
nourrir cent Tenches que pouf engraifler cinq
cents Carpes : &. comme les T en ehe s fe vendent
d’ailleurs moins cher que les Carpes, on les met
plutôt dans les marres vafeufes que dans les
étangs.
La Perche Ce plaît dans les eaux vives. Elle fe
vend très-bien ; mais elle eft vorace , quoique
beaucoup moins que le Brochet. Elle fe nourrit de-
blanchaille dont elle débarraflè un étang, lorl'qu’il
y en a une trop grande quantité. Elle a l’inconvénient
d’étre difficile à trant porter. On peut en
piettre dans les grands étangs qui font à portée ,
foit des Maifons religieufes oh l’on fait abftinence,
foit des grandes villes où l’on eft affuré d’en
trouver un débit avantageux.
La Truite eft encore fort eftimée ; mais c’eft
plutôt un poiffon de rivière que d’étang. Elle
lubfifte néanmoins dans les étangs où l’eau eft
vive, mais elle ne s’y multiplie pas. Si cependant
on vouloit en conferver à Ta difpofition ,
on feroit une efpèce de vivier fur un fond de gravier
où couleroient des eaux de fource ; celles
qu’on aura prifes dans la rivière, fe conferveront
très-bien dans ce vivier , & s’y multiplieront
même, s’il eft fort long , fur-tout fi on les nourrit
avec de la blanchaille. Mais cette pêcherie profitera
peu : le mieux eft de fe borner à faire un
réfervoir où l’on confervera les Truites qu’on
aura prifes dans la rivière. Au refte, il eft bon
d’avertir que ce poiffon eft très-vorace, & encore
plus difficile à conferver que la Perche.
Quant aux Anguilles, comme il s’en trouve
toujours dans les étangs, on n’eft point dans l’u-
fage d’y en mettre. Mais quelquefois on en jette
dans des foffes ou des viviers ombragés. On fçait
que cçs poiffons fe nourrifferçt de Grenouilles ,
mais ils profpèrent davantage, fi on leur donne de
la menuife , des tripailles, des fruits tendres, &c.
Le Brochet eft avantageux pour la vente, &
quoiqu’il foit plus difficile à tranfporter par terre
que la Carpe & la Tenche, les Marchands s’en
chargent volontiers, parce qu’il eft aifé de le conferver
en le faifant voyager par eau dans des baß
cul e s , c’eft-à-dire, des bateaux au milieu defquels
on place une efpèce de coffre ou de vivier, dont
l’intérieur communique avec l’eau de la rivière
par le moyen de plufieurs ouvertures. Mais c’eft
un poiffon très-vorace, qui coûte beaucoup plus
qu’il ne rapporte au propriétaire de l’étang ; car
on dit qu’un Brochet d’un écu ne parvient à cetse
groffeur qu’après avoir mangé pour quarante &
cinquante francs de poiffon. Il commence par
la blanchaille , dont il décharge l’étang fans nuire
au propriétaire ; mais quand il a pris un certain
accroiffement j il n’épargne pas même les poiffons
de fon efpèce. On ne doit donc mettre que des
Brochetons dans un étang, & cela lorfque les
autres poiffons font devenus affez forts pour leur
réfifter. Quand les Carpes , par exemple , ont
pris beaucoup plus d’accroiffement que les Brochets
; on- prétend que ceux-ci, qui les pourfui-
vent fans pouvoir s’en faifir , contribuent à les
rendre plus, fortes & plus vigoureufes1, par l’exercice
qu’ils les forcent de prendre. ;
Il paroît que les étangs font barticulièreraent
deftinés pour les Carpes. Ce poiffon y profpère en
peu de temps ; il Je tranfporte facilement, & la
vente en eft affurée. Il s’accommode volontiers de
toutes fortes de terreins, & s’il a contrarié un goût
défagréable en féjournant dans un étang limon-
neux, il eft aifé de le lui faire perdre, en le tenant
dans des bafcules, ou meme dans une eau vive ,
pendant quatre ou cinq jours.
On eftime qu’on peut mettre dix - huit à vingt
milliers d’alvin de Carpe dans un étang qui a cent
arpens d’eau , dix à onze mille dans celui de cinquante
arpens , en augmentant ou diminuant cette
quantité, fuivant la force de l’alvin, l’étendue de
l’étang & la nature du fond ; car il y a des étangs
beaucoup plus propres que d’autres à nourrir un
grand nombre de poiffons. C’eft à l’expérience
plutôt qu’au raifonnement à diriger le propriétaire
relativement à cet objet.
