
de la mer. Cette pêche fe nomme Fourquette
en Provence. Ailleurs on fubflitue à la croix
un panier rempli de pierres, dont le bord
porte les lignes.
Au lieu d’établir les haims fur le fond,
comme dans les pêches précédentes, on
peut les tendre à terre fur le fable ; alors on
attend que l’eau de la marée les recouvre
& y conduife les Poiffons. Si l’on fe contente
d’attacher à un caillou l’extrémité
de la ligne oppofée à celle qui porte
l ’hameçon, & d’enfouir ce caillou dans
le fable, c’ell la pêche à la petite cabliïre.
Un moyen plus expéditif, employé par
les Pêcheurs de certains pa ys, confifte à
attacher des lignes , à une braffe environ
les unes des autres, fur une maîtrelfe
corde, qu’on appelle Bauffe, Appela ou
Palangre. Les lignes latérales fe nomment
Breffeaux dans la Méditerranée. Pour affu-
jettir la bauffe , ou bien on l’enterre au
fond d’un fillon creufé dans le fable, ou
tien On attache à fes deux bouts deux
greffes pierres ; & cette façon de pêcher
porte le nom de péché à la große cdblüre. Il
y a encore d’autres manières de fixer la
bauffe, que nous ne détaillerons pas, parce
■ qu’elles rentrent dans celles dont nous venons
de parler.
La pêche aux lignes flottantes a beaucoup
de rapport avec celle qui fe fait à l’aide
d’une ligne attachée à une canne que le
Pêcheur tient à la main. Dans l’une 8c
l ’autre, la ligne change de place au moyen
d’un corps léger auquel elle eft-attachée,
& qui flotte fiir l’eau. La principale différence
entre ces deux pêches confifte en
ce que, quand la ligne efl: attachée à vtne
canne, elle ne peut avoir qu’une longueur
médiocre, au lieu que la ligne qu’on tient
immédiatement à la main peut avoir jufqu’à
vingt braffe s de longueur. La pêche qui fe
fait de cette manière porte, dans certains
endroits , le nom de pêche au doigt.
Dans la Guinée, les Pêcheurs entourent
leur front avec la ligne, 8c confervent par
ce moyen la liberté des deux mains pour
diriger leur bateau.
Lorfque l’on pêche dans un étang abondant
en Poiffons, fur-tout en Brochets, on
peut, lorfqu’il fait du v en t, attacher la
ligne, garnie de fes haims amorcés, à une
veflie enflée , -ou à un fagot de rofeaux
fe c s, ou à quelqu’autre corps plus léger
que l’eau, à volume égal. Le Pêcheur tient
une ficelle attachée par l’autre extrémité à
ce corps, qu’il laiffe flotter au gré du vent,
jufqu’à ce que fes mouvements l’avertiffent
de retirer la ficelle 8c d’amener à bord les
Poiffons qui ont été pris.
On peut rendre cette pêche très-amtt-
fante, en fe fervant, au lieu de veflie, d’un
Canard ou d’une Oie , q u i, nageant fur
l’eau, préfente aux Poiffons des haims
amorcés que l’on a fufper.dus à fes pattes.
S’il arrive qu’un gros Brochet ait mordu à
l ’appât, il fe livre bientôt entre l’Oifeau
& le Poiffon un combat qui réjouit les
fpeftateurs. On tire l’un 8c l’autre à bord,
par le moyen d’une ficelle que l’on a eu
foin de paner fous les ailes de l’Oifeau, 8c
dont le Pêcheur tient l’autre extrémité.
Les pêches aux lignes fédentaires, dont
nous avons parlé plus haut, ne font praticables
que fur lje fable au bord de la mer.
On efl parvenu à en faire dé femblables ,
mais avec beaucoup plus d’appareil, foit au
milieu des eaux douces, foit en mer. On
employé à cét effet plufieurs cordes attachées
bout à bout, dont celle qui doit être
mife à l’eau la première, porte à fon extrémité
une groffe pierre nommée cabliïre ;
on attache de plus fur chaque corde plufieurs
cailloux , à différents points de fa
longueur. Les Pêcheurs fe rendent, fur des
bateaux à voiles ou à rames, au lieu indiqué
pour la pêche ; à mefure qu’ils ont mis à la
mer une des cordes dont on a parlé, ils y
en ajoutent une autre, qu’ils laiffent tomber
pareillement au fond de l’eau. Toutes ces
cordes font garnies de lignes avec leurs
haims, placées de diftance en diftance ; elles
forment quelquefois, par leur affemblàge ,
une longueur de neuf cent foixante braffes
& même plus. Quand toutes les cordes font
mifes à l’eau, on attache au bout de la
dernière une petite cablière, 8c une; autre
corde qu’on tient plus ou moins longue,
fliivant la profondeur de l’eau , qui efl
quelquefois de cent brafl'es. Cette corde efl
fixée, par fon extrémité fuperieure, à une
efpèce de panier ou de tonneau qu’on appelle
Aob« , 8c qui fert à indiquer l’endroit
oh efl le bout de la maîtreffe corde. Cette
manière de pêcher porte le nom de pêche
par fond; elle ne fert guère qu’à prendre
des Poiffons plats, -tels que des Raies, des
Chiens de mer, &c. qui fe tiennent ordinairement
au fond de l’eau.
