
M a n i è r e s de préparer les Poifj'ons pour les garder dans
les Cabinets.
P armi les différentes efpèces de PoifTons
la plupart ont une forme cylindrique,
comme le Brochet,, FEfturgcon , &c. ou
une forme applatie, comme la Brême , la
Limande, &c.
On conferve les uns & les autres en
entier ou par moitié feulement, ce qui
exige des manipulations différentes. Quoique
les inftruments foient néceffaires pour
la préparation des PoifTons, comme ils font
les memes que ceux que nous avons indiques
pour les Quadrupèdes ovipares & les
Serpens, il n’eft pas néceffaire de . répéter
ici la defcription de ces inflruments.
Manière de préparer les Poifons cylindriques
& les Poiffons plais en entier.
P o i s s o n s c y l i n d r i q u e s .
Pofez le Poiffon cylindrique fur le dos,
en travers d’une table, de manière qu’il ait
la tete tournée du cote où vous voulez
vous placer pour opérer, & près du bord
de cette table ; contenez le Poiffon en
pofition par des épingles de fil de fer'enfoncées
dans la table, de chaque côté du
corps, & par des tampons de linge. ;
Faites fur la gorge deux incifions obliques
qui fe réunifient entre les nageoires
inférieures, en vous férvant d’un fcalpel ;
enfuite faififfez la peau à l’endroit où les
deux incifions aboutiffent; relevez-la du
coté de la tête ; enlevez, avec un fcalpel
ou des çifeaux , les chairs qui font fous
cette partie de la peau, & rejettez-les.
Ces premières çhairs enlevées , vous
aurez une ouverture, par laquelle, fuiyant
la groffeur du Poifîon, yous tirerez dehors
les vifceres , foit avec la main, fi vous
pouvez l’introduire, foit avec des pinces,
au défaut de la main,
Les vifcères étant enlevés, vous ferez J pafîer, entre la peau & les chairs du corps
J ;du Poifîon, d abord la pointe de la lame
i d un fcalpel ; enfuite un infiniment en
forme de cifeau de Menuifier ; lorfque
vous aurez dégagé la peau à la profondeur
de quelques pouces, vous inciferez & vous
j diviferez en fragments , avec des cifeaux,
tant les arêtes que les chairs, & vous retirerez,
ou avec la main, ou avec des pinces,
les fragments de çhairs coupées & d’arêjes
brifées. Ces premières chairs & arêtes enlevées;,
vous poufferez le corps entier vers
Fouverture faite à la gorge, en mettant le
Poiffon fur l’un de-fes deux côtés; vous
continuerez enfuite de dégager peu à peu la
peau des chairs , de les inciter, de rompre
les arêtes, & d’enlever les portions des
unes & des autres ; vous parviendrez, de
cette maniéré, jufqu’à l’extrémité du corps
du Poiffon eu jufqu’à la queue : la peau ne
fera plus qu’un fac vuide.
On fent bien' que , pour de très - gros
Poifioas, les cifeaux les plus forts feroient
trop foibles ; mais on peut avoir une ouverture
affez ample pour introduire les
™a,jns f i même une partie du bras, porter
à l’intérieur les inftruments tranchants né-
ceffaire’s , comme de'forts couteaux ou des
pinces , qui ferviront à rompre ou couper
les aretes ; aujfi, il y a .moins de difficulté
que par rapport aux Poiffons moins volumineux,
La peau étant vuide , il faut toujours ,
par la même ihcifi'on, tirer dehors les ouies
avec la main ou des crochets, & au befoin,
c’eft-à-dire fi l’animal eft très-gros, percer
le crâne & ôter la cervelle.
Les manipulations précédentes étant
achevées, on rabat la peau de la gorge ;
op 1g coud proprement avec les bords de
Ta peau dont on l’a féparée. Puis on enlève
la peau entière de deffus.la table on la
fufpend, par la gueule ouverte, à des
hameçons attachés à des fils ou cordes qui
tiennent au plafond de la chambre où l’on
opère ; on verfe , par Fouverture de la
gueule, du fable ou du fablon, & l’on en
remplit la peau ; on contient enfuite les
ouies fermées par des bandelettes dont on
les entoure. Après avoir auffi décroché la
peau , on contient de même la gueule
fermée par des. bandelettes ; on pôle la
peau du Poiffon fur le ventre, & on là
laiffe fécher.
