304 DES PRINCIPES D$ CLASSIFICATION*
pu examiner dans un genre bien naturel et très-nombreux r
Comme celui des hélices, par exemple , nous ont toujours offert
quelque différence dans l’appareil de la génération , 'à plus
forte raison les individus d’une même espèce, quand les sexes
sont séparés, comme cela *se voit dans tous les rochers , {les
buccins, ete. : aussi , dans ce dernier cas, les différences nè se
bornent pa&.â l’animal, mais s’étendent à la coquille qui est
toujours plus grosse, plus renflée dans les femelles que dans les
mêles. Nous nous sommes également assurés, Comme Adartsdn,
le seul auteur qui ait réellement envisagé la distinction des
espèces des mollusques d’une manière convenable , i’avoit
depuis long-temps observé, que même des parties1 de lahi-
mal, comme des lobes, des appendices du manteau varient
en*plus ou en moins avec l ’âge, l’époque de l’année1, et par conséquent
la coquille^ et queles différences de celle-ci ne sé b ornent
pas à la couleur, à l’état lisse ou rugueux, à l’épaisseur-, à
la grandeur, au développement des varices , cordons, tubercules,
mais qu’elles s’étendent à la forme de l’ouverture et
à la proportion des parties.
Si le sexe et l’âge ont une influence, évidente pour déterminer
des différences sur l’animal mollusque., et par suite
sur sa coquille, il n’est pas moins évident que des circonstances
inappréciables peuvent agir moins profondément sans
doute, c’est-à-dire peu sur l’animal, mais bien sur la couleur,
sur la grandeur et sur la proportion des parties de la
coquille; c’est ce dont on a des preuves certaines pour dés
espèces dont on peut voir à la fois un très-grand nombre
d’individus: l’hélice némorale, la limnée stagnale, la petite
pourpre de nos côtes ( buccinum lapillus), la néritirié de nos
rivières, la patelle vulgaire , l’huître comestible, la moule
édule, la mulette des peintres, plusieurs espèces de bu-
cardes , la vénus treillisée et plusieurs autres espèces sont
dans ce cas, c’est-à-dire qu’on trouve dans la même localité
des individus qui'diffèrent les uns des autres par tous les
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caractères de la coquille, que nous avons énumérés plus
haut.
A plus forte raison pourrons-nous concevoir que l’ensemble
des circonstances jusqu’à un certain point appréciables , qui
constituent lés localités, et qui ont agi depuis un temps fort
long, auront pu se faire sentir d’une manière presque fixe
sur une succession d’individus de la même espèce , et déterminer
sur les coquilles des différences dans la grandeur , la
proportion,vïes couleurs, le système de coloration, et même
dâns l’état*de la superficie, lisSe ou rugueux, surtout lorsqu’on
les 'comparera à d’aùtres individus de la même espèce, vivant
depuis une longue suite de siècles dans des localités
différentes. Ces différences ne constituent donc réellement,
à ce qu’il nous semble, que de simples variétés fixes , d’autant
plus dissemblables que les localités seron t pljis éloignées,
et que l’on pourra, si l’on veut, décorer du nom d’espèces
locales, mais qui ne sont pas réelles ; et en effet, quand on
vient à rassembler ces prétendues espèces d’un grand nombre
de localités différentes, on trouve qu’elles passent les unes
aux autres d’une manière tout-à-faît insensible. M. Défrân’ce
qui a eu occasion de faire les mêmes remarques pour la distinction
des coquilles fossiles, s’enquiert pour savoir si une
espèce est véritable, si celle dont elle se rapproche ffc plus se
trouvé à la fois avec elle dans la même localité. Quoique Cette
règle ne>soit pas encore très-rigoureuse , cependant elle peut
aider dans un sujet aussi difficile et aussi important pour la géologie.
L’étude minutieuse des espèces vivantes’ peut sèüle
fournir dés moyens analogiques pour diminuer là difficulté, èt
par conséquent fournir aux géologues les moyens de résoudre
les problèmes d’analogie de couches dont ils s’occupent dans
la structure des terrains secondaires et tertiaires. ? , 1