
qui jouiffent d’une telle réputation fur ce point \
qu’ils vont à Dunkerque, à Calais, à Boulogne, ôc, à
plus forte raifon, à Dieppe , exercer leur métier.
Pour faurir le Hareng, on ne le caque point ;
mais on fe contente de le brailler , c’eft-à-dire ,
de lui faire prendre un peu de fel. Les étuves dans
lefquelles fe fait cette opération font de différentes
grandeurs , & on les établit, tantôt au rez - de-
<hauffée, tantôt au haut de la maifon, chacun profitant
de l’endroit dont il peut difpofer. C’eft
quelquefois un petit bâtiment féparé. On a foin
de pratiquer æn haut des ouvertures pour laiiier
échapper la fumée. L’étuve eft traverfée de bas en
haut par des montants de bois, fitués verticalement
à une certaine diftance les uns des autres.
On attache le long de ces montants des taffeaux
ou des bouts de late , qui fe répondent à la même
hauteur fur les deux montants voifins, & qui re-
préfentent par leurs fituations refpeélives, des
bouts d’autant d’échelons, dont on auroit fup-
prinré la partie du milieu. On nomme ces taffeaux
chanlattes ou êcanlattes. On embroche les Harengs
par la tête fur des baguettes de coudrier terminées
en pointe par un bout, ôc qui portent le nom
Rainettes. On place enfuite les ainettes fur les chanlattes
, où elles repofent par leurs extrémités.
Comme les Harengs ont environ dix pouces de
longueur , il faut que les chanlattes foient à-peu-
près à onze pouces de diftance, les unes au-deffus
des autres, afin que les Harengs ne fe touchent
point : on a foin aufli de paffer les doigts entre
ceux qui font attachés à une même chanlatte ,
pour empêcher tout contaél de l’Un à l’autre ;
car tous ceux qui fe font touchés font mis au
rebut. Dans une étuve de dix pieds en quarré , fur
douze de hauteur , il peut tenir feize à dix- fept
mille Harengs.
Il eft bon de remarquer que les chanlattes ne
commencent qu’à fix ou fept pieds au -deffus du
terrein, afin que les premières rangées de Harengs
ne fe trouvent pas expofées à une chaleur trop
vive. Après qu’on a laiffé égouter le poiffon fuf-
pendu dans l’étuve, on allume , fur le fol, plusieurs
feux de trois à quatre bûches chacun, qui
doivent rendre autant de fumée que de chaleur, &
très-peu de flamme. De temps-en temps on change
les feux de place, afin que la chaleur & la fumée le
répandent également par-tout. On fe fert, à cet
effet, de bois de chêne, de hêtre ou d’aulne;
On entretient le feu fans interruption, pendant
quatorze ou quinze jours, ôc quelquefois plus; on
l’interrompt enfuite pendant trois jours , pour
laiffer égouter les Harengs, qui en effet deviennent
humides & rendent quelques gouttes d’huile.
<c C’eft alors, dit M. Duhamel, un lpeéfacle affez
Singulier , pour ceux qui entrent la nuit dans une
étuve où les feux font éteints : car non-feulement
tous les poiffons font lumineux, mais même toutes
les gouttes qui en découlent, femblent être des
gonttes de feu 17.
Lorfque les Harengs font fuffifamment égoutés ^
on rallume les feux que l’on entretient pendant
cinq ou fix jours, ou même davantage, jufqu’à
ce que les poiffons foient bien fecs. On les détache
enfuite des ainettes , & ôn les met dans des
barils pour les tranfporter.
Il y a des Harengs auxquels on ne donne qu’un
demi-apprêt, c’eft-à-dire, qu’on les fale ôc qu’on
les fume peu. ,11s font préférables aux Harengs
fa u r s , mais ils fe confervent moins long temps.
On les nomme appétits ou craquelots, ôc quelquefois
boufis , parce que le feu dilate ôc fait gosier
le volume de leur corps. ( Cet article a été extrait
en grande partie du Traite de Pêches de M. Duhamel
, 2e partie , feél. 3 , pag. 335 &. fuiv. )
HARENG DE LA CHINE, Efpèce de Clupe.
Clupea JinenJis. L in . Syji. nat. Pifces abdorn.
Clupea, /2°. 11.
