dater de cette époque, les Grecs ne cessent d’appeler
Scythes ceux que les Romains appelaient
Goths. Pour les Grecs, toute peuplade guerrière
venue de la rive gauche du Danube ou du nord
de l’Euxin , était Scythe. On peut concevoir les
causes d’une telle opinion chez des hommes qui
n’avaient aucune idée exacte de la géographie
des régions cimériennes ; mais que des modernes,
qui peuvent parcourir ces régions maintenant
si peuplées, ou qui ont la facilite de consulter
les belles cartes de Le-CQC et de Gily ,
soient à cet égard tombés dans les erreurs des
Grecs, c’est ce que nous avons peine à comprendre.
Les Scythes et les Goths ne purent
avoir aucun rapport d’origine : les uns sont Européens
, les autres Asiatiques ; et les Hommes
des deux parties de l’Ancien Continent boréal
ne purent guère se connaître que lorsque la
Russie et la Pologne étant sorties des eaux , l’union
de là mer Noire et de l’Océan Arctique ne
mit plus d’obstacle au mélange j et cette modification
géographique des lieux est bien moins
ancienne qu’on se l’imagine communément.
( i4) En effet, la Grande-Bretagne renfermait,
dès l’époque où les Romains la connurent, diverses
races d’Hommes ; il y avait pénétré jusqu’à
des Ibères, évidemment d’origine atlantique ,
qui, sous le nom de Silures, occupaient le midi
de la province de Galles. Ces Silures conservaient
leurs cheveux crépus et le teint olivâtre de ces
Africains, que nous appelons aujourd’hui Maures.
Tacite, dans la Vie d’Agricola , nous dit
« qu’à leurs cheveux roux ainsi qu’à leur habitus,
on reconnaissait chez les Calédoniens , une origine
germanique .. Ceux des Bretons qui sont
voisins dès Gaules , ajouta-t-il, ressemblent aux
Gaulois , et en viennent probablement. Leur
langage, leur religion et leurs superstitions sont
les memes ; .même audace quand il faut défier ,
meme timidité lorsqu’il faut combattre.»
( i5) Hérodote distingue fort bien les Sarmates
des Scythes. Ce père de l’histoire dit ( lib. iv ,
cap. 57 ) : cc Vers le nord du Tanaïs se trouvent,
non des Scythes , mais des Sarmates ». 11 est vrai
que Strabon , dans sa description de l ’Asie , dit
que les Sarmates sont une nation scythique
( lib. v u , p. 35^) ; mais c’est une erreur où cet
excellent géographe a été entraîné par Euphore,
auteur inexact, qui semblait se plaire à contredire
Hérodote, et dont Sénèque a dit que , peu