un peu plus chers; mais comme on en a deux ou crois pour un parat, ou pour
deux fols de France, il n’y a que des Pauvres, qui puiiTenc penfer à épaî-gner là-deiTus.
Lct. c. On les couvre d’une efpèce de bonnet de paille, fait d’une façon toute particulière.
U e a u , que l’on apporte du N il, fur des Chameaux, ou fur des An es , fe
verfe dans de grandes Jarres, faites de terre cuite & rouge. Elles ne font point
verniiîees : ainfi elles purgent de même l’eau du N i l , qui eft excréineinent trouble,
quand on l’apporte à la maifon. On l’aide à fc clarifier, en y mettant des aman-
Let. d. des, ou des fèves pelées. ' Cette jarre fe pofe fur un pied fait afièz grofiiéreincnc.
Elle a communément 32. pouces de hauteur, mefure de Paris; & fa bouche a 10.
pouces de largeur.
Lef. g. L ’A iguiére, quoique façonnée grolfiérement, eft une des meilleures pièces
qu’on ait en Egypte, en fait de poccerie de terre; car tout cet art y confifte à faire
quelques méchans pots ou plats; & comme on n’y connoît point l’ufage du vernis,
on eft par conféquent incapable de faire quelque ouvrage, qui ne coule point.
Lee. h. On ne peut pas dire, que les Caffetiéres foient mal faites. Elles font de
cuivre rouge, écamé par de hors aufii-bien que par dedans. Il y en a de différentes
grandeurs, depuis une taflè jusqu’à vingt; & on en trouve toujours défaites;
de forte qu’on peut choifir.
Lee. i. Les Taffes, dans lesquelles on prend le Caffé, n’ont point de foucoupes. On
ne s’en fert guère. L e s Grands feuls en ufent; & elles font travaillées à jour;
ce qui fe pratique afin qu’on ne fe puiffe pas brûler. L a Porcelaine, dont on fait
ufage dans le Pays, eft celle des Indes.
Je finirai cette Remarque par la defcription des Lampes & des Lanternes,
dont on fe fert communément au Cayre. L a L ampe , que j’ai repréfentée, eft de
Lef 1. bois de Palmier, d e là hauteur de 23. pouces, & travaillée crès-grofiiércmcnt. L e
v er re, qui pend au milieu, eft à demi rempli d’eau, avec trois doigts d’huile au-deffus.
L a mèche fe conferve à fec au fond du verre, où on lui a ménagé une
place. Ces lampes ne donnent pas beaucoup de lumière : elle font cependant affez
commodes, en ce qu’elles fe tranfportent facilement d’un lieu à l’autre.
Lee. f. A l’égard des Lanternes, dont j’entends parler, elles ont à peu près la figure
d’une Cage, & font faites de rofcaux. C'eft un affemblage de cinq à fix verres
femblables à celui de la L ampe , qui vient d’être décrite. On les fufpcnd à des cordes
au milieu des ruës, quand il y a quelque grande Fête au Cayre ; & on met du papier
peint à la place des rofeaux.
Enfin, pour dernière Remarque, j’obfcrverai, q u e , comme il ne pleut que REMARrarement
en Eg ypte , l’Auceui- de la Nature a difpoÎe fi fagement les chofes, que ce
manque de pluye eft heureufemcnc remplacé ]
& qui y revient tous les ans.
• l’inondation régulière, qui s’y fait,
Rien n’cft plus connu que cette inondation; mais aufiî rien fur quoi on fe
méprenne davantage, que fur la manière, dont elle fe fa it , & fur la façon dont on
cultive après cela la terre.
Les Auteurs, qui ont entrepris de donner des Defcriptions de l’E g yp te , onC
cru ces deux articles fi généralement connus, qu’ils ne font presque entres dans aucunes
particularités. Contens d’avoir dit, que la fertilité du Pays dérive uniquement
de cette inondation annuelle du N il, ils s’cn font tenus-là; & ce filence a donné
occafion de croire, que l’E gypte eft un Paradis terreftre, où on n’a befoin, ni de labourer
la terre, ni de la femer, tout étant produit comme de foi-même, après l’écoulement
des eaux du Nil. On s’y trompe bien; & j’oferois avancer, fur ce que
j’en ai vu de mes propres y e u x , qu’il n’y a guère de Pays, où la ten-e ait un plus
grand befoin de culture qu’en Egypte. C e f t la raifon, qui m’a engagé à donnée
dans mes deffeins, non feulement les diverfes Machines Hydrauliques, donc on fe fert
pour aiTofer la terre ; mais encore le deffein d’une Charruë, dont on eft obligé de faire
ufage, pour labouixr les terres, aux environs de Gamaiê, dans la Haute-Egypte.
A la v érité , dans le De lta, qui eft plus fréquenté & plus cultivé, la Mécha-
nique y devient un peu plus facile, que quand on remonte plus haut. On s’y fert
pour élever l’eau de divers Moulins, qui la répandent dans une infinité de Canaux,
qu’on appelle communément en François, Canaux (Tarrofage. Outre cela le
Delta a encore un avantag-e du côté de la Nature; c’eft que le terrein s’y trouve plus
bas, &■ peut d’autant mieux être inonde.
A u deffus du Cayre, on fe fert quelquefois de vafes de cuir, pour verfer l’eau
dans les Canaux. On y fait aufil un grand ufage de rouës à chapelets, que des
Boeufs font mouvoir; & quoique ces machines ne foient pas abfolumenc de la meilleure
conftruOion, elles font néanmoins capables de fournir l'eau, don: on a befoin,
pour aiTofer la terre.
Tom. I. CL
Planches
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