Egtifes de St.
M arc, & de
Ste.Cathérine.
Biirte de Ste.
Catherine.
roglyphes; mais on n’en apperçoit, ni fnr ces colonnes, ni fu rie s carreaux de marbre
employés çà & là. Concluons donc, que cette enceinte n’a été faite, que,
quand les Sarazins, après avoir ruiné Aléxandrie, fe trouvèrent dans l’obligation de
s’y fortifier, pour profiter de l’avantage des Porcs; & que de tout le terrein de l’ancienne
V ille , ils n ’e iï renfermèrent qu’autant qu’il leur en faloit alors, pour leur défenfe
, Si pour la fui-ecé de lem- commerce.
Après avoir fait le tour de l’ancienne V ille , il convient de voir cc qui eft
renfermé dans fon enceinte, où l’on ne trouve guère aujourd’hui que des ruines & des
décombres, iî on en excepte un très-petit nombre de Mosquées, d’EgÜfes, de Jardins,
& quelques Citernes, qu’on peut regarder comme entières, puis qu’elles font
encore aifez bien entretenues, pour fournir de l’eau à la nouvelle Ville.
Nous connoiiïbns fi bien préfencement l’Obélisque de Cléopatre, & fa ficua-
tion, qu’il eft à propos de partir de ce point, pour aller reconnoitre les Eglifes de
St. Marc & de Ste. Catherine, qui en font les plus près. Ces deux Eglifes appartiennent
aux Chrétiens, & font maintenant deiTervies par des Prêtes Grecs, & par
des Prêtres Coptes. D’ailleurs, elles fe relfeiTiblenc fi fort l’une l’autre, qu’une
feule defcription fuffira pour toutes les deux. Elles n’ont rien de refpeélable, que
le nom d’Eglife qu’elles portent ; ¿¿elles font fi obfcures, fi fales, ¿¿ fi remplies de
lampes, qu’on les prendroit plutôt pour des Pagodes, que pour des Temples, où
le vrai Dieu eft adoré.
Celle de St. Marc n’a rien de particulier qu’une vieille Chaire de bois, qu’on
fait paifer, fi je m’en reffouviens bien, pour celle de l’Evangélifte, dont l’Eglfiè
porte le nom. Je n’affiire pourtant pas le fa it, parce que je ne rae le fuis pas aifez
mis dans l’idée, pour me le rappeller au jufte. Ce que je puis garentir, c’cft que
le St. Evangélifte eft infiniment mieux log é , dans fon Egiife à Venife, que dans celle
d’Aléxandrie.
Dans l’Eglife de Ste. Catherine, on montre, avec grande vénération, un morceau
de Colonne, fur laquelle on prétend que cette Sainte eut la tête coupée; & quelques
taches rouges, qu’on y fait remarquer, font, dit-on, des gouttes de fon fang.
A u voifinage de cette Eglife, on rencontre la Butte de Ste. Cathérine, qui eft une
colline formée des ruines de la Ville. Il y en a encore une autre de incmc efpccc ¿¿
de même grandeur. Toutes deux ont été fouillées & refouillés fi foin-ent, que ce ne
font
Reftci d'tm
Portique.
font proprement que des tas de pouffiérc. On n’y trouve rien que quand il a plu.
L ’écoulement des eaux laiiTe alors à découvert quelques pierres gravées, ou autres
petites chofes, qui ont échappé à la vue de ceux , qui ont fouillé les prémicrs, ou
qu’ils ont rejectees, comme peu dignes de leur attention. Les Sarazins en ont ufé
ici de la même manière, que les Goths Si les Vandales à Rome. Ils ont fait fauter
la pierre de la bague, avec un fer pointu: ils ont pris l’o r; & ont jetté la pierre,
qu’on trouve ordinairement endommagée par cette violence. Il eft rare qu’on y
découvre maintenant quelque chofe de bon. J ’ai vu une infinité de ces pierres:
j’en ai même achetté quelques-unes, fans pouvoir dire que j’en aye acquis une feule,
qui foie de bonne main.
Avant que de fortir de la V ille, je jcccai les yeu x fur quelques fûts de colonnes
de marbre granité, qui font encore debout par-ci par-là, fur le chemin, qui conduit
à la porte de Rofette. Il peut y en avoir une demi-doiizaine ; mais elles ne
nous apprennent rien, fi non, que toute cette longue rué doit avoir eu, de chaque
côté, des portiques pour fe promener près des maifons &: à l’abri. Ce qui en
refte fait juger, quelles étoient toutes de même grandeur; mais il n’eft pas auffi
facile de décider, fi elles étoient de quelque ordre d’A rchiteélurc, ou faites dans le
goût Egyptien. Elles font enfoncées d’un tiers dans la terre; Sc toutes ont perdu
leur chapiteau. Elles ont la furface unie, & la circonférence plus grande vers
le bas que vers le haut. Voilà ce que j’y ai remarqué; mais ce n’en eft pas aifez
pour fonder quelque conjefture raifonnable. Du refte il n’y avoit pas moyen de
me difpcnfer d’en parler, parce qu’elles ont certainement droit de tenir une place
parmi les Antiquités, qui fubfiftent à Aléxandrie.
Après avoir fuivi le chemin, qui conduit à la porte de Rofette, je palTai cette
porte, pour me rendre à la belle Colonne, appellee communément la Colonne de
Pompée. Elle eft placée fur une hauteur d’où l’on a deux belles vues: l’une qui
donne iùr Alexandrie: l’autre fur le terrein bas, qui s’étend le long du N i l , Si qui
environne le Califch, ou Canal creufé au deifus de Rofette, pour porter l’eau du
Nil à Aléxandrie. Mais je parlerai plus bas de ce Canal: tenons-nous préfcntemcnc
à la Colonne de Pompée.
Cette Colonne ne doit pas être proprement un Monument Egyptien, quoi- Fondement
que la matière, dont elle eft faite, ait été tirée des carrières du Pavs. C ’eft ap- "lonne.
paremmenc la plus grande & la plus magnifique Colonne qu’ait produit l’Ordre
Corinthien. Si on veut bien jeccer les }-eux fur le delfcin que j’en donne, il me
C 2 rcftera
C olonne de
l'ompée.
P l a n c h e
XL