Clupea radio extimo membrance branchiojiegæ poj-
tice truncoto. Ibid.,
Cette efpèce de Hareng a beaucoup de reffem-
blance avec le Hareng ordinaire ; mais fa largeur
eft plus confidérable ; les mâchoires font dépour--
vues de dents. Les opercules des ouies recouvrent
j la membrane des mêmes parties, dont le rayon
extérieur eft comme tronqué, ou plutôt fe confond
avec l’extrémité de l’opercule.
Ce poiffon a quatre nageoires, qui ont chacune
feize rayons ; fçavoir celle du dos, celle de
l’anus, ôc les deux de la poitrine. Les nageoires
du ventre en ont chacune huit.
On trouve cette efpèce dans la mer voifine de
la Chine.
HARENGS DU NORD. ( le Roi des ) Efpèce
(Je Roi des Harengs.
Chimeera monjlrofa. L in . Amphibia Nantes. Chi-
meera9 n°. i*
Chimeera rojlro fubtus plieis pertujis. Ibid.
Faun. Suec. 294. •
Gujin. a61. nidros. 2. p. 270. t. 5. 6.
Chimeera. M u f . Ad. Fr. 1. p . 53. t. 15.
Squalus caudâ. longiore quam ipfum corpus^
Arted. gen. 68.
Genus Galet, d u s exot. 136. t-, 13y.
Galeus Acanthias Clufii exoticus. WiiLUGH*
P ‘ 57-
Galeus Acanthias• Rai. p. 25.
Vulpecula Streem. 289.
Simia marina. Bellon.
En Angleterre, The Sea tox or Ape.
Artedi, Willughby, ôc plufieurs, autres Natura-
liftes', ont placé ce poiffon dans le genre des
Chiens de mer, avec lefquels il a effectivement
beaucoup de reffemblanee. Nous avons préféré
de fuivre Linnæus ôcM. Brouffonet, qui ont cru
devoir le diftinguer du genre dont il s’agit, « Dans
les efpècès qui appartiennent au genre desChiens*
de mer , dit M. Brouffonet ( Mém, de VAcad. des
Sciences, an. ,1780, pag. 641.) le nombre des
évents (ce font les ouvertures Ses ouies ) fe porte
iufau’à fept, & n’eft jamais au-deffous de quatre ; I
cecaraâère empêche qu’on ne les confonde avec
les poiffons Cartilagineux qui n’en ont quun, tels
que les Eftiugeons , & ceux que Linnæus a corn-
pris fous le nom de Chimeera ».
La defcription que nous allons donner de ce -
poiffon , eft tirée prefque -toute entière de Wil-
lughby, qui l’a faite fur un individu pris en 1601,
dans l’Océan feptentrional, par des Pêcheurs qui .
alloient à la pêche des Harengsf .
Le corps de ce poiffon étoit long d environ J
trois pieds. Il avoit une couleur cendrée obieure, .
dans laquelle on voyoit encore des teintes dun
blanc éclatant, principalement fur le dos, ce qui >
faifoit conje&urer que le poiffon, lorfqu il etoit
encore vivant, avoit eu une couleür prelquè j
argentée. ( Selon Linnæus, la couleur naturelle de j
ce poiffon eft jaunâtre.) Il avoit un pied de cir- I
conférence au milieu du corps. Il etoit cartilagi- j
ijeux ôc couvert d’une peau liffe. Le mufeau etoit j
large , mais fe terminoit en pointe obtufe. Les yeux j
étoient grands. Il fortoit de leur partie inférieure j
une membrane qui en .s’élevant les recouvroit
comme d’un nuage. L’ouverture de la gueule etoit
médiocre ÔC fituée dans la partie inférieure de la ;
tête. Les mâchoires fe terminoient en angle obtus,
•à-peu-près comme celles du Singe. Ce pomon
avoit quatre dents, deux à chaque mâchoire ; ces
dents étoient creufées par des filions qui iembloient
en multiplier le nombre. _ ,
Le corps alloit en diminuant infenfiblement de
groffeur depuis la tête. 11 y avoit une épine ou un
aiguillon à la naiffance du dos. Cette epine avoit
fix pouces de longueur : elle étoit large creufe a
fa bafe , ôc' très-aiguë à fon extrémité. Elle etoit
portée fur une nageoire longue d’environ quatre
pouces. , r 1
Il n’y avoit de chaque côté quun leul trou
fort ouvert pour les ouies. Derrière ces parties
étoient les.nageoires de la poitrine, longues de
neuf pouces. 11 y avoit deux autres nageoires aux
