mé à Londres, en 1772 , comme les hommes les
plus sages, les plus policés et les meilleurs de
l’antique Europe !.... Tous les monumens qui
nous restent d’eux attestent leur grossièreté , et
prouvent combien ces sauvages étaient encore
en arrière de ceux de la mer du Sud et de la
Polynésie , avant que les Phéniciens leur eussent
porté d’Orient quelques notions des arts, et que
les Romains eussent soumis ceux d’entre ces
misérables dont ils ne purgèrent pas les forets.
(11) On a contesté ce fait en nous en reprochant
l ’énoncé, au moins comme une assertion
dure. Nous étant, avant tout, imposé la recherche
de la vérité dans cet ouvrage, nous la devions
dire, quelque déplaisante qu’elle put être
à certains lecteurs. Nous ne flattons pas les uns
pour exalter les autres, comme on a pu le voir
lorsqu’il a été question de nos compatriotes
(p. 127). L’impartialité est notre unique règle,
et pour justifier ici ce que certaines personnes
n’ont pas trouvé poli pour les Hommes de race
Germanique, nous pourrions citer les discours
de plusieurs membres du parlement d’Angleterre
, qui, lorsqu’il a été question d’abolir l’usage
du bâton et du fouet, employés dans
l ’armée britannique , ont prononcé de beaux
discours pour prouver que les soldats des trois
royaumes ne pouvaient se discipliner sans de pareils
véhicules. C’est un point dont les officiers
anglais conviennent unanimement, et ils le dé-
montrent tous les jours en faisant rouer de coups
pour la moindre négligence dans le service ,
ceux qu’ils appellent « enfans , camarades , hé-
ros, défenseurs de la gloire nationale » , lorsqu’il
est question d’attaquer une redoute.
Nous devons surtout nous étayer de l’opinion
d un grand homme qui s y connaissait, et qui dit à
l ’un des citoyens les plus respectables de l’empire
britannique. « Vos soldats n’ont pas les qualités
nécessaires pour une nation militaire ,* ils n’éga -
lent les Français ni en activiténi en intelligence.
Du moment qu’ils n’ont plus peur des verges ,
ils n’obéissent à personne.... Ces soldats sont
braves : nul ne le peut nier j mais on ne peut
en venir à bout dans une retraite : s’ils trouvent
du vin ce sont autant de diables.... J’ai été témoin
de celle de Moore, et je n’ai rien vu de
semblable j il était impossible de les rallier ni
d’en rien faire ; presque tous étaient ivres.
(M. O’Meara , Recueil de Sainte-Hélène, t. x ,