. Cependant on étend - la queue' & les
différentes nageoires parle, moyen de baguettes
pointues des deux bouts , d’une
longueur convenable, qu’on affujettit un
peu de force, de diftance en diftancé, finies
bords de la queue ou des, nageoires ;
ou on pofe fous ces. parties des pièces de
carton , fur lefquelles on les contient étendues
par quelques points de future. La
méthode précédente eft meilleure, parce
qu’ elle ne laiffe pas de. traces.
La peau , la queue, les. nageoires étant
defféchées , on enlève les inftruments qui
ont contenu ces dernières parties en extèri-
fion ; on ôte les bandelettes qui entourent
la tête , & ouvrant la gueule du Poiffon,
renverfant fa tête en bas,, on fait écouler
le fable; il ne refte qu’à.vernir la peau,
pour lui donner quelque luftre ; car pour
les couleurs, il n’y a pas jufqu’à préfent
de moyens de les conferver.
Il faut faire à la gorge des Poiffons plats
une ouverture pareille à celle qui a été
décrite* pour les Poiffons cylindriques ;
enfuite tirer de même au-dehors le s^ if-
cères, féparer, tantôt d’un côté , tantôt
de l’autre, d’abord avec le fcalpel, puis
avec un infiniment femblable au cifeau de
Menuifier, la peau d’avec les chairs, couper
en dedans de la peau, avec des cifeaux à
deux branches, les portions de la nageoire
circulaire qui pénètrent à l ’intérieur du
corps, & enfin rompre par fragments les
arêtes , la colonne vertébrale & les chairs,
en enlever les fragments.
La manipulation de ces Poiffons eft
longue & difficile ; mais on parvient à ôter
toutes les parties internes, en les divifant
& les enlevant par fragments.
Quand la peau eft vuid e , le refte des
opérations eft le même pour les Poiffons
plats que pour les Poiffons cylindriques.
Manière de conferver les Poifons cylindriques
& les Poiffons plats par moitié feulement.
Pofez le Poiffon devant vous fur une
table, fuivant fa longueur, & le ventre
tourné de vôtre côté. Pour qu’il foit plus
affermi & moins gliffant dans l’opération ,
mettez un linge étendu entre lui & la table;
couvrez-le également en delfus d’un linge;
puis fendez avec des cifeaux la lèvre fupé-
rieure- à-peu-près dans fon milieu, mais
cependant un peu plus du côté qui eft
tourné en delfus que du côté inférieur ;
prenez enfuite un fcalpel à dos, ou , félon
le befoin, un infiniment tranchant plus
fort ; fendez la tête en deux, & enfuite
continuez d’incifer longitudinalement la
peau jufqu’à l’origine de la queue, en
paffant au bas & à côté de la nageoire
placée en long fur le dos. Cette première
opération faite, féparez la peau d’avec les
chairs ', par le moyen du fcalpel, ou d’un
morceau de bois applati ; coupez avec des
cifeaux la racine de la nageoire étendue fur
le dos, & étant parvenu à l’origine de la
queue, rompez la colonne vertébrale; rien
ne vous empêchera plus alors de rejetter
la peau du côté oit vous êtes placé : fé-
parez-la d’avec la peau de l’autre côté, par
une incifion longitudinale; vous aurez alors
un côté de la peau à laquelle tiendront une
moitié de la tête, la nageoire implantée fur
le dos, la queue & les nageoires d’un des
deux côtés du ventre.
La peau ainfi préparée , étendez-fa fur
une table , de façon que le dedans foit en
deffus ; rempliffez la peau de coton ou
d’étoupes, que vous foulez, puis retournez
la peau fens deffus défions, en prenant garde
qu’il n’échappe de la fourrure que le moins
poflible.
Ayez de fortes épingles ou des pointes
de fil de fer ; enfoncez-les dans la table, de