
la nourriture dont ces petits animaux ont befoin
pendant ce premier état de développement.
A mefure qu’ils groffiffent, cette liqueur dont
j’ai parlé, & qui étoit d’abord épaiffe & comme
coagulée, s’épuife peu à peu , en forte qu’il n’en
refte plus rien quand les petits font entièrement
développés, ou du moins elle fe trouve réduite
alors en une liqueur pure , & qui a feulement un
peu de vifcofité, la partie la plus groflière ayant
paffé dans les foetus en forme d’aliment. La queue
des petits animaux, qui étoit d’abord tortueufe,
fe redreÛe , & s’avance la première , dans les
diffé rems mouvements qu’ils font, tantôt pour fe
• porter çà & là , & tantôt pour fe préparer une
iffue hors de l’ovaire. Si on les en retire par une
incifion , ils vivent encore quelques heures,
pendant lefquelles on les voit fe tordre comme
des Anguilles, familier, & remuer leurs mâchoires
& leurs ouies. Dans cet état, ils ont à-peu-près
deux travers de doigt de longueur.
Schonfeld , de qui nous avons emprunté ces
détails, ayant ouvert plufieurs femelles de cette
efpèce , a trouvé à-peu-près trois cents foetus dans
chacune. Il ajoute que les Blennes dépofent leurs
petits après l’hiver ; bientôt l’ovairé devient flafque,
& fe retire comme une veflïe vuide d’air. Les mâles
alors ne diffèrent plus des femelles à l’extérieur,
% excepté qu’ils font plus petits & d’un jaune plus
décidé.
Avant le folftice d’été, ces poiffons quittent lés
détroits & les rivages, pour gagner la pleine mer
& y chercher des retraites où les Pêcheurs vont
les prendre.
Nous avons réuni avec le Blenne vivipare celui
que Linnæus appelle Blenr.ius Lumpenus (n°. 12.),
comme n’étant qu’une fimple variété du premier.
^Voici lâ'defcription qu’en donne Willughby.
Ce poiffon eft d’une figure cylindrique, moins
cependant que celle de l’Anguille. Son corps va
en s’amineiffant vers la queue. Sa couleur elî d’un
vèrd jaunâtre , marqué fur le dos , de lignes tranf-
verfàles. L’extrémité de fa queue a une légère
fëirite de rougé, & tout le corps eft parfemé de
tâchés*bn de points obfcurs. Les côtés font divifés
en lebr milieu par un fillon qui s’étend depuis la
tête jufqu’à la queue. La peau eft fans écailles,
ou n’en a que d’imperceptibles. La gueule eft fort
ouverte , arrondie , & chaque mâchoire eft garnie
d’une feule rangée de petites dents, au nombre
d’eWïron'vingt-quatre. La langue eft large, ronde,
môlle & fans aspérités. La mâchoire fupérieure:
a 'ùhé' efpèce de lèvre mince qui fe replie en
demis. Lès-yeux:font recouverts d’une membrane,
& les prunelles bordées d’un cercle jaune. Les
narines font petites & arrondies. On ne voit point
de'barbillons àutour dés mâchoires. Il y-a peu de
poiffons qui aifles ouvertures des ouies aufii petites
qüé celui ci. La nageoire du dos commence affez
près de la tête, d’on-elle s’étend jufqu’au-delà de
Extrémité de laqueuè, puis, fe prolonge inférieurement
jufqu’à l’anus. Cette nageoire diminue
tout-à-coup en hauteur après le quàfre-virtgtiëme
rayon, en forte qu’elle paroît brifée en cet endroit;
le refte , jufqu’à l’extrémité de la queue, eft garni
de vingt rayons ; il y en a quatre-vingt dans le
prolongement inférieur. Les nageoires de la poitrine
ont chacune dix-huit rayons ; celles' du
ventre , qui répondent au milieu de la gueule,
paroiffent être plutôt des barbillons que des nageoires;
cependant quand on les-examine de près,
on voit qu’elles font divifées chacune en deux
rayons. Il y a auprès de l’anus une autre ouverture
, d’où fort une humeur aqueufe , lorfqu’on
preffe le ventre. Ce poiffon a une odeur défa-
gréable. Willughby l’a obfervé à Anvers, & l’individu
qu’il a décrit avoit environ huit pouces de
, longueur.
