
5poun,prouve^ ce fait, mettent un peu de fiel fur
ces Harengs8c qu’à Tinftanf, ils fe vuident. On
• les saonïraë:^ en quelques {endroits Harengs Bouf-
.fards, ou à la Boiùrfe. Comme le peu d’oeufs ou
de laite qui poùrroit leur relier dans le corps, fe
durcit. & de racornit, on leur donne , après la
:fàkifour, les: nom de Harengs cornés.
Les Harengs pecs font ceux qu’on pêche dans les
mers du Nord j'ils font très-gras , & leur chair
eft délicate; ôc.> de. bon goût ; mais comme elle
eft en même-temps huiieule, elle exige plus de
foin pour être confervée , 6c elle n’eftjamais auffi
blanche que celle des Harengs qu’on laie fur nos
côtes. On fait beaucoup de cas de ces Harengs,
particulièrement en Allemagne.
On prend, aux cotes dep-France, fur-tout Hkrôs
la Manche , quelques Harengs qu’on nommé Hal-
bourgs. Ils parodient dans -Une autre faifon que
ceux qui arrivent par bandes nombrfeufes il s’en
trouve fouvent dans les çianets:que l’on tend
pour la-pêche des Maquereaux. Quoique vuides
d’oeufs ou de laite, du moins pour la plupart,
ils font gros 8c même plus larges que les autres
Harengs ; leur couleur eft d’un brun plus foncé
que celle des Harengs pleins 8c même des gais.
Les fentiments font ' partagés fur l’origine des
Harengs Halbourgs. Les uns1 croyent que ce font
des Harengs qui font reftésidans nos mers, tandis
que les autres font retournés au Nord; ils le font
retirés ,i dit-on , dans les grands'fonds, fous des
pierres , 8c ils fe-montrent dans les faifons ou lés -
Harengs commencent à-1 voyager ; & -avant ceux
qui ont une longue route à faire pour arriver dans
nos mers. Suivant ce fentiment , les Harengè
Halbourgs ne lèroient point diftingués des Marchais
, dont nous avons parlé plus haut. Pour
rendre raifon de l’embonpoint de ces Harengs,
les Pêcheurs de Dieppe prétendent qu’ils viennent
des côtes d’Angleterre, où ils ont été fe rétablir
de la maladie du frai, 6c où ils fe font engraHTés
par la bonne'nourriture qu’ils y ont trouvée. Ils
ajoutent qu’on en prend en Juillet qui font pleins , :
& qu’après avoir jette leurs oeufs 8c leur laite ;
ils maigriffent comme les Harengs ordinaires.
D’autres veulent que les Halbourgs foient des
Harengs du Nord qui ont quitté leur bande, dont
ils font comme les avant-coureurs', ce qui fait
qu’ils font gras, comirie les Harengs pecs', dont ils
ne diffèrent qu’en ce qu’ils font arrivés plutôt dans
nos mers. M. Duhamel n’ofe affùrer que lés Halbourgs
foient de vrais Harengs , d’autant plus ,
qu’outre les différences; indiquées plus haut , on
apperçoit, félon cet Auteur , d’autres marques
diftinftives qui paroiffent défigner une efpècé à
part. Mais d’après ce qu’il ajoute, qu’il n’eft pas
aifé de rendre ces marques diftinélives par écrit,
ni même à l’aide du deflein , on peut juger que
les poifTons fur qui on les obferve , ne font que
des variétés de Tefpèce dont il s’agit. M. Duhamel
s’eft permis ailleurs une conjecture qui poùrroit
réfoudre k difficulté. Il préfume que le Halbourg
n’eft peut-être que la grande efpèce de Hareng
qui , fuivant Linnæus, habite la mër-Baltique ;
tandis que. ceux du golfe de Bothnie font fenfi-
blement plus petits.
On nomme Harengs de Yarmouth ceux qu’on
prend dans les mers d’Angleterre , 6c Harengs du
Canal ceux qu’on pêche dans la manche. Ces dif-
tin&ions | qui tiennent à des circonftances locales ,
ne peuvent être de quelqu’utilité que relativement
au commerce. Quant aux différentes préparations
du Hareng , ainfi qu’aux dénominations qui y ont
rapport, nous en parlerons dans la fuite.
