diverfes Mofquées. Les Coftes y ont un
Couvent & les Pères de la P ro p a g a n d a un Hofpice. Comme le tems étoit extrêmement
couvert, j’eus bien de la peine à lever le deffein d’Achmiin.
Vis-à-vis de cette Ville eft celle dc
MESSCHIE,
Située fur le bord Occidental du Fleuve. Nous y arrivâmes avec la nuit; &
nous y attachâmes notre barque à terre, parce que notre deffein étoit dc nous y arrêter
quelque tems.
Toutes les Barques, qui viennent du Cayre, pour fc rendre à la Catarafte, de
même que celles qui viennent de la Cataracte, & qui doivent fe rendre au Cayre, s’arrêtent
Î'I-, p:
rctenc ici, afin d’y faire provifion dc pain & des autres chofes, dont elles ont befoin.
C’eft efFeftivement l’endroit le plus commode pour cela; car cette Ville fe trouve à
moitié chemin, & tout s’y vend à fort bon marché.
II y avoit hors de la Ville un affez grand Campement; & nous apprîmes, que
c’étoit celui du Bey de Girgc, qui alloit vifiter fes Domaines. Par-tout où il s’arrête,
les Places des environs font obligées de lui fournir une certaine quantité dc pain, &
d’autres provifions; & afin que l’une ne foit pas plus chargée que l’autre, on a fixé les
jours qu'il peut refter en chaque endroit. 11 ne retourne à Girge que vers la fin de
Décembre ; & même il eft alors dans l’obligation de camper hors de la Ville ; car quoique
ce foit fa Réfidence, il ne lui eft pas permis d’y demeurer plus dc trois ou quatre
mois chaque année.
Sa tente étoit diftinguée des autres par une quarantaine de lanternes furpcndüës
au devant, en forme d’Echicquier. Il y avoit parmi nous des Perfonnes, qui avoient
des lettres de recommandation à lui préfenter; mais on n’en fit point ufage, parce
qu’on n’avoit befoin de rien, & qu’on avoit été informe qu’il partoit le lendemain.
M A R D I , 3. D é c em b r e .
N o u s reft’âmes tout ce jour-là à Mesfchie. Notre Reis s’y rendit dès la pointe du
jour, pour y faire faire du' pain, pour lui & pour fon Equipage. Nous eûmes auffi foin
dc nous en pourvoir, parce que notre provifion de bifcuit diminuoir. On ne trouve
pas le pain tout fait. Quand on veut en avoir, il s’y faut prendre dc cette manière;
on achecce du Bled au Bazar: on le fait porter au moulin à cheval, pour le faire moudre.
Si ce Moulin ne peut pas vous expédier promptement parce qu’il a déjà entrepris
dc moudre d’autre bled, vous le remettez par boifièaux à des P-arciculiers, qui le font
moudre à des moulins à la main, donc presque chaque maifon eft pourvue. Après
avoir retiré votre farine, vous la donnez à certaines femmes, faites à cela; elles ont
foin de la faffcr & d’en faire du pain. Elles s’en acquittent affez promptement, quoique
leur Boulangerie ne foie pas des plus commodes, ni des mieux en ordre. Les
fours fur-touc font fort petits, & conftruics de mort.kr & chauffes dc fimple paille.
Cela n'cmpêchc pas quelles ne fafiènt afièz bien le pain, quoiqu’un peu à l’Arabesque.
Auffi n’y apportent-elles pas grande façon. Elles tiennent la pâte très molle ; & 011
ne fc plaint jamais que le pain eft trop cuit. II véiiffic ordinairement quand il eft en
forme de gâteaux; & c’eft un afièz bon manger, lorsqu’il eft frais. Mais n’eft-il plus
du jour, il faut avoir appétit pour le manger avec goût.
J ’allai voirie Bazar ; & je le trouvai beaucoup mieux garni qne ceux que j’avois
rencontrés jusque-là. En effet l’abord ordinaire des Barques contribue -à rendre Mes-
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