Pour avoir de quoi empoiflonner les grands étangs»
on en forme de petits que l’on nomme Carpières
ou ALvinières, & dans lefquels on met uniquement
de l’alvin. Ces étangs doivent avoir huit à dix
arpens d’eau, on doit y mettre à-la-fois des
Carpes mâles ou laitées, & des Carpes femelles
ou oeuvées, en obfervant de ne mettre à-peu-
près qu’un quart de mâles, fur un nombre déterminé
de femelles. Les meilleures Carpes pour
peupler, ne doivent être ni trop groffes , ni
trop petites. On les choifit à-peu-près de dix à
onze pouces : elles doivent être rondes, & avoir
le ventre plein. Il faut aufli quelles ayent l’écaille
nette ; on rejette celles qui ont les écailles
noires, & qui viennent d’un étang bas & vafeux ,
où il tombe beaucoup de feuilles des arbres voi-
fins.D
ans les mois d’Avril 5c d’Août, temps auquel
frayent les Carpes, il faut garder foigneufement
les étangs ; car le poiffon alors engourdi, &
prefqu’à fec entre les herbes, le laiffe prendre à
la main. Il faut auffi empêcher que les beftiaux
n aillent boire à l’étang ; car en foulant le frai
avec leurs pieds, ils en détruiroient beaucoup.
Les Cochons fur-tout font à craindre , parce qu’ils
mangent le frai avec beaucoup d’avidité.
Lorfqu’on empoiffonnera un grand étang avec
de l’alvin d’une certaine groffeur, on fera bien
d’y mettre en même temps du Brocheton, pour
empêcher la Carpe de trop peupler l’étane.
ENCEINTE ou SE1NCHE. C’eft une efpèce
de parc que forment Tur-le-champ, au milieu de
la mer , un certain nombre de Matelots montés
fur différens bateaux , en entourant les poiffons de
paffage qui voyagent par troupes , comme les
Thons ; pour cet effet ils tendent de toutes parts
des filets devant ces poiffoos, de manière que
quand l’enceinte eft achevée , tout un banc de
poiffons s’y trouve renfermé, comme dans les
parcs fédentaires ; en forte qu’on a la facilité de
les y pêcher avec différentes efpèces de filets.
ENFUMÉ. ( 1’) Efpèce de Chetodon.
Chcttodonfaber. Br o u s so n e t . lchthyol. Decaf.
prima.
Faber marinus ferè quadratus. The Pilot Fisk.
Rai.fy n .p . 160. n. 12.
Sl o a n . Natur. hifi. o f Jamaic. tom. 2. p. 290.
ja b . 25 i .f ig .4 .
| Choetodon obfcure canus maculis aliquot irregula-
ribus, & ojjiculo fecundo pinnarum ventralium in
fetam quafi produÉlo. Seb. Thef. tom. 3. pag. 67.
tab. 2Ç./2. 14.
Tetragonoptrus, ore p arvo, dentato , pinnâ dor-
fa li tigulati ab anteriore parte. Klein. Mijf. 4.
P* 39. n. 12.
Chez les Anglois de l’Amérique feptentrionale,
Angel fis h y ou Harbour Angel fish.
Strontvifch.cfr. N ie u h o ïs rei{e9p . 269. tab,
p. 268.
Pifcis Jlercorarius. W il l u g h b . Append. p. 2.
tab. 2. fig. 2.
Les phra’fes de Rai, de Hans-Sloane & de Seba
citées ci-deffus font partie de la nomenclature du
Chattodon triojlegus , dans le fyftème de Linnæus. .
( Voyeç Z è b r e . ) Mais M. Brouffonet, qui nous j
fervira encore ici de guide , a féparé ces phrafes , |
comme appartenant à une efpèce diftinguée du
Zèbre, & qu’il a nommé Chcttodon faber.
