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examinant un individu de cette efpèce à travers
une phiole, où il étoit renfermé dans le Cabinet de
l’Académie de Pétersbourg , s’appeiçut que le
poiffon avoit un long filament qui pendoit de la
partie poflérieure du dos , caractère qui ne fe
trouve dans aucune autre efpèce de Gymnote;
mais ce qui furprit le plus M. Pallas , ce fut de
voir fur la même partie une efpèce de canal longitudinal,
dont lesdimenfions paroiffoient fe rapporter
fi exattement à celles du filament, que ce
Naturalifte fut tenté de croire , aii premier afpeft,
que quelqu’un s’étoit amufe a entailler avec un
couteau le. dos de l’animal, & en avoit détache
adroitement une lanière qu’il avoit laiffee attachée
au dos ; mais après- avoir retiré l’individu de fa
phiole , & l’avoir confidéré attentivement, il reconnut
que ce qu’il avoit pris d abord pour une
fraude de l’art, étoit un jeu de la nature.
L.a longueur de ce poiffon , fuivant le meme
Auteur, eft d’environ quinze pouces. Il a la tête
plus épaiffe que le corps , d’une forme à-peu-près
conique , denuée d’écailles , d’une fubflance charnue
& percée d’une multitude de petites ouvertures
femblables à des. pores. La pointe du mu-
feau eft d’une confiftance très-molle. , .
La gueule'eft d’une forme fingulière. La lèvre
fupérieure , qui eft, très- épaiffe, fe prolonge de
part & d’autre, à l'extrémité du mufeau , & recouvre
la lèvre inférieure ; elle eft de plus marquée
intérieurement de plufieurs rides longitudinales.
La lèvre inférieure a auffi de chaque côté un
■ prolongement enforme de. crete, cachee en partie
par la levre d’èh-haut , comme nous l’avons dit : •
fon extrémité eft molle & épaiffe ; elle eft fillon-
née , ainfx que la lèvre fupérieure, pair des rides
qui partent du gofier,. &. qui s’étendent à l’extérieur
fur tout le contour de la gueule.^ On voit
devant le palais une protubérance hériffee detres-
petites dents ; les bords de la mâchoire inférieure
.font offeux , &, pareillement garnis de denticules
fur le dedans de leur partiè antérieure,.
Les narines font femblables à deux petites fentes
bordées de membranes ; les yeux font petits &.
recouverts par la peau de la tete. On apperçoit
».u-deffus de c.es organes deux petites ouvertures,
& plufieurs autres fur l’occiput, les opercules, &
la bafe de la mâchoire inférieure.
Les nageoires de la poitrine font noires, & garnies
chacune de feize rayons , dont le premier eft
double à l’endroit de fon infertion.
La nageoire de l’anus commence auprès de la
tête, & a cent quarante-fept rayons, dont les premiers
& les derniers font {impies & très-petits , &
les intermédiaires rameux. ^
A l’oppofé de cette nageoire, on voit furie dos
Je filament dont nous avons parlé plus haut, &
qui eft d’une couleur brune 5 d’une fubftance tres-
molle , convexe en-deffus, un peu excave en-def-
fous, marqué fur le même côté d’une efpèce de
future blançhe,
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La queue eft terminée par une nageoire > ce qui
eft encore particulier à l’elpèce dont il s’agit. Cette
nageoire eit petite, d’une figure ovale & garnie
au moins de vingt rayons rameux.
Le deft'ous du corps eft aminci en forme de
tranchant. Les lignes latérales ne font formées a
leur naiffance que par deux rangées de pores tres-
fenfibles, qui defcendent depuis l’endroit de la
nuque jufque vers l’angle fupérieur des ouiës; leurs
parties ultérieures font compofées d’écailles affez
grandes, relevées en faillie par leur milieu , &•
percées d’un pore à leur fommet ; elles s’étendent
parallèlement au dos jufqu’à l’extrémité de la queue.
Les écailles qui recouvrent le corps-font arrondies ;
les plus petites font fur le dos ;ies plus grandes
font fituées au-deffous des lignes latérales; celles
du ventre font difpofées en recouvrement.
