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ment, qu’une caufe naturelle y apporcoit, puisque, du tems d’A léxandrie, on étoit
déjà auffi ignorant dans l’intelligence des Hiéroglj-phes, que nous le fommes pré-
fentement.
Je pourrois m’étendre davantage fur cette matière ; mais je me perfuade, que
les raifons, que je viens de doimer, font convaincantes. Je me contente donc (implement
de remarquer, que les morceaux de marbre couverts d’Hiéroglyphes, qui fe
crouY'ent au fondement de la Colonne de Pompée, prouvent, qu’on en a effe£livement
apporté; & qu’on n’a pas voulu s’en fervir, fans les changer, (î ce n’eft quand on
les mettoic dans des endroits, où on les croyoit pour toujours cachés aux yeux des
Hommes.
Il ne refte plus qu’un point à examiner. Qu’cft devenue, dira-t-on, cette
grande quantité de ruïnes, que doit avoir caufé la deftruftion générale d’une auifi grande
Ville qu’Aléxandrie? J e réponds, que je leur ai, autant qu’il m’a été poffible,
affigné des places convenables, dans Aléxandrie même, où elles doivent être profondément
enfévelies fous la terre. Qu’on iè repréiènte combien l’ancien pavé de Rome
a été hauiîe, à l’occafion du faccagement & de la ruïne de cette ancienne Capitale du
Monde, & on fe perfuadera aifément,' qu’il en eft arrivé de même à Aléxandrie. De
plus n’tft il pas confiant, qu e , de tout tems, on a craiifporcé en Europe beaucoup de
ces débris. On en ufc de même tous les joims; & dans le tems, que j’y étois, j’ai
vu charger dans des Vaiffeaux François de groffes pièces de colonnes & d’autres reftes
d’Antiquités. A la vérité, on n’enléve de cette manière que peu de chofe à la fois;
mais, à fucceffion de tems, cela fonne une fomme. Si Aléxandrie fe trouvoit fous
un gouvernement moins défiant & moins difficulcueux, on pourroit examiner les chofes
de plus près & donner des raifons peut-être plus évidentes : faute de cela, le I,e-
fteur doit fc contenter du peu d’obfervarions, qu’il eft poffible de faire tlans un tel
Je me rappelle ici une chofe, que je ne dois point paffer fous filence, quand ce
ne feroic que pour faire connoître, que j’y ai fait attention. Cette grande & fuperbe
Colonne, que l’on voit hors de la porte de Rofette, eft nommée la Colonne de Pompée;
mais perfonne, je crois, ne nous fçauroit dire, d’où dérive cette dénomination.
On n’ignore point, que Céfar pleura la mort de ce grand Capitaine ; mais qui nous
dira, qu’il lui ait érigé ce magnifique Monument? L e filcnce des anciens Auteurs fur
ce point eft étonnant. Je ne m’engage pas non plus à en donner l’Hiftoire. Il
faudroit être devin. Je remarquerai feulement, que comme cette Colonne eft de
l’Ordre
l’Ordre Corinthien, cela femble fixer fon éreêlion au tems. des Ptolomées. Je dis
fon éreftion, & non fa fabrication; car je la crois Egyptienne d’origine, Sc changée
en fuite dans la forme, qu’on lui voit aujourd’hui. Une Infcription, qu’On découvre
avec peine fur un des côtés du picdeftal, pourroit, fans douce, donner quelque lumière
là-deffus; mais le ceins l’a fi peu ménagée, quelle n’eft guère déchiffrable.
Un Vo yageur, qui l’a obfervée une vingtaine d’années avant moi, prétend avoir pu
diftinguer, qu’elle étoit écrite en caraêleres Grecs. , Je m’en rapporte. J e fçais
feulement, que les traditions, que les Arabes nous en ont transinifes, font fi fabuleu-
fes, qu'il vaut mieux les mettre avec les contes de Roland & de fon Cheval, que de
les rapporter parmi des obfervations & des remarques férieufes.
Ce que j’avois à dire fur l’ancienne Aléxandrie finiroit ici; mais je prévois, que
quelqu’un me demandera des nouvelles du Tombeau d’A léxandre, du Serapemn, du
Mufeuin, &c. ; & que d’autres iront peut-être jusqu’à vouloir, que je donne un plan
des Quartiers de cette ancienne Ville.
Pour répondre aux prémiers, je dirai, que je me fuis informé avec foin de
ces anciens Edifices, & que j’ai fait bien des recherches, afin de tâcher au moins de
connoître les places, où ils ont été élevés. T ou s mes foins ont été inutiles; de force
que fi j’ai placé, au commencement de cet Ouvra ge, le Mufeum dans l’endroit, où
eft aujourd’hui le petit Pharillon, j’y ai été déterminé parce qu’ont dit les L X X . Interprètes.
Si cependant on jugeoic plus convenal)le de l’approcher du Palais, & de
le mettre, entre cet Edifice & le petit Pharillon, rien n’en empêche. J e confeil-
lerois pourtant de fe tenir au bord de la mer, c’eft-à-dire près du Port, fans y entrer,
& fans faire tant, que d’y placer des Quartiers entiers, comme s’eft aviiè de le faire
l’Auteur des Remarques fur les Commentaires de Céiàr, imprimés en Angleterre.
11 a fuivi les defleins de Palladio, qui avoit ufé de la liberté des Peintres: liberté peu
excufable en lui; mais qui devient un crime dans un Auteur fcrieux, qui fai: Commentaire
fur Commentaire, pour nourrir de fauffcs idées l’eiprit de fes LeQcurs.
Quiconque a été fur les lieux, Sr en a vu la fituation, ne peut s’empêcher de remarquer
la fauffeté d’un tel Plan, fait dans le defîèin d’éclaircir ce qu’a dit Céfar, & qui
n’cft propre au contraire, qu’à jetter dans l’erreur ceux, qui le prendront pour guide.
Ceci foit dit néanmoins fans prétendre toucher au refte de l’Ouvrage, qui peut avoir
fbn mérite. J e n’ai abfoluincnc prétendu parler que du Plan d’Aléxandrie.
L e Tombeau d’A léxandre, qu i, au rapport d’un Auteur du quinzième Siècle,
fubfiftoit encore alors, & étoit rcfpeêlé des Sarazins, ne fe voit plus: la tradition
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