Qu’on nous permette ici une simple réflexion
sur l’usage ou sont depuis quelque temps les
voyageurs, d’aller exploiter les monumensfunéraires
des bords du N i l , usage plus que jamais
encouragé dans les pays civilisés. Les collections
de débris humains que , par zèle pour les
sciences, dit-on , on va chercher au loin , et
dont les éloges des journalistes déterminent les
potentats à faire chèrement l ’acquisition , ces
collections ne sont-elles pas le résultat d’une
sorte de sacrilège? Est-il conséquent d’encourager
le pillage desossemens de laThébaïde, par
quelque marchand antiquaire qui se fait payer
une momie avec ses chemises au poids de l’or ,
lorsqu’on envoie aux galères un misérable qui ,
pour donner du pain à ses enfans, dérobe un
linceul à quelque mort du Père Lachaise ? Quoi
qu’il en soit, la précaution que prenaient les anciens
Egyptiens , et qne prennent encore les Galas
et Sangalas , de placer dans les tombeaux
divers ustensiles dont le défunt se servait durant
sa vie , et jusqu’à des comestibles , est une
preuve frappante qu’on était persuadé qu’en ressuscitant,
on se réveillerait avec les memes habitudes,
avec les mêmes besoins; ce qu’on n’eut
pas iulaginé si l’on eût supposé la possibilité
d’une âme immatérielle.
(4) Selon Bruce, des familles Maures se sont
répandues dans toute l’Afrique, au nord de la
ligne; ils abondent à la côte d’Adel, on les y
nomme Barbères ; on en rencontre également en
Abyssinie; mais il faut se garder d’imaginer,
avec le voyageur écossais, qu’ils n’aient pénétré
dans ces légions que lorsqu’ils furent chassés
d’Espagne sous Ferdinand et Isabelle. D’abord,
Ferdinand et Isabelle, qui les soumirent, ne
les chassèrent pas ; ce fut le fanatique et imprévoyant
Philippe qui en renvoya quelques
centaines de mille, et ceux-ci ne se retirèrent
pas si loin , ayant trouvé une patrie dans les
contrées voisines , à Maroc , A lg e r , Tunis et
tout au plus jusqu’en Egypte. Avant l’expulsion
des Maurisques par le démon du M id i, Vasco
de Gaina, si l’on s’en rapporte au père Lafiteau
( Conquêtes des Portugais > t. i , liv. n , p. go
et i 44 ) , avait trouvé de véritables Maures à
Mombaza , à Magadoza et à Mélinde. Vers
l’ouest de l’Afrique, ils ne se sont pas étendus si
loin , et n’ont jamais passé sur la rive méridionale
du Sénégal.