La couleur du corps eft d’un noir fonce. La
tête eft blanchâtre fur toute fa partie denuée d’écailles
: de plus , on voit une bande d’un blanc de
lait, qui prend fon origine à l’extrémité de la mâchoire
inférieure , & delà s’étend longitudinalement
fur la tête , s’amincit à l’endroit de la nuque,
& ne forme plus qu’un trait délié qui fe prolonge
jufque vers le milieu de la longueur du corps où
il difparo.it. La queue eft blanche vers l’extrémité
du filament dont on a parlé , & ce filament eft de
la même couleur fur l’efpace correspondant qui
■eft d’environ un demi-pouce. Au-delà de cet espace
, la queue eft brune; la nageoire qui la termine
eft blanche , & marquée vers fa bafe d’une
raie brune tranfverfalç.. , .
On trouve ce poiffon près de la côte de. Surinam.
PASTENAGUE. (la ) Efpèce de Raie.
Raja Pafiinaca. L I N. Amphib. nantes. Raja;
n°. 7 .
Raja, corpore glabro, aculeo Ion go anteriüs fer-
rato 3 caudâ & dorfo aptçrigio, Ibid.
Muf. Ad. Fr. 2. p. 51.
Raja corpore glabro , aculeo longo anteriüs fenctto
in caudâ aptcrigiâ. A rt. Gen. 72, fy n . 100. ..
0e rÇvyùv. Arist. L. i . c.,5. Z. 5. c. 3. 5. Z. 6.
10. 11. Z. 8. c. 13.. L. c/. c. 37. part, animal. 4.
c. 12.
TçvycàviÆ lian. Z. i . c. 37. 56. Z. 2. c. .36. 50.’
Z. 8, c, 26. L. 7, ç. 8. -
Athen. Z. y .p . 3O0. & çirçafinem.
O ppian. Z. 1. p., 5. Z. 2. p. 46.47.48.
Pafiinaca. Rondel. Z. 12. c. 1. p. 331,
Salvian. fo l. 144. 145,
Pafiinaca marina. Gesn. p . 679. & (Germ. )
p. 63. a.
Jonston. Z. 1. t. 1. c. 3. a . 3. punEt. 2. t. 9.
f i 7* ' | I
-Pafiinaca marina nofira, Aldrov. Z. 3. c. 40.
p . 426.
Pafiinaca marina oxyrinchos. Schonëv.p. 58.
Pafiinaca marina prima Rondel, Willugh.
P. 67, . *P
afimacq
P A S
Pafiinaca marina lavis. BellON,
R a i ./?. 24.
Pafiinaca & Turtur 6* Trigon, hodie Bruccus
diEla. ^ .. >r -,
P . J o v . C. 20. p. IO Ï .
/S. Raja altàvèla corpore glabro , aculeis duobus
37. z 3 z . q . y . ». \ ^ - ■ _ :
; Pafiinaca marina altéra pteryplateja feu altaveta.
•‘CoLUMN. aquat. 4. t. 2.
En Angleterre, Pire - Flaire ; a Rome, Bruâo
"ou Bruc/ib.' ■
.< ■ Ce poiffon eft large , quarré, épais par le milieu,
aminci vers les .bords, liffe, d’une coulèur
bla'nche par-deffous, & par-dëffus d’un jaune faië,
excepté fur le dos qui eft livide ou bleuâtre , ainfi
que la queue; il n’a que deux nageoires qui font,
fituées de part & d’autre de l’anus, mais tout fon
’corps forme en fe rétréciffant une efpècè ,de nageoire
continue. La furfacé inférieure eft tout-a-
^ait plane ; celle dé deffus éft convexe'. Le mufeau
eft fort aigu. Les yeux font très - faillants, leurs
prunelles & leurs iris font d’une forme ovale
alongée ; la couleur de l’iris tire fur celle tdeè l’on.
La partie fupérieure de l’oeil eft comprimée & recouverte
d’uné peau. Les trous qui font derrière
les yeux , approchent de la figure d’une oreille1, &
peut-être , fuivant Willughby, font-ils la fonâion
de cet organe ; leur grandeur eft telle qu’on y peut
faire entrer aifément le petit doigt' ; ils communiquent
avec l’int;érieur de la gueule. L’ouverture de
ceHe-ci eft petite & de la même forme' qu’aux
autres poiffons de. ce genre. Les mâchoires font
■hériffées d’afpérités ou de grains tuberculeux.
