ne nous eu paraîtrait pas moins douteux. Sau-
maise , Casaubon , avec tous les commentateurs
anciens et les auteurs modernes qui ont prétendu
débrouiller l’histoire du genre humain par celle
des dialectes , auront beau affirmer que le gothique
et le grec sont la même langue, on ne nous
fera jamais croire que des Hellènes et des Scandinaves
soient les mêmes hommes. Vouloir que
les Pelages fussent Scythes, parce que Deucalion
était fils de Prométhée , roi de Scythie, est encore
une de ces puérilités qu’on doit laisser enfouies
chez le scoliaste Apollodore, qui eût été
fort embarrassé de dire où il l ’avait appris. Ce
que nous sommes bien certain d’avoir lu dans
Hérodote, c’est que les Ioniens et les Athéniens
étaient Pélages ; que les Hellènes n’étaient ni
Egyptiens ni Phéniciens, qu’ils avaient bien reçu
dans leur pays des colonies envoyées par les Phéniciens
et les Egyptiens, mais que les colons ,
conduits à Thèbes par Cadmus lorsque celui-ci
y vint apporter l’écriture , furent obligés de
changer de langage, parce qu’entourés d’ioniens
qui étaient aussi Pélages ils ne pouvaient pas
s’entendre avec les naturels ( lib.v , cap. 58 ) ;
nous rappelons nous également avoir lu dans
Pausanias, que les Arcadiens étaient encore des
Pélages , et que par suite de leur position centrale,
ils passaient pour les moins mélangés de
tous les Grecs ; ce qui ne prouve pas , comme
l’imaginait Pinkerton que les Arcadiens fussent
demeurés Scythes^
(q)\Les anciens Grecs tenaieutbeaucoup à cetiti e
d’Aborigènes j et le philosophe Antisthène, qui
soutenait aux. Athéniens qu’une telle prétention
était digne des Limaçons et non des Hommes,
ne donnait aucune bonneraison pour prouver à ses
compatriotes qu’ils eussent tort. Les peuples de
l Italie se prétendaient aussi Aborigènes, c’est-
à-dire enfans de la terre même qu’ils habitaient.
Fréret soutient que ces aborigènes d’Italie étaient
aussi bien des Pélages què les Grecs. Ce savant
se défiait du sentiment de Denys d’Halicarnasse
qui , afin de prouver la différence d’origine des
deux peuples , parle des guerres qu’ils se firent
pour l’occupation du pays. Denys d’Halicarnasse
écrivait peu avant la naissance de Jésus-Christ
c’est-à-dire bien long-temps après ces prétendues
guerres, qui ne prouveraient rien contre
l’identité de races , puisque nous voyons tous les
jours des vois très proches parons, faire tuer leurs.