VOILE. Affemblage de plufieurs lés de toile
coufus les uns à côté des autres, & deftiné à
recevoir l’impulfion du vent , pour mettre un
navire e'n mouvement. Il y a des Voiles quarrées
que l’on tend fur des vergues. On appelle Voiles
latines celles qui ont une figure triangulaire ; on
les attache aux antennes des galères & autres
bâtiments de la Méditerranée. Celles qu’on tend
fur les cordages fe nomment étais. Les Voiles ,
fuivant leur difpofition, prennent encore d’autres
noms , dont le détail n’eft point de notre objet.
VOLANT, (le ) Efpèce de Gaftré.
Gajlerofteus volitans. Lin. Syfl. nat. Pifces tho-
racici. Gajîerojletis, n°. 9.
Gajlerofleus fpinis dorfalibustredecim, cirris fenis 3
• pinnis peHoralibus corpore longioribus. Ibid.
Perça dorfo monopterygio , capite cavernofo j
maxillâ fuperiore cirris quatuor 3 caudâ fubrotundâ
utrinque aculeatâ. G r o n . Muf. 2. p. 33. n°. 191.
Perça, amboinenjis Nieuhojji. WlLLUGH. Append•
p. 1. tab. 2. n°. 3.
Perça atnboinenjïs volans pinnis longijjimis,
Ruysch. Thef. anïm. i.*p. 39. t. 2. f . 3. A .
Cottus fquamofus rof.ro bïfido. Se B. Muf. 3. t. 28.
fig- '•
lkan Kalkoen Sowanggi Djautan , het mannetje
van de Tover-Kalkoen-Vifch. V a l e n t . Amb»
tab. 210. n. 210. p. 413.
lkan Kalkoen Sowanggi Beting, het wyfke van
de Tover-Kalkoen-Vïfch. ld. Ibid. tab. 213. n. 213.
/>• 4M-. '
L’ufage que les poiffons font de leurs nageoires,'
pour fe diriger dans l’eau , a des rapports ienfibles
avec la manière dont les oiféaux fe fervent de
leurs ailes pour fe foutenir & exécuter divers mouvements
dans l’air. Ce font, de part & d’autre,
des efpèces de rames qui frappent un fluide dont
la réfiftance leur offre un point d’appui. Cette
confidération explique ce que l’on raconte de
certains poiffons, qui, ayant les nageoires de la
poitrine plus affortïes, par leur force & par leur
étendue, au mécanifme qu’exige le vol, qu e ne
le font celles des autres poiffons, peuvent s’él eveç
lement vers les extrémités fupérieures de ces
mêmes nageoires. Celles du. ventre font fttuees
fous les précédentes, à une petite diftance l’une
de l’autre ; elles ont chacune fix rayons, dont le
premier eft court & épineux , &. les fuivants,
flexibles & femblables à de longs filaments. La
nageoire de l’anus a neuf rayons, dont les trois
antérieurs font épineux, Sc les autres fouples &
fourchus. La nageoire de la queue eft très-ample ,
un peu arrondie, & garnie de treize rayons déliés
& rameux : de plus , on voit, de part & d autre ,
trois petits aiguillons en deffus &. en deffous de
la queue. Les côtés du corps & le ventre font
garnis de très-petites écailles difpolées en recouvrement
'au-deffus de l’eau, & s’élancer dans l’air, où ils 1
fe . foutiennent pendant quelques inftants. De ce 1
nombre font le Trigle & le Pégafe volants, ainfi 1
que Tefpèce de Gaftré qui eft l’objet de cet article. <
Cette faculté de voier eft probablement pour ces
animaux , comme le difent les Voyageurs , un
moyen de .fe fouftraire à la pourfuite des gros
poiffons qui menacent de les dévorer.
Le Gaftré volant a , félon Gronovius, la tete
d’une largeur égale à celle du milieu du corps,
amincie en pointe obtufe par fa partie antérieure,
inégale en deffüs, & excavée en plufieurs endroits
dans l’efpace compris entre les yeux. Les mâchoires
font égales entr’elles, & celle d’en haut eft divifee
en fon milieu ; l’une & l’autre font garnies, ainfi
que le haut du palais, de dents très - courtes &
très - aiguës, diipofées par grouppes. Ce poiffon
a huit barbillons, dont quatre qui font courts ,
-épais & placés fur la mâchoire fupérieure ^ deux
autres plus alongés font fttués au-deffus des orbites
des yeux, & les quatre autres, qui font plus petits
& d’une forme déliée, fe trouvent près des lames
qui tiennent le milieu parmi celles des opercules
des ouies. Ces mêmes lames ont leurs bords dentelés
en manière de fcie. Les opercules font écailleux
, & ont à leur partie poftérieure un aiguillon
faillant au-deffus des nageoires de la poitrine. Les
ouvertures des ouies font très-amples dans tous les
fens ; leur membrane eft fufceptible d’expanfton ,
& a fept rayons très-diftin&s , dont le plus eleve
eft entièrement caché fous les opercules. Les yeux
font fttués au haut des côtés de la tête, & renfermés
dans des orbites offeufes & anguleufes.
