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Une autre T hèfe générale, c’eft, qu’en Eg)'pte même on ne voit de Pyramides,
que depuis le Cayre jusqu’à Meduun. Quelques-uns, à la vérité, ont avancé,
qu’il y en avoit encore plus loin dans la Haute-Egypte; mais, ou ils ont été trompes
par de faux Mémoires, ou ils ont vou lu , par une gloire mal-entendue, faire comprendre,
qu’ils avoient pénétré dans des Quartiers, où perfonne n’avoit é té, & y
avoient vu ce que perfonne n’avoit encore découvert.
L e s Pp-amidcs ne font point fondées dans des Plaines; mais fur le roc, au
pied des hautes Montagnes, qui accompagnent le N il dans fon cours, & qui font la
réparation entre l’Egypte & la Lybie.
Elles ont toutes été élevées dans la même intention ; c’eft-à-dire, pour fervir
de fépultures; mais leur Architeêlure, tant intérieure qu’extérieure, eft bien différen-
.te , foit pour la diftribution, foit pour la madère, foit pom* la grandeur.
Quelques-unes font ouvertes : d’autres ru'inées ; & la plus grande partie eft fermée;
mais il n’y en a point, qui n’aie été endommagée dans quelqu’une de fes parties.
On conçoit aifémenc, qu’elles n’ont pu être élevées dans le même tems. La
prodigieufe quantité de matériaux, qui y étoit néceiTairc, en fait abiblument fentir l’im-
poflîbilité. L a perfeclion, donc les dernières font fabriquées, le témoigne pareillement;
car elles furpaifenc de beaucoup les prémiéres, & en grandeur, & en magnificence.
T ou t cc qu’on peut avancer de plus poficif, c ’eft que leur fabrique eft de
l’Antiquité la plus reculée, & qu'elle remonte même au-delà des tems des plus anciens
Hiftûriens, donc les Ecrits nous ayent été transmis. Ce que ces Auteurs difent du
tems de la conftruftion des Pyramides eft fondé fur des Traditions plus fabuleufes
que probables. Une chofe aufïï admirable que certaine, c’eft qu’elles fubfiftent encore
de nos jours, quoiqu’on eût déjà perdu l’époque de leur commencement, dans
le tcn is , que les prémiers Philofophes Grecs voyagèrent en Egypte.
Si quelqu’un s’avifoit de foutcnir, que les plus anciennes Pyramides doivent
avoir été fondées dans le même tems que la T o u r de Babel, l’idée fembleroit un peu
hardie. Mais les Pyramides auroienc du moins cet avantage, qu’elles fubfiftent encore
préfentcinent, au lieu qu’il nous rcftc à peine quelques vertiges de cette ancienne Tour.
Il me paroît probable, que l’origine des Pyramides a précédé celle des Hiéroglyphes.
Et comme on n’avoit plus rintelligence de ces caraêléres, dans le tems que
les
les Pcrfes firent la conquête de l’Egypte, i] faut abfolument faire remonctr la pré.nicre
Epoque des Pyramides à des tems ii reculés dans l’Antiquité, que la Chronologie vulgaire
ait peine à en fixer les années.
Si je fuppofe, que les Pyramides, même les dernières, ont été élevées avant
que l’on eût l’ufage des Hiéroglyphes, je ne l’avance pas (ans fondement. Qui pour-
roic fe perfuader, que les Egyptiens eulfciit laiifé ces fuperbes Monumens, fans la
moindre Infcription Hiéroglyphique, eu x , qui, comme on l’obferve de toutes parts,
prodigueoient les Hiéroglyphes, fur tous les Edifices de quelque confidération? Or
on n’en apperçoit aucun, ni au dedans, ni au dehors des Pyramides, pas meiue fur
les ruïnes des Temples de la fécondé & de la troifiéme Pyramide; N ’eft ce pas une
preuve, que l’origine des Pyramides précédé celle des Hiéroglyphes, que l'on regarde
néanmoins, comme les prémiers Caraa ére s , donc on ait ufé en Egypte?
II rcgne parmi le Peuple, qui habite aujourdhui l’E gypte, une Tradition, qui
veut, qu’il y ait eu anciennement, dans le Pays, des Géans; & que ce furent eux
qui élevèrent fans beaucoup de peine les Pyramides, les vaftes Palais, & les Temples,
dont les reftes caufent aujourdhui notre admiration.
Cette fable ne mérite guère d’être réfutée. Sa fauffeté faute aux yeux. Mais
pour détruire abfolument ce qu’on pourroit dire en fa faveur, j’obfcrverai, que fi le
Pays avoit autrefois été peuplé de Géans, les entrées des Grottes, d’où l’on a tiré les
pierres pour ces Edifices, auroient du être plus grandes, qu’elles ne font; que les
portes des Bâtimens, dont il s’agit, & qui fubfiftent encore de nos jours, auroienc
du pareillement avoir pins de hauteur & de largeur, pour en faciliter l’entrée & la
fortie à des Géans; & que les canaux des Pyramides, fi étroits, qu’à peine un Homme
de nos jours peut s’y traîner, couché fur le ventre, n’auroient été nullement propres
pour des Hommes d'une ftature, telle qu’on la fuppofe.
D’ailleurs, rien ne nous donne une plus jufte idée de la Stature des Hommes
de cc tcms-là, que l’Urne, ou le Sarcophage, qu’on voit dans la plus grande & dernière
Pyramide, la plus proche du Cayre. Cette preuve éxiftance, & inconceftable,
détruit toutes les idées extravagantes, qu’on fe pourroit former de ces Géans. Elle
fixe la grandeur du corps du Prince, pour qui la Pyramide a été bâtie; & les Canaux
de cette Pyramide font connoître, que les Ouvriers n’ont pas été plus grands que le
Prince, puisque l’entrée, & la fortie, fuffifenc à peine pour donner paflage à des
Hommes de la taille qu’ils ont préièntement. T 2 Les