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m Voyage d’Egypte
L ’acquifition de l ’un de ceux-ci nous étoit d’autant plus avantageufe, qu’il cntendoit
fort bien l’A rabe; ainfi il pouvoit nous être utile, au cas que le Maronite & le Juif,
que nous avions engagés pour Interprètes ordinaires, vinficnc à nous manquer.
Nous avions encore exigé une féconde condition du Reys, ou Capitaine de la
Barque. 11 «’écoic obligé de n’y charger aucune marchandife, dc peur que le négoce
qu'il en feroit ne retardât notre Navigation; mais jl nous avpit prévenu, & avoit déjà
embarqué fous main ce qu’il avoit voulu ; de force qu’il falut dans la fuite fe relâcher
fur ce fécond article.
T o u s les préparatifs de notre Voyage étant faits, nous nous embarquâmes, le
Dimanche 17. de Novembre, après midi. Peu de tems après, nous quittâmes le
V ieu x Cayre , où notre barque avoit été attachée, vis-à-vis du Mokkias, & proche
du grand Bazard. N om n’avançâmes pourtant, ce jour-là, qu’environ à la portée
(fun Canon, par ce que le Keys ne s’étoit pas encore rendu à bord. Notre voj'age
ne .commença donc proprement que le lendemain; Sc je vais en décrire le fuccès.
Je m’acquitterai de cette tâche, en donnant, jour par jour, une Relation
fidèle de ce que j’ai vu & des accidens qui me font arrivés fur la route, depuis le
Cayre jusqu’à Derri, où nous fûmes obligés de prendre le parti de rebroufièr chemin,
malgré l’envie extrême que j’avois de paiTcr outre. J ’cn uferai de U même façon
.quand il .fera queftion rie .décrire mon retour au Cayre.
Cette Relation fera ûbfolument dreflee fur le Journal que j'ai écrit le long de la
route. J e n’y changerai rien, fi ce n’eft que, pour n’en point faire à deux fois,
j’y joindrai, de tems en tems, dans les endroits où j’avois deja touché une matière,
certaines particularités, que je n’ai remarquées qu’en retournant. J ’aurai foin pareillement
de l’éclaircir, ç à & I à , par quelques obfervations, à mefure que les objets
me paroîtront plus ou moins incéreiTans. Quant à cc dernier article, je n’y toucherai
qu’autant qu’il fera néceffaire pour l’in ftruflion de ceux, qui, à l’avenir, auront ia
curiofité d’entreprendre le même voyage. Mais par rapport au prémier, j’y donnerai
beaucoup plus d’attention, fur-tout lorsqu’il s’agira des magnifiques reftes d’antiquité,
qui fe font offerts à mes yeux. En un mot je ferai mon poffible, pour ne
rien oublier de ce qui peut fatisfaire un L e flc u r , comme je n’ai rien négligé, autant
que les circonftances me l’ont permis, pour que les chofes capables dc donner des
éclairciffemens, n’echappaffent point à mes recherches.
pour
Pour le refte. il faudra reeourir aux deifeins, que je joints, de tems en tems à
ma Relation. Je puis y renvoyer avec d’autant plus de confiance, que s’ils manquent
de quelques embelliifemens, ils ont pourtant l’avantage d’être levés d’après nature fur
les lieux mêmes oit je me fuis trouvé. On peut fur-tout regarder, comme un guide
perpétuel, la grande Carte du N i l , dreifée fur les obfervations que j’ai été en état de
faire, avec la dernière éxaêlitude.
LU N D I 18- N o v em b r e 1737.
N o t r e Reys ne vint -à bord qu’après Midi. Nous mîmes aufiitôt -à la voile; & nous
vîmes, fur la côte Orientale du Fleuv e, le Bourg de
DERIMINNA;
L e s Coftes y ont un Couvent. Nous mouillâmes environ un quart de beuç
plus haut, au deifous de la grande Mofquée, nommée
ATTER-ENNABI:
11 a deja été fait mention de cette place, dans le Volume précédent, ainfi que de
DEIR-ETIIN,
Autre Bourg, avec un Couvent Cofte, & une Mofquée, & qui eft à trois quarts
de lieue plus haut. Nous avions -à la droite:
GIESIRET-EDAHAB;
C ’eft-'a-dire: l 'h l e i O r . On y voit un Village de même nom, avec une
Mofquée. Elle efi fituée -à une Iicué & un quart au-defl'us de l’isle de Rodda, à un
quart dc licué de la rive Occidentale du N il, vis-à-vis de
SAKKIETMEKKI,
Bourg entouré dc quelques Villages, qui palfcnt fous le même nom. Ce
Bourg a une Mofquée & dans fon voifinage un Califch. Son nom eft Arabe, & figni-
fie un M o u lm à C h a p e la , forte de machine propre à faire monter l’eau.
En continuant à remonter le Fleuve, nous avançâmes à 1a gauche, vers
BASSATIIN,
B ou rg, environ à une Iicué au defius de Deir-Etiin, Les Mahométans y ont
une Mofquée, & les Juifs du Cayre un Cimetière. Vis-à-vis, fur la rive occidentale,
on apperçoit:
ABUNUMERUS,
Bourg orné d’tmc Mofquée, & dont le nom eft celui d’un Oifeau dc couleur
griiarrc, que l’on trouve fur le Nil.
T om . ¡ I . F f A deux
V oyez les
Planches
XXXV.
XXXVI.
&
XXXVII.