qui bordaient le rivage d’alors. La surface de ces
contrées est basse et marécageuse ; ce n’est qu’à
force de canaux et de saignées que les Hommes sont
parvenus à les rendre cultivables. Ils n’y ont pas
réussi partout, et à de grandes distances de côtes
, artificiellement construites à grands frais,
ils ne sont pas toujours à l’abri des retours d’un
élément qui semble vouloir reprendre l’étendue
dont il s’est laissé déposséder. Des lacs sans nombre
y demeurent comme monument de l’ancien
règne de Neptune ; et comme ils se touchent
presque les uns les autres, et s’anastomosent par
de petits cours d’eau, depuis la Baltique jusqu’à
la mer Blanche, on reconnaît que ces deux mers
furent naguère unies. La Scandinavie était alors
une île, et les changemensrécens qui ont eu lieu
dans toutes ces régions , expliquent des points de
géographie historique qui sont demeurés très
obscurs jusqu’à ce jour, où des savans , totalement
étrangers à la géographie physique, ont
cherchéù retrouver le berceau de peuplades germaines
connues par les Romains dans un temps
où l’Allemagne était de moitié plus étroite qu’elle
ne l’est maintenant, sur l’Allemagne actuélle ,
qui ne ressemble pas du tout à l’antique Gerraanie.
Peu avant cette époque, cette meme mer du
Nord, qui environnait la Suède et la Norwège ,
communiquait à l’Euxin et à la Caspienne. En
effet, de Pétersbourg jusqu’à la mer d’Azof et à
Astracan, on voyage toujours par un pays tellement
pla t, qu’excepté dans les lieux défrichés
et en divers cantons légèrement anfractueux, on
ne sort pas d’un marais qu’on est obligé, la plupart
du temps, afin de ne pas s’y perdre, de
couvrir de gros troncs d’arbres qui forment une
sorte de route pontée. Il en est de même des sources
delà Narew et duBoug, affluensdela Yistule,
et de celles du Boristhène, qui tombe dans la mer
Noire; ces sources se confondent dans des marais
sans fin, pour couler cependant vers des mers opposées.
Les troupes de deux grands conquérans
firent la triste expérience des difficultés que présente
encore un tel pays demeurépresque en litige
entre la terre et les eaux. Des marais semblables se
prolongent jusqu’en Sibérie, où Patrin nous apprend
qu’ils sont infects et impénétrables. On
trouve bien , dans l ’étendue de ces marais, quelques
monts dont les racines sont plus marécageuses
encore , parce que les cours d’eau descendus
des rochers les viennent délayer ; mais ces