Pour prendre les Poiffons qui nagent
entre deux eaux-, ou qui s’approchent de
la furface, on employé des cordes flottantes
: ces cordes font affemblées comme
celles qui fervent dans les pêches par fond;
elles en diffèrent feulement en ce qu’au lieu
de cailloux, on y attache, de diftance en
diftance, des corcerons de liège , qui les
retiennent à fleur d’eau, en forte qu’il n’y ’
a que les lignes 8c les haims qui foient
plongés. Cette pêche fe nomme Bellée en
plufieurs endroits. Lorfque les Poiffons fe
tiennent à uns certaine-profondeur, on fait
defeendre la maîtreffe corde entre deux
.eaux, St on l’y maintient, en y attachant,
d’efpace en efpace, de petites cordes, dont
les bouts fupérieurs tiennent à des morceaux
de liège qui flottent fur l’eau, St
auxquels tout l’affemblage eft fufpendu.
On met une bouée avec un lignai de rofeau
fec aux deux extrémités de la maîtreffe
corde, St à l’une on attache une corde
particulière, dont on retient le bout dans
la barque oh font les Pêcheurs.. On prend
à cette pêche des Merlans, des Maquereaux
& d’autres Poiffons ronds.
Voici une autre efpèce de pêche, qui
tfe fait par un procédé également limple St
ingénieux. On attache un boulet ou quelqu’autre
poids à l’extrémité inférieure de
la maîtreffe corde , dont la longueur ne
doit pas être tout-à-fait égale à la profondeur
de l’eau. De plus , on fixe en travers
dur cette même corde, de diftance en diftance
, des baguettes de quatre à cinq
pouces de longueur, auxquelles on fufpend
les lignes garnies de leurs hameçons. Ces
baguettes portent le nom de baluettes.
La maîtreffe corde eft retenue , par fon
extrémité fupérieure , dans la barque oh
fe trouvent les Pêcheurs. Tant que cette
barque eft immobile, la corde eft dans une
fituation verticale , 8c les baluettes la
coupent à-peu-près à angle droit. Mais
la barque fe met - elle en mouvement ?
alors la maîtreffe corde prend une pofition
oblique , Sl fon inclinaifon augmente à
proportion de la vîteffe du fillage ; elle
fuit ainfi le mouvement de la barque, &
en même temps les baluettes, qui font
elles-mêmes inclinées, préfentent des haims
aux Poiffons à différentes profondeurs.
Cette pêche eft moins difpendieufe que les
précédentes, en ce que la maîtreffe corde
n’eft pas, à beaucoup près, auflî longue
que dans ces pêches ; elle n’exige pas non
plus un aufli grand nombre de Pêcheurs :
ceux qui la pratiquent fe fervent, pour la
défigner, de l’exprefîion tramer la balle.
La pêche qu’on appelle au vrai libsuret, a
du rapport avec la précédente, quoiqu’elle
foit du nombre des pêches fédentaires.
Dans cette pêche , la maîtreffe corde eft
maintenue au fond de l ’eau à l’aide d’un
poids de plomb. A quatre ou cinq pouces
au-deffus de ce poids, on fixe tranl'verfa-
lement fur la corde un morceau de bois
nommé javalette, qui peut tourner autour
de cette corde comme autour d’un axe.
Plufieurs haims font fufpendus à l’extrémité
de l’avalette, la plus éloignée de la corde,
8c les lignes qui les portent ont différentes
longueurs, pour empêcher que ces haims
ne s’embarraffent mutuellement.
Les Bafques employent, au lieu de l’appareil
que nous venons de décrire, un fil
de fer légèrement courbé en arc, fufpendu
à une ficelle par fa partie convexe, 8c garni
à fa partie concave d’une anfe de corde qui
porte un poids. Les haims font attachés à
des lignes de diverfes longueurs, qui pendent
des deux extrémités de l’a rc , 8c fe
développant dans l’eau , fuivant des lignes
divergentes, préfentent des appâts aux
Poiffons qui nagent à différentes diftances
au-deffus du fond. Cette façon de pêcher
s’appelle pêche au grand couple.
Nous devons avertir, avant de terminer
| cet article fur- les pêches aux hameçons,
I qu’en Provence on donne le nom de palan-
| grès aux fliaîtreffes cordes qui portent les