quilles étoient fixés, ou ne l'étaient pas, vivqient enfoncés
dans la vase; dans le sable , ou étoient libres à la superficie
des rochers ou du.sol. Ainsi les huîtres dans nos pays, lespin-
tadines ou avicules régulières dans les pays chauds, ainsi que
les spondyles et plusieurs autres bivalves, forment par leur ac*
cumulation des bancs plus ou moins étendus, des couches plus
ou moins épaisses, horizontales, où les coquilles sont encore
aujourd’hui dans la même position où elles,ont vécu anciennement,
et presque sans mélange de corps étrangers. Quoique
cela soit moins évident pour les bucardes, les tellines, les lu-
tricoles,les myes, etc., et tous les genres de bivalves qui vivent
verticalement enfoncés dansée sable ou dans la vase, on voit
cependant que ces coquilles doivent Former aussi des espèces
de couches, parce que les individus nouvellement nés sont
déposés par leurs parens au-dessus d’eux-mêmes, en sorte que
ceux-là s’enfonçant dans le sable à mesure qu’ils grossissent,
dépriment leurs parens, et successivement les individus qui
sont au-dessous d’eux, de manière à les éloigner assez de la
surface du sol, pour que leurs tubes ne puissent plus atteindre
l’ean, ce qui les fait mourir. Alors lèurs coquilles, verticales,
quand l’animal étoit vivant, s’inclinent,peu à peu, deviennent
horizontales, se remplisseiit de la substance dans laquelle
elles étoient enfoncées, résistent à la pression des cou.
ehes accumulées, de manière quelquefois à rester bien entières
avec toutes leurs aspérités, ou sinon se brisent, se
cassent en se disposant par. lits plus ou moins purs de toute
autre coquille, ou même de substance étrangère. C*est ce
que l’on voit très-bien dans les alluvions forlhées à l’embouchure
actuelle de nos grands fleuves, ou dans les anses
■ des rivages de nos mers, où les courans se vfont peu sentir,
ce qui fait présumer par analogie qu’aux endroits de nos
continens où l’on trouve de semblables accujtnulations, il
y avoit autrefois une embouchure de rivière, ou quelque
gorge où les eaux formoient un remous. Les autres mollusques
vivant librement au fond des eaux douces et salées, sans s enfoncer
dans le sable ou la vase qüi en'fait le.fond , ou qui ne
»’enfoncent que dans la partie mobile, abandonnent à leur
mort leurs coquilles; celles-c^ roulées, culbutées, pendant
plus ou moins long-temps, contre les rochers et les saillies du
sol, par les mouvemens des ondes, se brisent, se réduisent à
l’état fragmentaire plus ou moins fin, et sont alors entraînées
dans la direction habituelle des courans, des vents, et
accuinulées le long des rivages,' surtout dans les baies, sur une
étendue et à une hauteur souvent*considérables. Les couches
qui en résultent sont ainsi entièrement composées de fragmens
plus ou moins gros dé coquilles souvent roulées , qui ont jiar
conséquent perduleurs aspérités, et de genres souvent tres-dif-
férens, ce qui dépend un peu des localités. L’on remarque aussi
que dans la?structure de ees couches, les fragmens se «ont en
général déposés d’après les lois de pesanteur Spécifique, et
qu’ils sont peu ou point entremêlés de vase ou d’autres substances
étrangères; les coquilles entières qui ont échappé a
l’action destructive des courans, étant remplies jusqu’au fond
de détritus ou de sable coquillier. On voit un bel exemple de
cette espèce d’augmentation de nos continens dans plusieurs
points de là vaste baie qui est entre le cap la Hêve et la presque
île du Cotentin, et surtout du» côté de celle-ci. Ce sont
ces dépôts qui, dans lasuite des temps , par l’action long-temps
continuée de la pression des couchès supérieures, ainsi que par
la tendance de la matière inorganique ainsi pressée et brisée,
à cristalliser, se solidifieront de plus en plus, et $e convertiront
en roches caiéairés, qufrfiniront elles-mêmes par ne plus
offrir de traces de leur ancienne disposition organique*.