quels carnivores que ces Groënlandais,
qui, sous un cercle polaire, se nourrissent
d’un pain fait de Lichens , avec
de 1 écorce de Bouleau, et qui boivent
avec délices d une huile rance !
Le sens du goût très développé chez
l’Homme, corroboré, pour ainsi dire,
par celui de l’odorat qui se confond
avec lui, la faculté de broyer et de
mâcher les alimens, qui vient de la
manière dont la mâchoire inférieure j
mobile en tout sens, se trouve articulée,
et qui facilite la perception des
saveurs i sont pour lui les causes déterminantes
de la gourmandise qu’il '
ne faut pas confondre avec la voracité,
parce que la voracité n’est qu’un appétit
véhément, et non l’abus de quelque
faculté : la gourmandise est un vice ;
la voracité, le simple effet d’un besoin
irrésistible. L’Homme, au reste,
n’est pas le seul animal chez lequel le
plus grand développement de tel ou
tel organe en provoque l’exercice désordonné.
On peut voir aux mots E r e c t
il e (tissu) et C y n o c é p h a l e s * de notre
dictionnaire, les causes de la lasciveté
de certains Singes. Notre espèce, en
beaucoup de cas, partage les mêmes
penchans effrénés : quant à l’amour,
conséquence plus modérée des fonctions
de ses organes reproducteurs,
l'Homme en éprouve les douceurs ou
la violence, sans qu’une saison de l’année
plutôt qu’une autre, le pousse vers
l’acte de la copula tion; et ce n’est point, à
proprement parler, un trait de cynisme,
mais l’expression assez exacte d’une
* Consulter, polir ces articles , les tomes Y,
p. 2Ô2 , et Y I , p. 2^9 ; y voir aussi Rut.