Plan de la V il.
le & des Porcs
d'Alexandrie.
P l a n c h e
I.
que j’ai levés fur les lieux, achèveront de perfeélionner l’idée, que le Lecteur aura
conçue par la Relation, que je vais donner.
L e V ie u x , & le Nouveau Port, font prérenteinenc à Aléxandrie ce qu’on ap-
pelloic autrefois les Ports d’A frique & d’A lie. L e prémier eft refervé pour les
T u r c s : le fécond eft abandonné aux Européens. Ils différent l’un de l’autre, en
ce que le Vieu x eft bien plus net & bien plus profond que le Nouveau, où on eft
obligé de mettre, de diftance en diftance, des tonneaux vuides fur les cables, afin
qu’ils ne foient pas rongés par le fond, qui eft pierreux. Mais fi cette précaution
garcncit les cables, les vaiffeaux ne laiffenc pas d’être toujours expofés aux risques
de fe perdre. L ’ancre ne tenant pas fi bien de cette façon, un gros vent détache
aifoment le vaifièau, qui, fe trouvant une fois à la dérive, périt dans le Port même,
parce qu’il n’a ni affez d’efpace, ni affez de profondeur, pour faire tenir de nouveau
fes ancres. Un vaiffeau François fe perdit, de cette manière, l’année qui précéda
mon arrivée à ..Alexandrie,
L ’entrée du Nouveau Port eft défendue par deux Chateaux, d’une inau-
conftruchon T u rq u e , & qui n’ont rien de l'emarquable, qi
Nfiuvcnu
Port.
P l a n c h e ‘^oriftruchon i-emarquable,que leur fituation; puis
qu’ils ont fuccédé à des Edifices très-renommés dans l’Hiftoire.
II.
G rand Pharillon.
P l a n c h e
11.
Petit Pharillon.
P l a n c h e
IV.
Celui qu’on appelle le Grand-Pharillon a au milieu une petite T o u r , dont le
ibmmet fe termine par une lanterne, qu’on allume toutes les nuits ; mais qui n’éclaire
pas beaucoup, parce que les lampes y font mal-entretenues. Ce Chateau a été
bâti fur risle de Phare, qu’il occupe tellement, qu e , s’il y a encore quelques reftes
de cette Merveille du Monde, que Ptoloinée y avoit fait é le ve r, ils demeurent entièrement
cachés pour les Curieux. Il en eft de même de l’autre Chateau connu
fous le nom de Pctit-Pharillon. II ne préfente aucuns vcftiges de la célébré Bibliothèque,
qu i, dans le tems des Ptolomées, étoit regardée comme la plus belle qu’on
eût jamais vue.
Chacune de ces deux Isles eft attachée à la terre-ferme par un Mole. Celui
de risle de Phare eft extrêmement long. 11 m’a paru avoir 3000. pieds d’étend
uë , & fa ic , partie de briques, partie de pierres de caille. Il eft voûté dans toute fa
longueur: fes cintres font à la Gothique, & l’eau peut paffer deffous. Il rcffcinble
en cela aux reftes du mole de P ou z zo l, qu’on donne communément pour le Pont
de Caligula. Il n’eft pas croyable, que les Sarazins, ni les T u r c s , en aycnc été
les Inventeurs. S’ils y ont trouvé les ruines d’un ancien Mo le, ils les ont tellement
défi-
^ de Nubie. 5
défigurées, en les réparant, qu’on n’y remarque pas le moindre trait, qui reficnce ta
belle Antiquité.
L e Mole, qui donne le paffage au Pecic-Pharillon, n’a rien de particulier que
deux Zicza cs, qui, en cas de befoin, peuvent fervir à fa défenfe.
Les Pharillons & leurs Moles, l’un à la droite, ¡’autre à la gauche du Porc,
conduifent infenliblemenc à terre ; mais il eft bon d’avertir, que précifément à l’encrée
du Porc, on a à paffer des Rochers, donc les uns font au deffous, 8c les autres au-
dclTus de l’eau. II faut les éviter foigneufemcnt. Pour cet effet on prend des
Pilotes T u r c s , prépofés pour cela, & qui viennent à la rencontre des vaiffeaux
hors du Porc. On eft affuré alors d’arriver dans le Porc, & d’y mouiller avec les
autres vaiffeaux, qui font affourchés tout le long du grand Mo le, comme dans l’endroit
le plus profond.
Rien n’eft plus beau que de v o ir , de là , ce mélange de Monumens antiques
& modernes, q u i, de quelque côté qu’on fe tourne, s’offrent à la vue. Quand on
a paffé le Petit-Pharillon, on découvre une file de grandes T o u r s , jointes l’une à
l’autre par les ruines d’une épaiffe muraille. Un feul Obélisque debout a affez
de hauteur, pour fe faire remarquer dans un endroit, où la muraille eft abattue. Si
l’on fe tourne un peu plus, on s’apperçoit que les Tou rs recommencent ; mais elles
ne fe préfentent que dans une efpèce d’eloigneincrtc. L a Nouvelle Aléxandrie
figure enfuite avec fes Minarets ; & au deffus de cette V ille , mais dans le lointain,
s’élève la colonne de Pompée, Monument des plus majeftueux. On découvre
auffi des Collines, qui femblent être de cendre, & quelques autres Tours. Enfin
la vue fe termine à un grand bâtiment quarré, qui fert de Magafin à poudre, Sc.
qui joint le grand Mole.
Après avoir mis pied à terre, nous traverfàmes la Ville-neuve, Sc nous prîmes
la route de l’Obélisque, où nous n’arrivâmes, qu’après avoir grimpé fur des
murailles ru'inces, qui offrent, au travers d’une T o u r de maçonnerie, un pafiàge
libre, jusqu’au pied de cet antique Monument; & à peine s’en eft-on approché,
qu’on en voit, à côté, un autre, qui a déjà, depuis long-ccms, été obligé de plier,
& qui fe trouve presque tout enterré.
L ’Obélisque qui eft debout, & qu’on appelle encore aujourd’hui l’Obélisque-
de Cléopatre, indique que c’eft l’endroit, où a été le Palais de cette Reine, auquel.
T~om. 1. U on
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II.
P l a n c h e
V .
M agifin à
poudre.
P 1 a îT C h e
III.