
A la partie qu’on nomme la tête de l'étang, c’eft-
à-dire, dansd’endrcit où il a le plus de profondeur,
on élève une chauffée en terre, couverte en-deffus
de pierres & de fable, lorfqu’on a de ces matériaux
à fa difpofition. L’ufage de cette chauffée eft de
retenir l’eau de Xétang, & de l’obliger de s’accumuler,
de manière que la cavité de Xétang foit
toujours fuffifamment remplie. Derrière la chauffée
dont il s’agit, il doit y avoir un terrein qu’on
nomme la fojj'e , & qui eft encore plus bas que le
fond de Xétang, pour recevoir les eaux qui s’en
écoulent, lorfqu’on le vuide.
En conftruifant la chauffée de Xétang, on doit
ménager au milieu un endroit que l’on puiffe ouvrir
à volonté, pour en laiffer écouler l’eau. On
pourroit y pratiquer une vanne ou une pelle, fem-
blables à celles qu’on adapte aux .chauffées des
tpoulins. Mais comme cet ajuftement occafionne
toujours une perte d’eau*, parce que les planches
qui ne font mouillées que d’un coté le déjettent
en différens fens, on préfère de fermer la chauffée
par le moyen d’une bonde.
La partie principale de la bonde, eft une efpèce
de longue boîte ou d’auge , ouverte par l’extrémité
oppofée à Xétang, & fermée en-deffus, vers
l’autre extrémité. La pièce qui recouvre la partie
fupérjeure, & qui-doit avoir une certaine épaif-
feur, eft percée; d’un trqu ;en forme de cône ren-
verlé, pour recevoir la tête d'une efpèce-de pilon
qui s’y ajufte exaâement. La queue de ce pilon
traverfe deux pièces de bois, fttuées horizontale-
ipent, & qui fervent à la maintenir dans une pofi-
tion verticale. L’auge eft engagée & cimentée
dans la chauffée, de manière que l’eau ne peut
fprtir que par l’puverture qui reçoit la tête du
pilon. Pour bien concevoir cette pofttion de
l’auge,il faut fçavoirrqu’il y avers la tête de Xétang,.
dans l’endroit qui répond au milieu de la chauffée,
une cavité • plus profonde que le refte, qu’on
nomme la poêle, & dans laquelle tout le poiffon
doit fe rendre , à mefure que l’eau, s’écoule,
lorfqu’on vuide Xétang. C’eft au milieu de. la poêle
même que l’on établit l’auge, de manière que
le deffus foit placé un pied plus bas que le fond
de la poêle, & que l’autre extrémité qui excède
la chauffée du côté de la foffe foit de cinq à; ,fix
pouces encore plus bas , pour ménager à l’eau
une pente qui en facilite l’écoulement. Lois donc
qu’on eft fur le point de vuider Xétang,. en en-:
lève le pilon, après avoir ôté les chevilles de
fer qui en arrêtoient la queue.
Pour empêcher que le poiffon ne . forte , avec
l’eau ; on attache du côté de Xétang, fur les'
montans qui font partie de la charpente de la
bonde , des planches percées de trous qui ne
permettent qu’à l’eau de paffer dans l’auge.
Lorfqu’il n’y a plus d’eau que dans la poêle de
Vétang, où le poiffon fe trouve en même temps
xaffemblé , on va le pêcher avec des fainettes
©u des trubles. Ceux qui voudroient un plus
grand détail fur cette matière, peuvent confulter
le Traite des Pêches de M. Duhamel ( i ere partie,
feéL 3 , chap. 3) d’où nous avons extrait cet article.
ÉTENTE. On appelle ainfi en général,un filet
tendu a la baffe mer, fur des piquets enfoncés
dans la vafe.
Étente a la petite cablierë. Le mot
etente eft pris ici dans un fens tout différent de celui
qu’il a dans l’article précédent. Il défigne une
efpèce de pêche fort fimple, dont voici la defcrip-
tion.
Des femmes & des enfans, après s’être approvi-
fionnés d’appâts, attachent des haims aux extrémités
d’autant de lignes , qui ont environ une
braffe de longueur, & quelquefois ils ajuftent fur
ces lignes, à fix pouces duhaim , de petits corce-
rons de ligne. Ils ajoutent à l’autre extrémité de
chaque ligne un caillou de la groffeur d’un oeuf
de Dinde. Ils amorcent les haims avec des Vers
marins , des Loches ou des Crabes, qu’ils déchirent
par morceaux, pour ménager leur proviffon. On
porté fur la grève , ou fur le fable , un grand
nombre de ces lignes qu’on nomme petites cablieres,
en prenant la partie pour le tout ; car les Pêcheurs
appellent proprement cablieres les pierres deftinées
à faire caler leurs cordes & leurs filets. Cependant
des hommes y ainft que les plus robuftes
d’entre les femmes, font avec des louchets ou
de petites pelles de fer, des trous dans le fable >
pour recevoir les cailloux attachés aux lignes. Ils
recouvrent enfuite ces cailloux avec du fable 9
qu’ils affermiffent en appuyant le pied, & ils
laiffent la ligne & l’appât couchés fur la grève.
On tend ainft un grand nombre de lignes, le
plus près que l’on peut de la laiffe de baffe mer.
