consciencieux dans ses assertions, il se trompa
souvent. Procope a donné dans la meme faute
que Strabon 5 mais le témoignage de cet historien
d’un temps d’ignorance 11e tient pas contre celui
de Mêla , de Pline et de Ptolémée , qui ont aussi
parlé des Scythes comme très distincts des S armâtes.
Ce qui a pu entraîner quelques écrivains
dans l ’idée de l’identité des deux peuples, et
faire attribuer aux Polonais—Scia vous une 01 i—
gine asiatique, c’est qu’au temps de Tacite ils
s’habillaient largement, a la manière des Oiien-
taux , tandis que les vêtemens des Germains
étaient serrés.
(16) Ce Jornandes est un historien de race Gothique
, qui écrivait en 53o,.et qui, selon la
coutume des érudits, voulut illustrer ses ancêtres
aux dépens de la vérité. Confondant les Scythes
et les Goths, il les fait également sortir de la
Scandinavie, pour aller conquérir l’Asie , l’E gypte
et les rives du Pont-Euxin. Si l’on en
croit cet exagérateur, tous les peuples leur ont
été soumis ou en sont sortis ; et ce sont de telles
traditions , dépourvues de preuve suffisante, qui
ont servi de base à beaucoup de livres qu’on
admire aujourd’hui, sans réfléchir que, si on
remontait aux sources, il n’en resterait peut-
être pas une assertion qui 11e fût une erreur.
L’étude bien entendue de la géographie physique
, en devenant le vrai fondement de l’histoire,
doit renverser immanquablement tous les bril-
lans paradoxes par lesquels divers auteurs ont
usurpé de si grandes réputations. Au nombre de
ces réputations usurpées est celle des Goths eux-
mêmes, si fort célébrés par Pinkerton et parles
historiens espagnols. Les Goths s’étaient acquis
une telle renommée chez les derniers ,
qu’un Castillan ne se regarde pas comme noble
s’il ne descend d’une famille gode. Un tel travers
est analogue à celui des gentillatres d’entre
le Rhin et les Pyrénées , qui ne veulent pas
être Gaulois et qui se disent Francs. Pour les
Goths et autres peuples germains dont l’amour-
propre à cet éghrcP était mieux entendu, ils voulaient,
comme les Pélages de Grèce et d’Italie,
être aborigènes ou fils de leur terre. Tacite,
qui 11e doute pas que cette opinion ne soit fondée ,
rapporte ^ T 1 ihî célébraient un dieu et M^annus
son fils , sortis de la terre ». Mannus n’est bien
évidemment que le mot mann, qui signifie Homme
, allongé d’une terminaison latine. La Ble