Village, fur la rive Orientale du Nii ; & où commencent les Montagnes de
TSCHIBEL MONNA.
A l’oppofite dc la même Isle de Giefiret Nejagheye, on apperçoit à l’Occident
du Fleuve, mais à une bonne lieuë dans les terres, la Ville de
FARSIUUT;
Elle a une Mofquée 5 c la Miffion de la P ro p a g a n â a y entretient un Hofpice.
Nous eûmes enfuite à la gauche deux Villages:
ELLAKLURAES,
& SELEMIE.
Ils font oppofés à deux autres, nommés
DIRP,
& HAU.
Dès le matin, nous nous trouvâmes devant
SCHAURIE,
Autre Village, à l’Occidcnt du Nil. Comme le calme nous p r i t , je me pro-
pofai d’en profiter, pour aller voir les ruïnes d’un T em p le, qu’on me difoic être voifines
de Hau ; mais j’appris qu’il s’y tenoit une Afiemblée de trois à quatre cens de ces
prétendus Saints Mahométans ; & que cela y avoit attiré une grande foule de monde.
Il n’en faloit pas tant pour m’empêcher de m’y expofer ; de forte que je ne pus fatis-
faire ma curiofité. Un Janiffaire vint à Schaurie nous demander paffage; & nous le
lui accordâmes. Il fuyoic, parce qu’il avoit tué un des quinze Janiffaires, qui avoient
voulu s’emparer de fà Barque. I! écoic lui-méine gi-iéfvemcnc blefié. Du refte c ’ccoic
un très-brave Garçon, q u i, plus d’une fois me rendit bien fervice, quand les Arabes
me voulurent empêcher de confidérer les ruïnes antiques, que je jugeois à propos de
dcfiîner.
L e Vent fe trouvoit fort bon alors: ainfi nous mîmes à la voile, & continuâmes
notre route. L e Nil eft, -dans ce quartier affez irrégulier, tant pour fes courbures,
que pour fa largeur; mais pour cc qui eft de fon fonds, nous le trouvâmes
très-net: auifi paflâines-nous, fans beaucoup de diffici^té, les quatre Villages qui
fuivent:
ELL-GAESSER,
GASSERUSEjAED,
JASENIE,
& FAU.
Ces quatre Villages étoient à notre gauche; & nous en laiMmes en même tems
à notre droite trois autres; fçavoir:
REIESIE,
NETZCHE ELL ABIID,
& DINEDERA,
Auprès de ce dernier endroit, nous vîmes plufieurs Crocodiles, étendus fur
des bancs de fable, que l’écoulement des eaux du Nil laiffoit à fec. Nous gagnâmes
tout dc fuite trois autres Villages fitués du même côcé, & qu’on nomme
CASSARNA,
SENAEPSI,
& ELL WOKF.
L e dernier eft remarquable, parce que c’eft dans fon voifinage que finit le T e r ritoire
des Arabes appelles H a u a r a ; 8: le fécond a , à fon oppofite, un autre V illage
nommé
DISCHNE, ou DEHESCHNE.
Ce nom, qui fignifie A dm ir a t io n , lui vient de ce que les Arabes, qui
remontoienc le Nil, fe trouvèrent ici embarraffés pour fçavoir de quel côcé ils devoienc
fe tourner quand ils vouloienc prier. Ils s’étoienc réglés auparavant félon le cours du
N il, qu’iis fçavoient aller du Midi au Nord. Ils avoient par conféquent le foleil levant
à leur gauche, & le foleil couchant à leur droite. Ce ne fut plus cela quand ils
fe trouvèrent dans cet endroit. L e N il y fait un coude, qui écoic caufe qu’ils voyoicnc
le foleil fe lever à leur droite. Iis en furent dans un grand étonnement; ce qui Ht
qu’ils donnèrent à ce lieu le nom de D e h e jc b n e , ou Admiration.
Près de ce même endroit, nous vîmes plufieurs radeaux, formés de pots de
terre liés enfemble avec des faicincs. C’eft la manière ordinaire de les tranfporter ;
& il ne faut que deux Hommes pour gouverner un femblable radeau.
A huit heures du foir, le calme nous prit. Nous nous apperçûmes que le
courant nous faifoit reculer : ainfi nous mouillâmes au bord Occidental du Fleuve, où
regnoic une grande plaine ftcriie couverte de fable & de quelques brouifailles. L e
Village le plus proche de nous étoit
MERASCHDEH.
Nous avions à l’oppofice, de l’autre côté du N il, le Village de
SAEIDA.
T om . IL R r SAMEDI,
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