Ce poiffon, félon le même Auteur, a le corps J
comprimé , & d’une forme qui a quelque rapport j
avec la rhomboïdale. Son plus grand diamètre j
perpendiculaire qui fe prend auprès de l’anus eft j
a fa longueur environ dans la raifon de quatre à
cinq. Il a le ventre courbe dans le fens de la longueur,
convexe antérieurement & poftérieurement,
un peu plane vers les nageoires dont il eft garni-;
le dos. plus fenfiblement courbe, prefque droit
en fon milieu, & légèrement aminci en carène, la
queue comprimée & un peu convexe en-deffiis & i
en-deffous.
Les écaijles font ferrées & difpofées en recouvrement
, fans garder aucun ordre vers la partie
antérieure du poiffon mais fur la partie pofté-
fieure, elles fuiven^des lignes obliques qui fe croisent
régulièrement. Leur forme eft à-peu-près
celle d’un quadrilatère, arrondi par les angles,
& plus large que long ; leur grandeur eft* mé- j
diocre , leur bafe légèrement tronquée , leur •
contour foiblement crenelé, leur fommet arrondi,
& leur Surface garnie de quelques cils, à peine
ibnfibles.
Les lignes latérales font très-élevées , déliées &
à peine faillantes, courbes vers l’angle fupérieur
des ouvertures des ouies, enfuite parallèles au
dos , & prèfque droites fur la queue.
La tête eft courte, comprimée , un peu plus
large que le corps, dirigée en pente dans fa partie
fupêrieure, rétrécie en carène oblùfe derrière
les. yeux, un peu convexe antérieurement légèrement
courbe en-deffous dans le fens de la
longueur, garnie d’écailles, , excepté entre les
yeux où elle eft nue : ces écailles font difpofées
recouvrement 8c fans aucune lymméirie j celles
des parties latérales font un peu plus larges que
les autres.
L’ouverture de la gueule eft un peu arrondie &
d une grandeur médiocre. Les mâchoires font à-
peu-.près égales ; l’une 8c l’autre font garnies de
dents contiguës 8c ferrées entre elles, minces,
flexibles , & ua peu courbes.
Les narines font percées de chaque côté de
deux ouvertures éçartées entre elles : celle de
derrière eft contiguë à l’oeil 8c en forme de fente
étroite ; l’interieure eft un peu plus près dés yeux
que de l’extrémité du mufeau, d’une figure arrondie
8c légèrement faillante en fes bords.
Les yeux font a-pèu-pres à égale diftance entre
1 extrémité du mufeau 8c l’angle fupérieur des ouvertures
des. ouies. Leur forme eft arrondie , leur
j diamètre d’une grandeur médiocre , leur orbite
j recouverte par une membrane étroite , circulaire
I & fimple ; leur iris argenté avec des teintas
1 de laune, leur prunelle ronde 8c d’une couleur
brune.
Les ouies j au nombre de quatre de chaque côté,
font d’une grandeur médiocre & légèrement cour-
bees en arc. Leurs opercules font offeux, à peine
flexibles,8c couverts d écaillés Oblongues, d’inégales
grandeurs , difpofées en recouvrement 8c fans
■ordre régulier.
La nageoire du dos eft longue 8c garnie d’écailles.'
LUe commence au-deffus de la baie des nageoires
de la poitrine , 8c finit prefque à la bafe de la nageoire
de la queue. Ses rayons antérieurs font
fort ferres entre eux, d'une confrftance épineufe
renfermés en partie entre deux lames écailleüfes’
Les deux premiers font minces ; le fécond eft un
peu plus long que l’autre ; le troifième eft environ
cinq.fois aufli long que le fécond; le quatrième
n’a guère que le tiers de la longueur du troifième
les fuivans vont en diminuant infenfiblement Les
deux premiers rayons flexibles font Amples & les
autres rameux à leur extrémité. Vers la partie
anterieure de cette même nageoire s'insère un
aiguillon d’une longueur médiocre , & incliné
obliquement.
nageoires de la poitrine font fîtuées au bas
des cotes. Leur infertion fe fait, ainfi que leur
expanfion, dans une direélion oblique a la longueur
du corps ; leur forme eft à-jteu-près ovale
8c leur bafe eft garnie d’écailles fur fa . partie extérieure
; elles répondent prefqu’au milieu del’efpace
compris entre l’extrémité du mufeau 8c l’anus.
Leurs deux rayons antérieurs font Amples, ainfi
que le dernier ; les autres font rameux ; le fécond
dépaffe le premier ; le fixième eft le plus long ; le
dernier eft court 8c délié.