
parlant de chaque Infiniment, nous défigne-
rons le lieu oit l’on en fait ufage; & , quant
aux procédés particuliers, relatifs aux differentes
efpèces dePoiflons, nous les ferons
connoître aux articles de chacun de ces
Poiffons.
La plupart des inftruments dont on fe
fert dans les pêches peuvent fe réduirè en
général aux'hameçons & aux filets. Nous
parlerons fucceflivement des uns & des
autres ; 6c nous expoferons à la fuite différentes
manières de pêcher, qui s’écartent
dè celles qu’on fait avec les inftruments
dont nous'venons de parler.
i° . Pêche aux hameçons.
L’hameçon e ft, comme l’on fça it, un
crochet fort aigu, qui eft fufpendu à l’ex-
trêmité d’une corde ou d’un fil de métal.
On cache ce crochet dans un appât fur
lequel le Poiffon fe jette avidement; en
même temps l’hameçon s’engage dans fon
gofier ou dans fon palais , & permet ainfi
ae l’enlever & de le tirer hors de l’eau.
Cette efpèce de pêche paroît réunir plus
d’avantages qu’aucune des autres. Elle eft
praticable dans toutes les faifons de l’année,
6c prefque par toutes fortes de temps ; on
m’eft obligé de la fufpendre que dans les
grandes tempêtes. Elle eft â la portée des
moindres Pêcheurs , & peut également fe
pratiquer en grand. Elle conferve le Poiffon
frais & en bon état, au lieu que celui qu’on
retire des filets fe trouve fouvent mort,
ou du moins meurtri & hoyé, félon l’expref-
fion des Pêcheurs. Le feul inconvénient
de cette pêche, eft qu’elle confomme une
grande quantité de Poiffons pour les appâts,
ce qui entraîne fouvent les Pêcheurs dans
des frais confidérdbles, dont ils ne peuvent
être dédommagés que par des prifes très-
abondantes.
On appelle ligne, la corde à laquelle
tient l’hameçon. Pécher à la ligne, c’eft
proprement tenir à lamainune ligné fimple,
garnie de fon hameçon. On nomme pêche
a la canne, ou çannette, celle dans laquelle
on emploie une perche pour y fufpendre
la ligne. Les Pêcheurs de l’Océan donnent
aux hameçons le nom de halms, Ik. le&
Provençaux, celui de moufcleaux. Nos Pécheurs
réfervent le terme d’hameçon, pour
un haim garni de fon appât. C’eft dans ce
fens qu’on peut dire exaûement pêcher à
Vhameçon.
Les lignes en ufage dans les petites pêchesj’
font faites de crin ou de foie; mais celles
qu’on emploie dans les grandes pêches fe
font avec du t>on chanvre filé, plus ou
moins fin, félon la groffeur que doivent
avoir les lignes. On fufpend les hameçons ,
foit immédiatement aux extrémités des
lignes qui partent de la maîtreffe corde ,
foit à d’autres lignes particulières que l’on
attache aux précédentes, & que l’on appelle
piles ou empiles. Il y a différentes manières
d’empiler les haims, c’eft-à-dire, de les affu-j
jettir à l’extrémité des piles. On peut en
vo ir ie détail dans le Traité des Pêches de
M. Duhamel, première fettion, chap. 1 ,
p. 17. Nous avons déjà dit que l ’on le fer-
voit aufli quelquefois d’un fil de métal pour
y attacher le haim. On fait encore des
lignes, en certains pays, avec de l’écorce
d’arbre, & autres matières fufçeptibles de.
réunir la force à la foupleffe.
Il y a un choix à faire parmi les appâts
dont on fè fert pour attirer le Poiffon. Les
Pêcheurs d’eau douce amorcent pendant
l’été avec du fromage ; ils emploient aufli
la chair de toutes fortes d’animaux ^plufieurs
prétendent que celle du chat & du lapin
eft préférable à toute autre, & que le foie;
vaut encore mieux que la chair.
Les vers de toute efpèce font un des
appâts qui réufliffent le mieux; on emploie
entr’autres ceux qui deviennent Tcarabées ,
&ceux qui fe forment dans la viande pourrie
& dans les fruits; on eftime beaucoup les
vers de terre , qu’on nomme particulièrement
Achèes. On fe fert aufli de plufieurs
efpèces de vers' marins, tels que les vers
noirs , qu’on no'mffle Francs ; les rouges ^
qu’on appelle Bâtards ou Verotis ; les Blancs,
autrement dits Bourlottes. Ces derniers font
les moins recherchés.
Les Poiffons déjà pris fervent euxv;
mêmes d’appâts pour en amorcer d’autres,'
Dans plufieurs pays on emploie indiftinctemen$
îêfflent toutes fortes de Poiffons. Mais les
Pêcheurs de Flandre, de Picardie, & de
Haute-Normandie, prétendent qu’il y a un
difcernement à faire par rapport aux appâts
, 6c qu’on doit de plus les varier fui-
vantles faifons, & l ’efpèce de Poiffon qu’on
fe propofe de prendre.
