gré cet avantage même, on obferve, principalement du côté du N o rd , qu’elles font
vermoulues: auffi s’en faut-il de beaucoup, que ces pierrcs-Ià ne foient auffi dures,
que celles de Brème & de Beiitheim. Leurs diverfes affifes extérieures ne font join-
tes, que par le propre poids des pierres, fans chaux, fans plomb, & fans ancres
d’aucun métal. Mais, quant au corps de la Pyramide, qui eft rempli de pierres
irrégulières, on a été obligé d’y employer un mortier, mêlé de chaux , de terre &
d’argile. On le remarque clairement à l’encrée du fécond, cette prémiére
Pyramide, qu’on a forcée pour l’ouvrir.
On n’appcrçoic pas la moindre marque, qui prouve, qu’cllc ait été revécue de
marbre; car quoique certains Voyageurs l’ayenc con jeauré , en voyant le fommec de
la fécondé Pyramide revêtu de granit ; il y a d’autant moins d'apparence à cela, qu’on
ne trouve pas aux degrés le moindre refte du granit, ou du marbre, & qu’il n’auroit
pas été poffible de l’enlever, de manière qu’il n’en demeurât rien. 11 eft vrai qu’autour
de la Pyramide, & autour des autres, on apperçoit quantité de petits morceaux
de granit & de marbre blanc; mais il ne me paroîc pas que cela prouve, que les Pyramides
en avent été revêtues. On avoit employé ces forces de matériaux au dedans,
& à des Temp les , qui étoient au dehors : ainii il eft plus naturel de prcfumer,
que ces reftes viennent plutôt du travail des pierres, pour les employer, ou de la
ruïne des temples, que des marbres qu’on auroit décachés par force du revêtement
des Pyramides.
Celle que je décris eft à 3. heures de chemin du Vieu x Cayre. Pour y aller,
lorsque le N il eft bas, on fe mec fur l’eau, près de l’isie de Rodda, & l’on fe fait
tranfporter à G iz e , par le moyen d’une barque. L a diftance n’eft que d’un coup
de fufil. On fait le refte du chemin par terre. Mais quand les eaux font accrues
à leur plus haut degré, on peut aller par eau du Vieux-Cayre même jusqu’au roc, fur
lequel font bâties les Pyrainides.
Son encrée eft du côcé du Nord. A fes quatre angles on connoît aifément,
que fes pierres les plus baffes font les prémiéres pierres angulaires & fondamentales,
mais delà, jusqu’au milieu de chaque fa ce, le vent a formé un glacis de fable, qui,
du côté du N o rd , monte fi haut, qu’il donne la facilité de parvenir commodément
jusqu’à l’encrée de la Pyramide.
Cette entrée, de même que celles de toutes les autres, a été pratiquée fous la
Doucine de la Pyramide, environ à 48. pieds au deffus de l’Horifon, & un peu plus
à l’Eft
à l’Eft qu’à rOueft.
ramide.
U de Nubie. 79
Pour la découvrir, on a coupé jusque-là la pente de la Py-
L ’Architrave du prémier Canal, qui commence à cette ouverture, femble promettre
un portail ; mais après avoir fait couper, fans trouver par derrière que des
pierres, femblables à celles, dont on s’eft fervi pour bâtir la Pyramide, on a renoncé
au deffein de chercher une autre ouverture, que celle, qu’on avoit déjà découverte.
Cette ouverture conduit fucceffivemenc à cinq différens Canaux, qui, quoique
courans en haut, & en bas, & horizontalement, vont pourtant tous vers le Midi, &
aboutiffenc à deux Chambres, l’une au deifous & l’autre au milieu de la Pyramide.
T ou s ces Canaux, à l’exception du quatrième, font presque d’une même
grandeur; fçavoir de trois pieds & demi en quarré. Ils font aufiî tous d’une même
fabrique, & revêtus, des quatre côtés, de grandes pierres de marbre blanc, tellement
polis, qu’ils feroient impraticables, fans l’artifice dont on s’eft'fervi. Et même,
quoiqu’on y trouve préfentcment, de pas en pas, de petits trous, coupés pour y
affurer les pieds, il coûte encore affez de peine pour avancer; & celui qui fait un
faux pas, peut compter, qu’il retournera à reculons, malgré lu i, jusqu’à l’cndroic
d’où il eft parti.
On prétend, que tous ces canaux ont été fermés, & remplis de grandes
pierres quarrées, qu’on y avoit fait gliffer, après que tout l’ouvrage avoit été achevé.
Ce qu’il y a de bien certain c’eft que le bout du deuxième Canal a été fermé; car on
voit encore deux grands carreaux de marbre, qui lui ocent la communication avec
le prémier Canal. Mais, à dire le vrai, il n’eft pas affez grand à l’entrée, pour y
faire paffer un Homme; Sc encore moins pour y faire gliffer une auffi grande quantité
de groffes pierres néceffaires pour boucher les autres Canaux.
Quand on a paffé les deux prémiers, on rencontre un rcpofoir, qui a , à mairi’
droite, une ouverture, pour un petit canal, ou puits, dans lequel on ne rencontre,
à l’exception d’un autre petit repofoir, que des Chauve-founs. Après y avoir
fouffcrc beaucoup d’incommodité, on a le désagrément de ne point voir fa dernière
fortie, à caufo du fable, qui la bouche.
Du prémier rcpofoir, dont j’ai parlé, le troifiéme Canal mène à une chambre,
d'imc grandeur médiocre, remplie à moitié de pierres, qu'on a tirées de la muraille
U 3