deux côtés de l’anus ; elles étoient longues <te
quatre pouces, Ôc fendues en deux ; mais Willu-
ghby n’a pu découvrir fi cette fente étpit naturelle
petites lames offeufes. 11 eft fait mention » dans la
même defcription , de quelques autres cara&ères
qui ne font point cités par 'Willughby, &■ dont
voici les principaux. Les ouvertures des ouies»
uniques de part & d’autre, ainfi qu’on l’a dit, font
intérieurement partagées en quatre divifions. La
queue, qui eft plus longue que la moitié du corps,
reffemble à une lance par fa forme ; elle eft garnie
par-deffous d’une efpèce de nageoire, & terminée
comme par un fil. Artedi, dans la phrafe citee ci-
deffus, dit que la queue eft plus longue que le
corps entier , ce qui peut^fe concilier avec la di-
menfton attribuée à cette partie par Linnæus, ft
l’on fuppofe qu Artedi y comprenoit l’appendice
filamenteufe qui la termine. Le mâle , dans cette
efpèce , fuivant le même Linnæus, a fur le fom-
met de la tête un barbillon très - court , dont
l’extrémité fupérieure eft en forme de pinceau, ôc
entouré de petits aiguillons. On voit aufli fur le
ventre, antérieurement aux nageoires de cette
partie , deux pédicules très-courts, femblables »
de petits ongles.
Linnæus dit encore que ce poiffon fe trouve dans
la mer Atlantique, qu’il ne paroît que la nuit, ÔC
qu’il vit des coquillages que fournit cette mer.
■ Selon Artedi , il eft inconnu dans l’Océan , ôc ne
fe trouve que dans la Méditerranée.
, ou fi on ne l’avoit pas faite a deffein.
Un peu au - deffous' de la nageoire qui portoit
l’épine dont on a parlé, il y avoit, fur le-dos,-
une fécondé nageoire d’une forme particulière, j
Cette nageoire fe prolongeoit inégalement prefque
jufqu’au bout de la queue, laquelle, depuis 1 endroit
où finiffoit cette même nageoire, étoit tres-mince j
ôc reffembloit à-peu-près à celle d’un Rat. ^
La defcription que Linnæus a donnée du meme
poiffon , ne diffère fenfib'lement de celle qu’on
vient de lire, que par rapport.au nombre ôc à la
forme des dents. Selon cet Auteur, la mâchoire
fupérieure du poiffon eft garnie de deux dents in-
cifives , & de deux molaires fituées intérieurement
aux précédentes , ÔC. relevées par trois côtes ; il.
ajoute que l’oa voit à la mâchoire inférieure deux
HARENG DES TROPIQUES, (le ) Efpece
de Clupe.
Clupea Tropica. Lin. Syfi. nat. Pifces abdomin.
Clupea, rt . 10.
Clupea caudâ cuneïformi. O s b e c k , ltin. 300*A
Cette efpèce de Hareng a le deffus de la tete
incliné en avant ; les yeux fitués auprès de la
gueule , dont l’ouverture eft irès-ample ; la mâchoire
inférieure plus longue que celle d’en-haùt
les dents difpoféesfor une feule rangée ; les opercules
des ouies couverts d’écailles.
Le corps eft comprimé , large, dentelé en-def-
fous , ôc d’une couleur blanche. Les lignes latenraies
font droites , Ôc plus voifines du dos que du
ventre. • :
La nageoire du dos s’étend depuis le milieu de
cette partie julqü’à la queue ; elle a vingt- fix'
rayons. Les nageoires de là poitrine en ont dix-
fept, ôc celles du ventre fix. La nageoire -de l’anus
eft exaâement oppofée ôc égale à celle du dos ;
elle a feize rayons. La nageoire de ia queuer eft
en forme de coin. • ■ ' »
On trouve c'e poiffon auprès de Pile de l’Alcenfl°
HARENGADE ou HARENGUYÈRE. C’eft
le nom que l’on donne à une efpèce de manet,
dont on fe fert pour la pêche des Harengs. Voyt1
M a n e t .
HARENGS DU SUD. ( le Roi des ) V. R o i.
HARANGUYÈRE. Voye^ H a r en g a d e .
HAROUELLE. Voye^ A r o n d e l l e .
HARPON. Efpèce de dard attaché à un manche
de bois, qui fe lance fiv le poiffon, comme ou
C c i)