Rondelet dit que le Hareng meurt auffi - tôt
qu’il eft forti de l’eau , ce qu’il attribue à la grandeur
des ouvertures5 de fes ouïes. WillughBy rapporte
le même fait'$ 6c ajoute que c’eft-là ce qui a donné
lieu à un adage anglois , qui fignifie auffi mort
qu’un Hareng. Mais, fuivant M. Duhamel, c’eft
à tort qu’on a dit que le Hareng expiroit dès qu’il
fe trou voit à l’a ir , 6c qu’aucun Pêcheur n’avoit
jamais vu ce poifTon. en vie. Cela n’eft vrai que
pour les Harengs qu’on prend dans des filets où
ils font étouffés , ce qui arrive à beaucoup d’autres
poifTons ; mais, les Pêcheurs parquiers , qui les
prennent avec des trubles, lés voyent fouvent
remuer dans leurs paniers ; quelques-uns affinent
même qu’ils en ont vu s’agiter dans leurs mains ,
en les ouvrant pour les habiller.
Le Hareng eft un poiffon de mer , 8c, en même-'
temps de paflage, mais qui ne remonte point dans
Teau douce comme les Alofes. Si l’on en rencontre
quelquefois dans les rivières, à une certaine distance
de l’embouchure, c’eft qu’ils ont été forcés
de s’y réfugier pour échapper à la pourfuite des
poifTons voraces , ou même au danger de la mer
dans les temps de tempête.
C’eft vers le commencement du primtemps que
les Harengs partent tous les ans du fond des mers
du Nord, par bancs confidérables, que Ton a nommés
flots de Harengs. On prétend qu’ils fuyent
alors devant les Baleines du Nord, qui fe réunifient
pour leur faire la guerre, 6c que les Harengs effrayés
au feul bruit que font ces ani’maux, entrent en foule
dans les détroits voifins, avec tant de précipitation ,
qu’ils font prefque fuffoqués en fe preflant les uns
contre les autres.
M. Anderfon, dans fon Hiftoire Naturelle de
l’Iflande , fait marcher les Harengs en ordre de
bataille, 6c.prétend qu’à certains endroits ils forment
des divifions qui fe portent les unes vers 1a droite,
les autres vers la gauche ; 8c qui fe partagent encore
à d’autres endroits en divers détachements, pour
fe porter plus loin : il fuit tous ces différents détachements,
6c trace dans un grand détail les diverses
routes qu’ils prennent, leur affigne des points
de ralliement, 6c les conduit enfin, depuis leur
fortie de^ abymes du Nord , jufqu’aux différents
termes où ils fe difperfent. Il eft naturel, fans
doute , qu’un flot de Harengs qui arrive, par exempie
. à la pointe d’une île , s’y divife^ en deux
colonnes , qui longent enfuite les deux côtes oppose
s de l’îie , 6c continuent de fûivre des directions
divergentes ; mais on croira difficilement que
les Harengs forment, toujours le même nombre
de divifions aux endroits affignés par M. Anderfon,
6c fuivent exactement toutes les foutes qu’il leur
a tracées. Son récit eft plutôt le réfuitat de quelques
©bfervations particulières , que l’ëxpofe d’un plan
uniforme que les Harengs feroient aftùjettîs à
fuivre régulièrement toutes les années. Nous nous
contenterons de diré en général , avec M. Duhamel
, qu’en confidérant les pofitions des endroits
où fe fait la pêche des Harengs , il y a lieu de
conjeâurer que ces poifTons nous arrivent par la
mer d’Allemagne, fuivent les côtes de TEcofTe ,
font quelque léjouf dans la mër d’Angleterre ,
où ils fë trouvent refTerrés y dé' manière qu’on en
prend une très-grande, quantité; Beaucoup y frayent
•6c difparoifTent enfuite , apparemment pour re-1
tourner au Nord , fuivant quelques - uns par les
côtés d’Irlande, 6c ceux qui arrivent aü terme du
voyage ne font que les débris de ces flots immenfes-
de Harengs, qui ont fourni aux différents peuples
fitués fur leur pafTage une nourriture abondante.
Ce qui femble prouver que les voyages des Harengs
font fujets à beaucoup de variations, foit
quant à leur époque , foit quant à l’ordre que
gardent ces poifTons, 8c aux direélions de leur
route , c’eft que les Hollandois , dans certaines
années , en rencontrent une quantité confidérable ,
en allant au-devant d’eux , près des îles Orcades,
de celle de Schétland, &c. ôc d’autres fois n’en
trouvent prefque pas dans ces parages. Oh'fçait
de même, par les nouvelles * publiques , qu’on
éprouvé de pareilles variations en Suède en
Dannemarck. On a été pendant plufteurs années:
fans prefque en voir vers l’embouchure du Texel,
en Angleterre , 6c pendant lès années fuivantes.,
on en a fait dans le même liéu une pêche «bon- ’
dan te.
' C ’eft un fentiment afTez répandu en Hollande ,
6c qu’on trouve rapporté par plùfieu-rs- Auteurs , ;
qu’il y a un Haïeng une-’fois -plus gros que' ïes^
autresauquel on àdonné le nom dè -Roi des-
Harengs. C’eft lui, dit-on, qui'paroît à la têtç
des' bancs , 6c qui les conduit. On ajoute que les ’
Pêcheur.s le refpe&ent, 6c . que quand ils l’ont pris ,
ils le remettent à Teau.
