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Le lendemain on répéta l’expérience qui eut le
même fuccès. Lorfqu’on agitoit fortement l’eau
avec la main, par un mouvement circulaire , elfe
jettoit une lumière fi vive, que des perfonnes qui
la regardoient à quelque diftance au bout d’une
autre chambre , crurent que c’étoit la lune qui
donnoit par la fenêtre fur un vaiffeau plein de
lait. Si l’on augmentoit encore la vîteffe du mouvement
imprimé à l’eau, l’éclat qu’elle répandoit
égaloit celui de la flamme , & on voyoi.t fortir
des jets de lumière de toutes les parties extérieures
des poiflons, & plus encore de leur gofier,
& de quelques autres endroits où il s’étoitfait apparemment
des ruptures pendant l’ébullition de l’eau.*
Suivant M. Anderfon, les Maquereaux fe~:raf-
femblent par troupes pour faire de grands voyages.
Cet Auteur croit qu’ils féjournent l’hiver dans le
Nord; qu’au printems ils côtoyent l’Iflande, paf-
fent auprès de l’Ecoffe & de l’Irlande, puis fe
rendent dans l’Océan , d’où une partie pénètre
dans la Méditerranée, pendant que les autres fe
répandent dans la Manche. Ils paroilïent en Mai
fur les côtes de France & d’Angleterre , en Juin fur
celles de la Hollande. Une partie fe rend, au mois
de Juillet, dans la mer Baltique, & une autre
retourne au Nord en côtoyant la Norvège.
C’eft pendant les mois de Mai & de Juin que
les Maquereaux , qui fréquentent nos côtes, font
à leur point de perfection. Ceux qu’on prend à la
fin de Juillet & en Août ont jetté leurs çeufs &
leur laite, & font chevillés, félon le langage du
Pêcheur. En général, les Maqueraux que l’on pêche
près des côtes de la France font préférables à ceux
qu’on va chercher dans le voifmage de l’Angleterre.
Les Harengs font dans un cas tout contraire,
& on eftime davantage ceux qui ont féjourné dans
la partie de la mer qui eft vers l’Angleterre.
La pêche de ce poiflon eft pratiquée plus particulièrement
par les François que par les autres
peuples. Les Bretons, les Normands, les Picards
la regardent comme une de leurs principales ref-
fources, quoiqu’inférieure à celle qu’ils retirent
du Hareng. Les Hollandois, qui ont aflez peu de
Maquereaux près de leurs côtes, ne les falent point :
cette préparation n’eft pas non plus en ufage chez
les' Anglois. Ainfi, à cet égard, les François n’ont
point de concurrent.
Les Maquereaux font très-voraces, & fe jettent
aflez indifféremment fur toute forte dlappât ; aufli
en prend-on beaucoup avec les haims : on fe fert
encore , pour cette pêche , du libouret. Voyeç ce
mot. On y employé aufli des filets, & particulièrement
des manets faits d’un fil très-délié, &
que l’on réunit quelquefois jufqu’au nombre de
trois cens, qui forment une teffure de près de
mille brades de longueur. Les temps orageux font
les plus favorables pour cette pêche, parce qu’alors
les Maquereaux, qui fmt fort agités, s’approchent
de la furfâce de l’eau, en forte que l’on en prend
lan grand nombre dans les filets tendus‘à une peti te
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profondeur ; mais quand l’air eft ferein & la mer
calme , il faut aller chercher le poiflon entre deux
eaux, & dans ce cas la pêche eft peu abondante.
On fale les Maquereaux que l’on veut conferver,
en leur donnant d’abord un premier fel, après.les
avoir vuidés, & en les paquant enfuite dans des
barils, comme cela fe pratique à l’égard des Harengs.
Voye£ ce mot. Les Maquereaux que l’on
réferve de préférence pour être mangés frais, font
ceux qui ont le corps épais & court.
Il y a une variété du. Maquereau , qui n’eft point
tachetée, & qui fe trouve plus rarement que celle
qui eft rayée de bleu & d’u.n beau noir. Les François
donnent à cette variété le nom de Marchais.
On la pêche par hafard , & feulement pour les
amateurs d’Hiftoire Naturelle ; car elle eft peu
eftimée pour l’ufage des tables. (Extrait du Traité
des Pêches , de M. Duhamel, 2e. part. fe£t. 7 ,
chap. 1.)
MAQUEREAU BATARD. Voyez G a sc o n .
