est toute physique et matérielle ; Famé n'y sera
pour rien, quoi qu'en disent certains auteurs
qui ont imaginé que les Sauvages avaient une
idée de son immortalité ( Voyage aux sources
du N i ly t. i v , p. 34o, et t. v i yp. 167 ) ». C'est
par un gardien de chameaux des environs de La
Mecque qui emprunta le dogme d'une vie future
au christianisme, que ce dogme se répandit fort
tard chez la presque totalité des hommes de
l’espèce Arabique.
La résurrection corporelle, sans l'idée d'une
ame immatérielle, n’est pas une croyance seulement
propre aux Galas et Sangalas de nos
jours, elle fut celle des antiques Egyptiens. Depuis
les Pharaons jusqu'à la dernière esclave
employée à moudre [Exode, chap. x i , v. 5 ),
on pensait chez ce peuple si soigneux de conserver
les corps morts au moyen de l'embaumement,
et de protéger les momiês par les parois de mille
cryptes ou la masse de pyramides inviolables, on
pensait que ces corps, mis à l’abri de toute atteinte
destructrice, reviendraient en chair et en os avec
leur souffle de vie, pour jouir d’une nouvelle et
meilleure existence. La mort n'était censée être
qu'un long sommeil, et l'on s'enfermait dans
des tombeaux pour y dormir en paix, comme
nous fermons à doubles verrons les portes de nos
maisons durant les heures du repos nocturne ;
mais, par la raison qu'au sein de Paris même nos
asiles sont souvent forcés, malgré la vigilance
d'une brigade de sûreté , et qu'il arrive qu'on y
soit égorgé dans son lit, les cercueils des Pharaons
avec ceux de leurs esclaves ont été arrachés
des monumens qui les devaient protéger
jusqu'au réveil, et ces cadavres religieusement
déposés dans mille asiles sacrés servent à chauffer
les fours des Arabes, quand leurs fragmens ne
sont pas transportés dans quelque musée européen.
De telles profanations, si les croyances égyptiennes
eussent été fondées , mettraient sans
doute dans le plus grand embarras tel ou tel
monarque des antiques dynasties, qui ne saurait
comment retrouver sa tête ou ses jambes au moment
de la résurrection*, tandis qu’on peut
mutiler le corps d'un chrétien après son trépas ,
et transporter son coeur ou ses entrailles à soixante
lieues de ses autres débris, sans nul inconvénient
, puisqu’il n'y a que l’àrne immatérielle qui
doive, après le jugement dernier, avoir part aux
délices ou aux tourmens sans fin d’une autre vie.