Pendant les dix ou douce années de la grande tourmente
révolutionnaire, qui agita l’Europe, de 1789 jusqu’à la fin du
régnedela terreur en France,on ne voit qu’un assez petit nombre
detravauxdemalacologie.Quelques journaux, et entre autres
celui d’Histoire naturelle, dont Bruguière étoit rédacteur §
contiennent cependant des faits et l’établissement de quelques
genres nouveaux : c’est ainsi que le conehylielogiste françois
ajouta à ceux qu’il avoit indiqués dans l’Encyclopédie parmi
les bivalves, les genres Unio ou Mulet te proposé par Retzius ;
Anodontite retiré des moules de LinnaeOs; et l’on voit en outre
par les dessins qu’il avoitlaissés avant d’entreprendre le voyage
au retour duquel il a succombé, qu’il «voit conçu l’établissement
des genres Houlette, Lime, séparés encore du grand genre
Ostrea, Linn. ; Lucine, Capse, Pandore, des teliines ; Lingulç, d es
patelles, et Corbile.
Tel étoit l’état de la malacologie à l’époque de 1796 où nous
nous arrêterons un moment comme à une sorte de renaissance
des sciences, du moins en France 5 Guettard et Adanson avoient
démontré le principe que dans l’établissement des' genres de
coquillages, il faut avoir également recours à la forme des
parties de l’animal et a celle de la coquille, parties dont
Adanson nous avoit donné une excellente définition.
Linnæns avoit créé le langage concHyliologique et la conchyliologie
artificielle.
Pallas avoit fait voir que dans la disposition générale des
animaux de ce type, on ne devoit avoir égard que d'une
manière très-secondaire à l’absence ou â la présence de la
coquille, et en effet il avoit proposé de réunir dans un seul
groupe les mollusques nus et les testacés.
Bruguière avoit donné au système conchylîologîquede Lln-
næus une précision et un développement déjà fort remarquables,
tandis que de son côté, Gmeliri, par une compilation
sans doute un peu indigesTè, avoit cependant recueilli lesnombreux
matériaux qu’il faltoit ensuite élahorer un à un,
et par conséquent avoit au moins préparé le travail.
Enfin Poli avoit proposé une véritable méthode naturelle,
décrit d’ùne manière beaucoup plus profonde l’organisation des
mollusques multivalves et bivalves, et dans l’établissement de
ses ordres et de ses genres, n’avoit considéré que l’animal lui*
même, et peu ou point la coquille; en sorte qu’il étoit parvenu
à l’excès contraire à celui que mous avons remarqué au commencement
de cette histoire de la malacologie.
De 1789 à la fin du dix-huitième siècle, la malacologie étoit
donc à- peu près restée stationnaire, lorsqu’en 1798, M. G. Cuvier
(Tableau élémentaire de l’Histoire naturelle des animaux),
sentant bien, comme GuettardAdanson, Geoffroy,
Muller et Poïî, que la subdivision méthodique des mollusques j
comme celle de tous les autres animaux,, devoit reposer sur
l’étude de l’organisation, proposa sa nouvelle classification. Il
cnit d’abord que toute la division des malacozoaires devoit
monter d’un degré dans la série animale et précéder les ento-
uiozoaires ou animaux articulés extérieurement 5 une seconde
innovation fut de réunir définitivement, comme l’avoit fait
Pallas, sous le seul nom classique de mollusques, les vers mollusques
de Linnæus, à «es vers testacés, c’est-à-dire, de ne considérer
l’absence ou l’existence de la coquille que d’une manière
très-secondaire; il en fit donc une Classe distincte de ce
grand groupe qu’il nommoit encore animaux à sang blanc, et
qui devoit bientôt être connu par la dénomination d’animaux
sans vertèbres, la caractérisa d’un.e manière nette, et tranchée,
ainsi que les trois autres, celles des insectes, des vers et des
zoophytes, qu’iladmitparmilesanimauxsanssquelette intérieur
articulé. Prenant ensuite en considération la forme des mollusques,
il les partàgea en trois sections, les céphalopodes, les
gastéropodes et les acéphales. Dans là première il plaça non
^seulement les sèches de Linnaeuasqu’il divisa en sèches proprement
dites, et en poulpes , mais en outre les argonautes, en