Il y à bien de l’apparence que ce prétendu Roi-
eft quelque poifTon d’une autre efpèce qu’on Ùùfa
vu nager de compagnie avec: un banc de Harengs ,
•6c peut-^tre le précéder ; le -goût :du merveilleux'
aura enfuite fait imaginer la fable de ce Roi' à
quelque voyageur, dont le récit, comme il n’eft
que trop ordinaire, aura été répété par d’autres
Au teui s , 6c' fe fèra ainfi accrédité, fahs que'personne
ait pris la peine d’examiner le fait. M. Duhamel
dit qu’on l’a âfîùré qûe cè Roi des Harengs
n’étoit autre cholb 'qu’une Truite.
Plufieurs Naturà'liftes penfent, 8c Réfidelet eft
de cet avis , qu’on ne trouve point de Harengs dans
la Méditerranée. Comme cë Natûraliftë s’eft occupé
particulièrement des poifTons dé la Méditerranée,
l'on fentiment eft iéi d’un grand poids, 6c Ton peut
préfumer que les prétendus Harengs cités par Bellon
6c par d’autres Auteurs, comme venant de la Mé-
diterrannée, étoient de grofles Sardines , que Ton
aura confondues avec ’des Harerigs ÿ à caùfe de la
■ refTemblance qui fe froùve eritre cës deux efpèces
: de poifTons. ■
On a lieu d’être furpris de. la grande-quantité
de Harengs qui paroît tous les ah’s' dans riôs mers,
lorfque Ton cbnfidère les dahgera auxquels' ' ce
poifTon' eft expbfé de toutes parts , ôc les différentes
caufes de deftruâion qui tendent à en diminuer
Pèfpècé; Il fer’t dè pâture aux Baleines ,
àüX Requins, aux Mofùés , 6c à d’autfes poifTons
moins1 gros , ! qui: Té jettent defTus avec d’autant
plus d’avidité , que ce doit être pour eux un mets
très-délicat, puifqué c’eft le meilleur de tous les
appâts qù’ayerrt encore éprouvé les Pêcheurs aux
haims. Joignez à cette calufe la voracité des oifeaux
marins qui fuivent en grand nombre les bancs de
Harengs, 8c Te faififlent de ceux qui s’approchent
de la fùpérficie de Teau. Enfin, quelle immenfe’
quantité n’en piennent point les Pêcheurs , depuis
leur départ'-duJ Nord j jufqu’a leur retour !
Il faut-que ce p'dîffoii ait'ite doué, par le Gtéat’eur ,
d’une fécondité' mërvéiU'eufë , pour réparer fans
ceffe des pértës fi confidérables 6c fi multipliées.
Le fentiment commun ëft que les Harengs ne
font qù’iinè pqnt.e‘chaque année ,‘ 6ç on peiife qu’ils
: viennent dans nés inërs.lpdùr y frayer. Mais il en
eft dè cés p'oiftbns: comnie du Saymon 6c de la
| T mite. Ils ùë frayent pàstoqs dans le'même-temps,
ôc :Tépoque du frai'eft èncbre fuftéptibîe de varier,
même dans chacun des lieux, où ils fe font rendus.
On a remarqué aficz généralement que dans les
années‘o.Ù l’air eft doux,' ils frayoient plutôt que
quand la faîfon,‘ktoit été très-froide. Quelquefois
on pêche'beaucoup de Hdrengs qui font déjà gais ,
au cèmniëùcëmént de Décembre, tandis que dans
d’autres àmiéë's, on en trouve èncbre beaucoup
’dè'-pleins én Janvier.De plus , parmi les Harems
qui entrent dans la Manche, quelques - uns font
' gais, pendant' que tous les autres ont encore leur
: laites ou leurs, oeufs , ce qui prouve, que dans
un même banc, il y en a qui frayent avant les
autres. Enfin ; 'qùbjquë les obfervations prouvent,
' ce femble , d’tnïe' manière inconteftable, que les
j :Harengs frayeqt fur nos côtes, lorfque Ton confi-
* '■ dère , d’une' autre part, Timmenfe quantité de ces
poifTons qui vient du Nord, on eft porté à croire
qu’il y en a auffi qui y frayent. Suivant la conjecture
de M. Duhamel, il poùrroit en être des Ha-
{ rehgs à-peu-près comme des abeilles, qui fe multiplient
d’abord dans leur ruche, 6c envoyënt enfuite
des eflaims , comme autant dé colonies, pour peu-
[ pler des rnches étrangères , lorfque la population