3'1.6 L HOIVIME.
la croyance de ces peuples, chaque oeil, après
la mort, est une étoile qui brille au firmament.
On ne doit cependant pas conclure de ces horribles
usages que l’anthropophagie des habitans
de l’Océ« mie soit une preuve que leurs croyances
viennent des Hindous, où, de quelque façon
qu’on torture le texte des anciens et du voyageur
Marco-Polo , nulle caste ne fut jamais anthropophage,
Le goût des Hommes pour la chair de
leurs semblables n’a point sa source dans les
idées religieuses, qu’il précéda sans doute partout;
il vient de la sauvagerie et de la misère.
La reli gion, quelque barbare qu’elle puisse être
quand elle commence à se former chez les hordes
sortant de l’état de brute, inventée pour asservir
la masse à quelques individus dégrossis les premiers,
doit, dans l’intérêt du sacerdoce dominateur,
protéger la multiplication de la société
croissante , qui en acquiert un plus grand degré
de force sous la main des sacrificateurs ; elle
proscrit donc nécessairement l’anthropophagie
dans son propre intérêt. Mais, pour en détourner
ses esclaves , elle ne la défend pas d’abord; elle
en réserve les délices pour les dieux , et pour les
rois, quand les prêtres qui se font les interprètes
l ’h o m m e .
de la divinité, daignent tolérer des rois. Ge privilège
que conservent des potentats grossiers de
manger des yeux, et les prêtres sanguinaires
de se gorger de cervelles humaines, est plutôt
la preuve de la désuétude de l’anthropophagie,
qu’un rapport avec des nations parvenues à
un certain degré de civilisation. I l serait moins
déraisonnable de soupçonner dans ces usages des
points de ressemblance entre les Océaniens et les
Celtes qu’entre les Océaniens et les Asiatiques.
Gardons-nous de chercher des traces de filiation
chez les Hommes dans des coutumes semblables,
quand ces coutumes tiennent à l ’organisation
ainsi qu’aux besoins. Autant vaudrait dire
que les Etourneaux et les Loups de nos climats
viennent des Perroquets de la Polynésie et des
Hyènes de l’Afrique, parce que les Etourneaux
et les Perroquets apprennent également à parler,
et que les Hyènes ainsi que les Loups mangent
des moutons, quand les bergers négligent la
garde du troupeau.
(8) M. Lesson , dans la partie zoologique du
voyage de la Coquille, que nous citons avec tant
de plaisir, parle (pag. 84 et suip.) des Papous ;
mais il les distingue des Papouas. Les premiers
OJ .rJ?.