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drie (Sc des Pyramides, que fon Voyage d’Angleterre & les
Campagnes, dont nous avons parlé, lui firent remettre ce
travail à un tems plus tranquille. Il fe chargea à la vérité
d’une partie de fes Cahiers, comptant de trouver de tems
à autre une heure de loifir pour continuer fon ouvrage.
Mais il fut obligé de laiffer le tout à Londres, excepté l'on
Journal, qu’il traduiiit de Danois enFrançois. Ce futpour-
tant pendant fi prémiére Campagne qu’il compofi fes remarques
fur la Pyramidographie de John Greaves, que nous
avons inlèrées dans le prémier Volume.
Le Chevalier Martin Folkes, dont la Republique des
Lettres regrettera long-tems la perte & à qui Mr. N orden
adreffa ces remarques, avoit vù quelques morceaux de fon
Ouvrage & en avoit parlé avec éloge à plufieurs Connoif-
feurs. Notre Auteur de retour en Angleterre ne tarda
gueres à en fentir l’effet. Il fut, comme nous l’avons déjà
dit, reçu Membre de l’illuftre Société, dont Mr. Folkes
étoit alors le Préfident.
A cette occafion il jugea à propos de donner au Public
une idée de quelques Ruines & Statùes Coloflàles deTlié-
bes en Egypte dans une Difl'ertation Angloife, dédiée à la
Société Royale, qui a pour titre: Draivingt offomeRuim
and Colojjal Statues at 'Thebes in Egypt, mth an account of
the fame in a letter to the Royal Society. M D C CX L I .
CetEfHii, qui n’eft proprement que le morceau de fon
Journal qu’on lit dans le fécond Volume p. 165-173. avec
les quatre Planches, qui y appartiennent, lui valut de nouveaux
applaudillèmens, & ranima le defir que le Public
avoit témoigné de voir l’Ouvrage en fon entier. Sa mort
pré-
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prématurée l’empecha de jouir d’une gloire qu’il n’auroit
pas manqué de s’acquérir par-là.
Q i i o i q u e décédé loin de fa Patrie, fes Mémoires fur
l’Egypte nous ont été cépendant confervés. Lorsqu’il vit
approcher fa fin, il eut la prévoyance de remettre tous les
Cahiers qui pouvoient avoir rapport à fon Voyage d’Egypte,
en des mains füres & fidèles. Mr. le Comte de Dan-
nefidold, Protedeur déclaré de l’Auteur pendant fa vie,
fe montra zélé pour fa gloire après fa mort & fit valoir le
dépôt précieux qui lui avoit été remis. Il en informa le
Roi, & S .M . ordonna qu’on mit la dernière main à l’Ouvrage
& que les Dellèins fuffent gravés par le célébré Marc
Tufcher Nurenbergeois.
Cet habile homme joignoit à la Gravure & à la Peinture
le goût des Belles-Lettres & de la bonne Antiquité,
la connoillànce des Mathématiques & fur tout un profond
favoir en fait d’Architedure, ce qui lui donnoit une fupe-
riorité vifîble fur les Artiftes ordinaires. Outre cela il étoit
presque le feul qui eut pù s’acquitter avec fuccès de la
tache, dont il s’agilloit. Il avoit été dépuis plufieurs années
lié d’amitié avec l’Auteur. Cette amitié, dont les
noeuds avoient été formés en Italie, fe renouvella à Londres,
où le Voyage d’Egypte làifoit le fujet ordinaire de
leurs entretiens. Le Sr. Tufcher avoit faifi les idées de fon
Ami & les Dellèins du Voyage d’Egypte lui étoient pres-
qu’aulïï familiers qu’à l’Auteur même. Aulfi avoit-il, pour
complaire à Mr. N o r d en , gravé les deux premières Planches
de l’Elfai imprimé à Londres en 1741.
d 2 Une
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