
d’aîles à ces nageoires qui font fituées de
chaque côté de la poitrine ? La dénomination
de nageoires inférieures n’eft-elle pas
suffi plus convenable que celle de pieds
.aux nageoires qui font placées fur la partie
inférieure du corps ?
_ Pour exprimer en un feul mot les ca-
raâères de chaque claffe de Poiffons ,
»’emploierai les dénominations de Cartilagineux
, Apodes, Jugulaires , Peûoraux ôc
Abdominaux. Les Poilfons cartilagineux
font ainfi nommés de tout temps, parce
qu’ils ont des cartilages au lieu d’o s ; cependant
ces cartilages font en petite partie
U C T 1 O N.
dalfe les Poilfons Malacopterygiens ; cé
font ceux qui ont les rayons des nageoires
fouples. La troifième claffe comprend les
Poilfons Branchioftèges , ainli nommes ,
parce que leurs ouies font incomplettes ;
elles n’ont point d’opercule ou de membrane
offeux ; car ils contiennent un peu de
fubftance calcaire , qui fe manifefte par
l ’effervefçence avec les acides ; j’ai vu cette
effervefcençe fur les cartilages defféchés de
la tête d’une Raie. Linnæus a donné le nom
d’Apodes aux Poilfons qui n’ont point de
nageoires inférieures, parce qu’il compa-
roit ces nageoires à des pieds. Le même
Auteur a auffi donné le nom de Jugulaires ,
aux Poilfons qui ont des nageoires inférieures
placées plus en avant que _les nageoires
peéforalgs, ôc pour ainli dire fur
la gorge,
Il a appellé du nom de Pectoraux les
Poilfons qui ont des nageoires inférieures
placées au-deffous des nageoires peûorales ;
enfin, il a donné le nom d’Abdominaux aux
Poilfons qui ont des nageoires inférieures
fituées plus en arriéré que les nageoires
peûorales , ôc par ' .conféquent fur l’abdomen,
Grpnovius , dans fon Mufée Ichthyo-
logique , imprimé en 1754 » a ffiivi la
méthode d’Artedi pour les clalfes des Poiffons
; mais il en a féparé les Cetacees.
M. Gouan, dans ton Hiftoire des Pqif-
fons , publiée en 1770, a non-feulement
mis les Cétaçées hors du rang des vrais
Poilfons, mais auffi les Poilfons cartilagineux
: il diftribue les autres en trois
clalfes ; la première contient, fous le nom
d’Acanthoptérygiens, les Poilfons qui ont
les rayons des nageoires durs ôc piquants,
Ôc les ouies complettes, c’eft-à-dire pourvues
d’un opercule & d’une membrane garnie
d’offelets, M. Gouan met dans lu fécondé
, ou bien les deux enfemble leur,
manquent, ............. , * 1 ,
La méthode de Linnæus me paroit préférable
à celle d’A rtedi, en ce qu’elle eft
plus commode. Suivant cette méthode, on
peut fçavoir de quelle claffe eft un Poiffon,
par la polition de fes nageoires, feulement
en le voyant, même dans l’eau, fans être
obligé de le toucher, pour effayer fi les
rayons de fes nageoires font roides ô£
piquants, ou flexibles ôc fouples, de s il y
a des offelets dans la membrane des ouies.
Les mêmes inconvénients fe trouvent dans
les méthodes d’Artedi ôc de Linnéeus, reunies
par M. Gouan. Mais les caraâeres tires
de la fituation des nageoires inferieures des
Poilfons me paroiffent fuffifants pour la
première divifion méthodique des Poilfons
épineux. Je fiupprimerai l’ordre des Bran-
chioftèges, parte qu’il eft plus facile de
voir les nageoires inférieures que de fçavoir
s’il y a des offelets dans la nageoire
des ouies. .
Je n’ai déjà que trop répété, ôc toujours
avgc répugnance, les noms de Malacopterygiens
, Açanthoptérygiens , Chondrop-
térygiens, Branchioftèges ; je les regarde
comme des dénominations barbares , qui
rendent l’étude de l’fîiftoire Naturelle rebutante
ait premier abord, ôc qui lui ôtent
l’agrément dont elle eft fufceptible, meme
dans les cas les plus épineux. D ’ailleurs
pourquoi rechercher dans les Langues
mortes des racines Grecques ôc Latines
pour compofer des mots difficiles à entendre
, à prononcer ôc à retenir, tandis
que nous avons dans les Langues vivantes
affez d’expreffions pour qui fçait les choifirî
Dira-t-on que, par le moyen des dénominations
compofées, on exprime plusieurs
idées en un feul mot ? Mais en réunifiant
ainli différentes expreffions , on les rend
équivoques ôc même fautives.