Les ouvertures des narine? font très-grandes &.
fituées auprès de la gueule. Les ouies font un peu
au-deffous de cette dernière partie, & à des distances
inégales , dont la plus grande fe trouve
entre les premières ouies , & la plus petite entre
les dernières.
La queue eft ronde , longue & liffe, comme
tout le corps. Elle eft épaifle jufqu’à la naiffance
de l’aiguillon de fa bafe, qui eft j de la longueur
d’un doigt, & garni des deux côtés de dents fèm-
blables à celles d’une feie , & recourbées vers la
tête. Au-delà de cet aiguillon , la queue diminue
fubitement & finit par être aufli deliée qu’une
foie.
Ce poiffon eft venimeux feulement par fon aiguillon
, & c’eft pour cette raifon, qu'avant de le
vendre on lui coupe la queue, pour prévenir les
dangers auxquels l’ignorance pourroit expofer ceux
qui l’achètent. Les anciens ont débité des. chofes
merveilleufes fur les effets du venin renfermé dans
cet aiguillon, mais qui ne méritent pas d’être rapportées.
On lui a attribué aufli des vertus .qui ne
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paroiffent pas mieux fondées , pour guérir certains
maux, entr’autres celle de faire tomber tout-
à-coup une- dent malade , lorfqu’on y appliquoit
l’aiguillon dont il s’agit. , .
Salviani dit que les plus gros poiffons de cette
efpèce qu’il ait vus-pefoient dix livres.
La variété /3 eft décrite dans Colomna , qui lui
trouve beaucoup de reffemblance avec la Mourine.
( Voye^ ce mot. ) Mais fuivant Linnæus, cette variété
appartient à l’efpèce de la Pafienague , dont
elle ne diffère qu’èn ,.ce qu’elle a deux aiguillons
*fur la queuè ,“au lieu d’un leul. Pour expliquer cette
différence , Linnæus remarque que comme l’aiguillon
de la P afienague tombe & repouffe chaque
année , il arrive quelquefois que le nouvel aiguillon
paroît avant que l’ancien ne foit tombe ;
ce qui a/ pu faire croire que le^ poiffon dont il
s’agit avoit naturellement deux aiguillons toujours
fubftftans. , ' c^.'T 1 /
Colomna dit que de ces deux aiguillons, le
plus antérieur qtii eft en même-temps le plus court,
fe trouve creufé d’un bout à l’autre en forme de
canal, & que le fécond eft marqué de trois filions.
Cette diverfité n’eft fans doute qu’apparente, ôt
vient de ce que le premier aiguillon, qui eft celui
de Tannée , n’ayant point encore pris fon accroif-
fement, on n’y apperçoit diftin&ement qu’un feul
des filions qu’il doit avoir dans la fuite ; les deux
autres n’étant pas encore fenfibles , parce qu'ils ont
moins de profondeur,
La chair du poiffon dont il s’agit, fuivant Colomna,
eft affez agréable au goût. Cet Auteur
ajoute qu’il n’a pu entendre fans rire des Pêcheurs
Napolitains , affurer que la P afienague voloit quelquefois.
Ce préjugé, populaire fe retrouve dans
Ælien.
On trouve la Fafienâgue dans les mers de
l’Europe.
PAUPIERE, ( la ) Efpèce de Perfegue.
Perça palpebrofa. L in . Syfi. nat. Pifces thoracici.
Perça, n?. 15*
Perça pinnis dorfalibus unitis , palpebris macula
fu fcâ , lineâ laterali curvâ , caudâ integra. Ibid.
Le principal caraûère diftinéfif de cette Perfegue
fe tire d’une tache noire qu’elle a de chaque côté ,
au-deffus de l’oeil, à l’endroit de la paupière. Ses
lignes latérales font courbées en arc. Les deux nageoires
du dos n’en forment qu’une , qui eft garnie
de douze rayons épineux, & de vingt-un mous &.
flexibles. Les nageoires de la poitrine en ont chacune
quinze , celles du ventre fix, dont un épineux.
La nageoire dé l’anus en a onze, dont les deux
antérieurs font pareillement épineux. Celle de la
queue eft entière & garnie de dix-fept rayons.
Ce poiffon, qui eft un des plus petits de fou
genre, fe trouve en Amérique.
Nifoire Naturelle, Tome l l l . O O