Le corps eft oblong, très-élevé & fort épais
vers les opercules, après lefqùels il fe comprime
& s’amincit infenftblement vers la queue. Le dos
eft rétréci en forme de tranchant ; il s’élève un
peu entre la tête & l’endroit qui répond aux
nageoires du ventre , & de-là il s’incline vers la !
queue. Le ventre eft applati jufqu’à l’anus, au-delà
duquel il fe rétrécit & prend une forme convexe
jufqu’à la queue.
Les lignes latérales font très-apparentes ; elles
commencent aux opercules, & le terminent au
"milieu de la queue; elles font voiftnes du dos à
leur naiffance , & parcourent enfuîte le milieu
des côtés.
La nageoire du dos s’étend depuis la tête prefque
jufqu’à la queue' ; elle a vingt-cinq rayons , dont
les treize premiers font épineux , &. vont en s’élevant
jufqu’au dixième, qui eft le plus long; ces
rayons font liés en partie par une membrane triangulaire
, dont le fommet eft fttué vers les rayons
poftérieurs, & atteint à peine à la moitié de leur
hauteur ; les douze autres rayons font flexibles ,
& réunis par une membrane qui s’étend jufqu’à
leur extrémité fupérieure.
Les nageoires de la poitrine font très-larges, &
plus longues que tout le corps ; elles ont chacune
quatorze rayons, qui vont en s’élevant graduel^
1 de plus, toute la furface du corps eft
panachée de diverfes couleurs, qui produifent un
effet très-agréable à l’oeil. Suivant Lifter, la couleur
de ce poiffon eft brune, & marquée, fous
le mufeau, de plufieurs lignes’ bleuâtres. Les nageoires
de la poitrine font verdâtres & mouchetées
; celles du ventre font azurées. Ce poiffon fe
trouve dans les eaux douces de l’Ifle d’Amboine.
Sa chair fournit un aliment fain &. d un goût
délicat, qui a du rapport avec celui de la Perche
ordinaire. L’individu décrit par Gronovius avoit
cinq pouces & demi de longueur.
Nota. Nous avons fuivi Linnæus, en plaçant
ce poiffon dans le genre des Gaftrés. Mais nous
obferverons ici, avec M. Pallas, (Spicil. fa jc . 7.
pag. 26.) qu’il a plufieurs cara&ères qui le rapprochent
des Scorpenes, tel que celui qui fe tire
de la membrane par laquelle les rayons epineux
de la nageoire du dos font liés entr eux jufqu a
une certaine hauteur, tandis que les Gaftrés ont
ces mêmes rayons abfolument fepares les uns des
autres. Le même Auteur ajoute que le poiffon
dont il s’àgit a beaucoup de reffemblance avec
celui qu’il.a nommé Scorpena DidaElyla (le Deux-
Doigts. Voyez ce mot). Enfin, le Gaftré volant
: fe trouvé encore ramené patmi les Scorpenes ,
par cet afpeft général que l’on a nomme port, &
auquel, fuivant M. Pallas , on devroit avoir plus
s d’égard qu’aux caractères particuliers dans l’arran-
1 gement des êtres naturels,
a VOLANT, (le ) Efpècé de Pégaze,
x Pega^us volans. Lin. S y f . nat. Amphibia nantes.
Peg-a^us 3 ti°. 2.
e Pega^us Tojlro enfformi denticulato. Ibid.
,t Pega^us roflro conico. Muf. Ad. Fr. 2. p. 50.
- Ce poiffon eft diftingué, fuivant Linnæus, du
s Dragon , autre efpèce de Pégaze, par la forme de
1- fon mufeau, qui eft plus applati , & approche
is moins de celle d’un cône. Le poiffon, nommé Spart
tule, qui appartient au même genre , a aufli le
, mufeau applati en forme d’épée, mais entier par
à les bords, au lieu que celui du Volant eft, de
part & d’autre, hériffé de petites dents, comme
k une lame de fcie. Du refte, Linnæus n’entre dans
,e aucun détail fur les caraâères de ce poiffon encore
l- I peu connu. On le trouve dans la mer de l’Inde.