MARBRÉE. (la Lamproie)
Petromy^on marinus. L in . Syfl. nat. amphïbia
nantes. Petrornyçon, n°. 1.
Petromy\on ore intus papillofo , pinnâ dorfali
pojleriore à caudâ diflinâlâ. Ibid.
Faun. Suec. 292.
Petromy^on maculofus, ordinibus dentium circiter
viginti. ARTEDI. Gen. 64. fyn . 90.
Lampetra. P. Jov. c. 34. p. 109.
R o n d e l . L . 14. c. 3. p. 398.
C h a r l e t . p, 153.
WlLLUGHBY. p : 105.
Rai. p. 35. ■ ' .
G e sn e r . (Germ.) fo l. 1S0. b.
Lampreda Kentmanni. G esn. paralip. p. 22 '.
Lampreda marina. G esn. patÈlip. p . 22.
Lampetra maculofa 6* bicubitaus. S a l v . fo l. 63. a»
Lampetra major. Sa lv ia n . fo l. 63. b.
A l d r o v . L . 4 . c. 13. p . 539.
J o n s t o n . L . 2. tit. 2. c. 3. t. 24. f 3.
Muflela five Lampetra. Bel l ON.
G esn. p . 390.
En Italie , Lampreda; en Angleterre , Lamprey ;
or Lamprey Eel.-
Cette Lamproie a le corps noirâtre , avec des
taches pâles & d’une figure anguleufe, femblables
à celles dont le corps de la J_,otte eft moucheté.
Sa peau adhère fortement à la chair, moins cependant
que celle de l’Anguille, & on ne l’enlève
pas, lorfqu’on prépare cette Lamproie pour l’ufage
de la table. Ce poiflon reflerre tellement fa gueule,
pour faifir la pierre ou le bois , qu’on croiroit qu’il
les fuce ; il faut même faire des efforts pour l’en
détacher, ce qui la fait comparer à la Sangfue.
Le.fommet de la .tête eft marqué, entre les deux
yeux, d’une tache blanchâtre , auprès de laquelle
eft un petit tube, environné d’une membrane un
peu faillante , & ouvert jufques dans la gueule.
Nous avons parlé de l’ufage de ce tube à l’article
de la Lamproie Branchiale. (Voye^ B r a n c h ia l e ).
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Le bord de la gueule eft garni de fibres qui le font
paroître déchiqueté , •&. qui aident, à ce qu’on
préfume, le poiflon à s’attacher plus fortement
aux corps qu’il femble fucer. Quelques-uns ont
pris ces fibres pour des dents enduites d’une efpèce
de poix qui facilite l’adhérence du poiflon aux
corps qui fe trouvent à fa portée. Mais la Lamproie
a dans l’intérieur même de. la gueule plufieurs
rangées de dents proprement dites, qui vont en
croiffant vers les parties du fond. Ces rangées, qui
font à-peu-près au nombre de vingt, s’étendent
du centre à la circonférence , & chacune d’elles
eft compofée de quatre, cinq ou fix dents» Vers
le fond de la gueule , on obferve deux autres
rangées de dents, plus petites que les précédentes;
la plus conftdérable de ces rangées repréfente une
lame de feie , garnie de dix petites pointés de
part & d’autre ; les dents qui la compofent font
contiguës; celles de l’autre rangée font féparées",
de manière qu’on apperçoit entr’elles la peau de
l’animal. Les ouvertures des ouies font au nombre
de fept de part & d’aut.re. Il y a deux nageoires
I ' dorfales, dont la fécondé eft diftinguée de celle
de la queue.
Au relie, ce poiflon & la Lamproie Branchiale
fe reffemblent beaucoup par leur forme ; mais
outre les caraétères diftinélifs exprimés dans les
phrafes relatives à ces deux poiflons , on a obfervé
que la Lamproie Branchiale étoit beaucoup plus
petite que l’autre, & cette différence feule,' qui
paroît être confiante, a fuffi à plufieurs Auteurs
pour les diftinguer. L’individu obfervé par Gefner,
Auteur de la defeription précédente , avoit trois
pieds de long, & la circonférence de fon corps,
prife immédiatement au-deffous des ouies, étoit
d’environ cinq pouces de diamètre. La Lamproie
fe trouve tantôt dans la mer & tantôt dans les
grands fleuves qui. vont y décharger leurs eaux.