Je divife les Poiffons en cinq clalfes. La
première!
première comprend les Poiffons cartilagineux
, ôc les quatre autres clalfes renferment
les Poiffons épineux.
La fécondé claffe contient les Poiffons
apodes; ils n’ont point de nageoires inférieures
fur la gorge, fur la poitrine ni fur
le ventre.
Les Poilfons qui ont des nageoires inférieures
fur la gorge font dans la troifième
claffe, fous le nom de Jugulaires.
La quatrième comprend les Poiffons
pectoraux ; ils ont des nageoires inférieures
au-deffous des nageoires peétorales.
La cinquième claffe contient les Poiffons
qui ont des nageoires inférieures fur le
ventre; ils-font nommés Abdominaux.
Plus les Naturaliftes ont voulu mettre de
précilion dans la defeription des Poiffons,
plus ils ont négligé de donner une idée
de la figure particulière à chaque Poiffon.
Ils ont expofé , dans un grand détail, les
différentes parties du corps féparément les
unes des autres ; mais à peine ont-ils fait
mention de l’enfemble de ces parties ôc des
proportions qu’elles ont entr’elles. Cependant
le premier objet qui fe préfente,
lorfqu’on veut décrire un animal ou une
plante , eft fa figure entière ; ce fera auffi
le premier objet de la curiolité de ceux
qui liront la defeription qui aura été faite.
On veut avoir une idée de la figure d’un
Poiffon dans fon entier, avant d’entrer dans
le détail de fes parties : ce détail ne peut
pas repréfenter'l’enfemble. Les différentes
parties du corps, 'détachées les unes des
autres, ôc expofées chacune féparément,
font autant de figures particulières qui ne
montrent pas la figure qu’elles forment par
leur reunion. Je vais en donner un exemple,
tiré de l’Ichthyologie d’Artedi, ôc pris fur
la Carpe. On ne peut pas choifir un Auteur
plus céjèbre ôc plus eftimé , ni un Poiffon
plus commun, ôc par conféquent mieux
connu.
La defeription des parties extérieures de
la Carpe, faite par Artedi, eft divifée en
dix-huit articles.
i° . La gueule.
2°. La tête..
30. Les' narines.
Hijioire Naturelle. Tome Ht.
4° ■ Les mâchoires^
I Les yeux.
6°. Les iris. ,
7°- Le dos.
8°. Les opercules;
9°- Les écailles.
xo°. Le corps.
i t ° . La ligne latérale.
I Z ° . La nageoire du dos,'
130. Les nageoires de la poitrine}
*4°. Les nageoires du ventre.
»5 °- La nageoire de l’anus.
i6<*. La queue.
m L anus.
i8°. Les ouies.
Quoiqu’Artedi ait fait de bonnes def-
criptions de ces différentes parties du corps
de la Carpe, on ne parviendra jamais, en
lifant ôc en relifant ces deferiptions, à fe
repréfenter la figure de ce Poiffon. Je fup-
pofe que l’on eût fait des deffins de chacune
de ces parties, ôc qu’on les eût placées les
unes au-deffous des autres , dans le même
ordre où elles ont été décrites, on s’appli-
queroit en vain à confidérer leurs figures ;
on n’imagineroit jamais celle de l’enfemble
qu’elles doivent former, ôc qui eft la figure
d’une Carpe entière. Auffi le Deffinateur
qui voudroit repréfenter ce Poiffon, en
traceroit d’abord la figure entière ; ôc s’il
traitoit féparément fes différentes parties
détachées , ce ne feroit que pour exprimer
des détails qu’il n’auroit pu rendre fenfibles
dans la figure totale.
11 faut donc commencer la defeription
d’un Poiffon par donner une idée de l’enfemble
ôc des proportions du corps entier;
c’eft le feul moyen de préfenter, d’une
manière fatisfaifante, l’objet que l’on veut
faire connoître enfuite dans fes détails. I
eft vrai que cette expofition du tout eft
plus difficile que les deferiptions des parties
prifes féparément les unes des autres. Cependant
il me femble que l’on exquifferoit
la figure d’une Carpe, en expofant les différents
objets qui frappent fucceffivement
nos yeux , lorfque nous regardons ce
Poiffon. Les plus apparents de ces objets
fo n t, i°. la grandeur & les principale?,
dimenfions ; z°. le contour du deffus ô£
t