monts furent des lies quand les fanges qu ils do minent,
appartenaient au fond des mers. r>
La Germanie de Tacite n’était pas encore la
vaste contrée Allemande ou nous la cherchons
aujourd’hui ; elle se composait des terres hautes
que le Rhin sépare des régions celtiques , et le
Danube des pentes des Hautes-Alpes. C’est ce
qu’établit fort bien l’historien romain quand il
distingue le pays germain de celui des Gaules,
des Daces et des Sarmates. Il le dit s’étendre du
Rhin à la Yistule jusqu’aux monts qui séparent
aujourd’hui la Hongrie de la Pologne en y comprenant
les îles de la Baltique , dont le Jutland
était du nombre, ainsi que la Scandinavie, et
il ajoute qu’on y adorait Isis sous la figuie d un
vaisseau.
Strabon ne doute pas davantage que la Scandinavie
ne fut une grande île ; et si nul de ces
anciens auteurs qui savaient Bien qu’elle avait
été peuplée'par une race Germaine navigatrice ,
11e parla des Goths, c’est que le nom de Goths
n’existait pas alors. Ce nom ne fut introduit que
bien plus tard , et lorsque toutes les peuplades
descendues du Midi, qui s’étaient aguerries vers
le Nord, ayant, par les guerres que les Romains
faisaient à leurs consanguins du Sud , eu connaissance
de climats plus doux, voulurent aussi
avoir leur part à la curée du grand empire.
Les Suénones, Germains d’origine , s’embarquèrent
donc, comme les Suédois leurs enfans
l’ont fait depuis avec Gustave Adolphe et Charles
X I I . Ils ne furent pas toujours heureux dans
leurs premières expéditions , où quelques-unes
de leurs hordes, désignées sous le nom de Gètes,
se laissèrent faire tant de prisonniers, que ce
nom de Gète ou Géta devint synonyme d’esclave
dans la comédie grecque. C’est du personnage
ainsi appelé, adopté chez les Latins, qu’on a fait
chez nous, quand le théâtre antique était l’unique
modèle de nos maîtres, ces valets intri-
gans , familiers et corrupteurs, dont le modèle
n’est plus dans la société actuelle. Ce n’est que
vers 2.5o ans après J.-C. qu’il commence à être
question des Goths , lesquels, ayant pris leur
revanche , se firent une réputation belliqueuse.
De cette réputation dérive leur nom nouveau,
puisque la racine de ce nom est, selon Torfoeus,
Get et G o t , qui anciennement signifiaient un
soldat.
Gibbon remarque, avec pleine raison, qu’à
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