A mefure que la marée monte , l’eau couvre-
toute la grève. Des poiffons de différentes efpèces
en fuivent le courant, attirés par d’autres poil-
fons plus petits , & par une multitude d’infeéles
dont ils font leur nourriture ordinaire. Ils fe
jettent bientôt fur les appâts qui fe préfentent à
eux de toutes parts , fe prennent aux haims, &.
quand la mer eft retirée , on les trouve fur le
fable.
' Cette- pêche fe faix pendant toute l’année fur
les grèves qui ont beaucoup d’étendue ; mais
elle ne fe pratique point dans les endroits où la
vafe eft molle. Il ne faut pas non plus que la
marée ait un eourantfitrop rapide dans le lieu
que l’on choifit pouf cette pêche ; parce que ,
dans ce cas* le poiffon qui eft venu à la côte
n y peut tenir ; au lieu que qùànd la marée eft
plus foible , il: féjourne plus long- temps fur la
grève-, & ne retourne‘à là grande eau qu’à la
fin du jufant- , ce qui lui permet d’aller aux
appâts & d’y mordre.
ETIQUETTE. On nomme, ainft un couteau
emmanché dé bois , qui n’a point de tranchant,.
& dont la lame eft quelquefois barbelée. Les
hommes &. les femmes vont avec cet infiniment
fàmaffer des Vers marins pour en faire des appâts.
On fubftitue, dans quelques endroits, à
l'étiquette, une vieille faucille de moiffonneur.
ÉTOILÉE, (laRaie) Il paroît que le poiffon
qu’on nomme ainft , n’eft qu’une variété du
Miraillet. Voy*{ ce mot.
ÉVENT. C’eft une ouverture qui communique
aux cavités des ouies dans la plupart des poîflons
cartilagineux ; mais cette ouverture n’a point
d’opercules offeux ni de membrane foutenue par
des offelets.
ÉVENTAIL. ( 1’) Efpèce de Coryphène.
Coryphotna veiifera. P ALLAS Spiciteg. fafcie. 8.
19. Tab. I II. fig. 1.
A la vue de ce poiffon , on eft frappé , ainft
que loùferve M.Pallas,de l’étendue conftdérable
des nageoires qu’il a fur le dos & derrière l’anus ,
fur-tout lorfqu’o.A les compare avec le volume de
fon corps mince &. étroit. Ce Naturalifte préfume
qu’elles pourroient bien fervir comme d’ailes au
poiffon , pour s’élever au-deffus de l’eau par une
forte de vol, comme cela arrive au Pégaze volant
& au Trigle volant. ( Voyeç V o l ant ).
• U E v en ta il, ainft nommé, d’après l’afpeéf que
préfentent les deux nageoires dont nous venons
de parler, a la tête couverte d’écailles, comprimée
par les côtés, obtufe par fon extrémité. La gueule
eft très-fendue , & fon ouverture s’élève obliquement
vers la pointe du mufeau. La mâchoire inférieure
dépaffe un peu celle de deffus ; elle eft
garnie de deux rangées de très - petites dents
déliées &. courbes ; la mâchoire d’eti - bas en a de
lemblables, mais qui ne forment qu’une feule rangée.
Les yeux font allez grands &;ont leurs iris
de couleur d’or. La membrane des ouies eft garnie
de fept offelets.
Le front eft comprimé latéralement comme la
tête, & va en s’aminciffant infenftblement vers la
queue.
La nageoire du dos commence à l’endroit qui
répond au front & s’étend prëfque jûfqu’à la
queue. Elle a cinquante - cinq rayons, dont le premier
eft très-court, le fécond & le troifième font
fucceffivement un peu plus longs y ces trois rayons
font épineux & d’une fovrrie triangulaire. Les lut-
vàns font flexibles, très-alongés, excepté vers la
fin de la nageoire où ils fe racourcifîent infenftblement.
Les nageoires de la poitrine font d’une grandeur
médiocre , d’une forme alongée Ô£ terminée
en pointe. Elles ont chacune quatorze rayons. Les
nageoires du ventre font très-petites , & n’ont
chacune que deux rayons.
La nageoire de l’anus commencé en-deçà des
nageoires de la poitrine & fe termine à la queue.
Elle eft garnie de cinquante &. un rayons, dont
les deux anterieurs font épineux & les autres flexibles.
Le premier eft très-court, & depuis le cinquième
dont la longueur eft conftdérable, tous
les fûîvans décroiffent graduellement.
Le. corps eft couvert d’écailles minces, affez
grandes ôf marquées de ftries très - déliées j: ces
écailles font triangulaires avec une profonde échancrure
'à leur fommet, & garnies à leurs bafes,
d’épines dont chacune eft inclinée de manière
■ qu’elle entre dans l’échancrure de l’écaille qui la
précède. Mais les écailles qui font difpofées le
long des nageoires du dos & de l’anus ont une
figure rhomboïdale & ne portent point d’épines.
La nageoire de la queue eft profondément échan-
crée , & a vingt-deux rayons à fa bafe , outre fix
autres rayo.ns plus petits , difpofés trois - à - trois
fur chacun de fés côtés.
La couleur du corps eft partout d’un gris, arger -
tin. Les membranes des nageoires du dos & de
l’anus font brunes & marquées de petites taches
blanches.
On trouve ce poiffon dans la mer de l’Inde.