L’appât qu’ils eftiment le plus eft le
Hareng frais ; les Provençaux font le même
Cas des Sardines. Viennent enfuite les Blanquettes,
(Sillets, Orilletsovi Mélis; en Normandie
, Saumonelle ; en Provence, Nonnat.
Tous ces termes font fynonymes & lignifient
de petits Poiffons de toutes les ef-
peces que l’on trouve aux pieds des parcs,
ou au bas des filets quand la mer eft retirée.
Il y a aufli des Poiffons ronds, encore très-
jeunes , que l’on emploie comme appâts ;
tels font les Lanfons, Lançons, ou Alen-
çons; les Eguilles ou Aiguilles (en Normandie
, Quilles, Equilles, ou Equillettes) ;
les Crados ou Grados, appellés Prêtres dans
le meme pays, & Prêtras o\iEperlans bâtards
en Bretagne , &c.
Au défaut de bons appâts , les Pêcheurs
fe fervent de coquillages, comme de Moules,
de Brelins (Bredins, Bernicles, Cuvettes ,
Lampottes ) ; qu’on ‘ appelle aufli Yeux de
Bouc. Ils ôtent l’écaille'de ces coquillages ,
& embecquent avec la chair les haims qu’ils
ont garnis auparavant de Hareng falé. Mais
ils ne prennent guères avec ces appâts que
des Merlans Sc des Limandes.
On amorce encore avec le Pitot, les Séchés
( Marquettes en Bretagne ; Sepies, en
Gafoogne ) , les Cornets ou Calamars , les
petites Seches (Cafferons en Saintonge 6c
en Aunis); ces appâts, les Seches fur-tout,
font très-médiocres. Il en faut excepter
les Cornets, qui conviennent à toutes, fortes
dePoiflons, pourvu qu’ils ne foient point
du genre des Plats. On prétend que les
Morues en font très-friandes, & que fi l’on
avoit de cet appât en abondance fur le grand
Banc, il contribueroit beaucoup au fuccès
de la pêche.
Depuis Mars jufqu’en Septembre , on
emploie comme amorces, plufieurs Cruf-
tacçs, tels que les grojjes Chevrettes (Salicols,
en Haute-Normandie ; Barbeaux ors Sanotés.
Histoire Naturelle. Tome IU,
en Saintonge & en Aunis ; greffes Crevickes
en Guyenne & en Gafcogne ) ; les petites-
Chevrettes ( Crevettes & Grenades, à Dunkerque;
Sauterelles de mer, enPicardie; Efqui-
nes, en Gafcogne ; Chevrons ou Maniguettes ,
en Bretagne). On prend avec ces appâts
des Maquereaux & toutes fortes de Rayes.
Les Crabes font aufli du nombre des Cruf-
tacés qui fourniffent des appâts; on s’en
fert pour prendre des Congres, des Merlans
& des Limandes.
Quelques navigateurs amorcent leurs
haimS avec du lard blanc, pour attirer les
Requins ou autres Poiffons voraces.
Il y a aufli des leurres & appâts faâices
qui trompent le Poiffon, en lui offrant l’apparence
de quelque proie dont il eft avide.'
On attire les Morues avec des morceaux
de plomb, auxquels on adonné des formes
de Poiffons. Le liège taillé de la même manière
& couvert d’une peau de Poiffon, ou
d’une toile blanche, marquée d’une raie
bleue à l’endroit du dos, fert aufli d’a-
morçe pour faire venir de gros Poiffons.
Les Bafques y ajoutent quelques plumes ,
pour prendre des Thons. On fubftitue quelquefois
au liège une chandelle.
De petits morceaux de drap rouge, que
l’on attache aux haims, fourniffent d’excellents
leurres pour attirer les Maquereaux.
Le§ An'glois ont une grande adreffe pour
faire des infeôes qui imitent de fort près
la nature , & à l’aide defquels ils prennent
différents Poiffons, & particulièrement des
Truites.
A l’égard des appâts dangereux, qui
enivrent ou tuent le Poiffon , tels que la
chaux v iv e , la noix vomique , la coque
du Levant, lemufe, &c. il feroit àfouhaiter
qu’ils fuffent ignorés. Les ordonnances en
interdifent l’ufage, fous des peines rigou-
reufes ; ces défenfes arrêtent les Ponentais ;
mais ceux qui pêchent dans les étangs, foit
d’eau douce, foit d’eau falée, ne fe fervent que
trop fouvent de ces moyens deftruéfeurs.
Nous parlerons de quelques autres efpèces
d’appâts dans la fuite de cet article ;
ainfi qu’à différents articles de ce dictionnaire
, à mefure que les termes employés
pour défigner ces appâts, fe préfenteront
c