MARCHAIS. On appelle ainli en France une
variété du Maquereau , qui n’eft point tachée,
comme la ^plupart des poiflons de cette efpèce.
Voye\ la fin de l’article M a q u e r e a u .
MARCHAIS. (Hareng) C’eft le Hareng vuide
de laite ou d’oeufs, après qu’il a frayé , mais qui
s’eft rétabli de la maladie du frai. Voye^ H a r e n g .
MARCOLIERES , terme de pêche ufité dans
le reflort de l’Amirauté^ de Poitou, ou des Sables
d’Olonné. Ce font les filets avec lefquels on fait,
la nuit & pendant l’hiver, la pêche des oifeaux
marins. D’autres nomment ces filets Alourets &
Alouraux ; mais on les appelle Marcolieres, parce
#qu’on y pêche des Macreufes. D itf. des Sciences,
Arts & Métiers.
MARE. On peut .tirer un parti avantageux de
certaines mares profondes qui ne tarifent jamais,,
pour y entretenir du poiflon, comme dans les
étangs. « Si l’on jette dans une de ces mares, dit
« M. Duhamel, dix à douze Carpes oeuvées &
v trois ou quatre laitées , on pourra fe procurer
i) plufieurs milliers de Feuille ou d’Alvin, pourvu
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î> qu’il n’y ait ni Brochets, ni Perches, & qu’on
» n’y envoyé pas les beftiaux pour les laver &
jj les faire boire ».
. MARME. Voye{ M o r m e .
MARMO. Voye$ D enté.
MARQUETTE. On appelle ainfi en Bretagn*
les Sèches dont on fait des amorces.
MARRON, (le) Efpèce de Spare. _
Sparus chromis. L in . Syfl. nat. Pifces thoracici.
Sparus , n°. 14.
Sparus caudâ bifidâ, radio ventralium fecundo
fetaceo. Ibid.
Sparus ojjieulo fecundo pinnarum ventralium in.
longam fetam quafi produtfo. A r t e d i. Gen._ 37.
fyn . 62.
O' yj'Sp.rf, ypopis yyopj<r, Arist. L . 4. c. 8.9.
& L . 3. c. 9. & L . 8. c, 19.
Xplp.it. Æ l ia n . L . 9. c.-y. p. 316. & L . 10.
c. n . p . 382. i
At h e n . L. y. p. 318.
Chromis. O v id . H ai, v. 121.
P l in . L . 9. c. 16.
G az. in A r is t . L . c.
R o n d e l . L . 3. c. 21 . p. 132.
G esn. p. 223. & 264. 6* fo l. 26. b. E. G.
A l d r o v . L . 2. c. 14. p. 168.
J o n s t o n . L . 1. tit. 3. c. 1. a. 7. t. 17. n. 14,
W i l l u g h . p. 330. Tab. X . n°. 5. fig. 6.
R a i . p . 141.
Cremis. Charlet. p. 140.
En Tofcane & à Gènes , Cajlagnole ; en Sicile,
Monachelle.
Le Marron, félon Willughby , eft un petit
poiflon qui n’a qu’environ quatre pouces de longueur
, fur une épaiffeur aflez confidérable. Sa
couleur eft brune , & marquée de lignes longitudinales
d’un ton plus clair. Il a la tête petite ,
le mufeau court , l’ouverture de la gueule étroite
& les mâchoires garnies de dents à peine fenfibles.
Les yeux font d’une grandeur médiocre, & ont
leurs iris dorés ou argentés, Ôc quelquefois offufqués
par des efpèces de nuages.
Le corps eft couvert d’écailles plus grandes que
ne le font communément celles des petits poiflons.
Les lignes latérales, au lieu de fe prolonger, à
l’ordinaire , jufqu à la queue, fe terminent à la
nageoire du dos.
Cette nageoire eft garnie d’environ vingt-trois
rayons, dont les quatorze premiers, font épineux ,
plus' élevés & plus rapprochés les uns des autres
que les fui vans , qui font flexibles. Au-delà de
cette même nageoire, qui s’étend prefque jufqu’à
la queue, le corps.fe rétrécit fenfiblement.
Les nageoires de la poitrine ont chacune environ
dix-fept rayons , tous aloneés ; celles du ventre en
j ont fix, dont le premier eft épineux, & le fécond
j s’étend en forme de long filament, & excède de
beaucoup la membrane commune.
La nageoire de l’anus a douze rayons , dont les
deux premiers font épineux. La nageoire de la