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par rapport a l’autre poiiTon, qui fe tient constamment
dans cette mer.
On vend à Paris, dans le printemps, fous le
nom de Pu ce lle, un poiiTon peu eftimé , qu’on
regarde affez communément comme une petite
A lofe. C’eft celui qui eft défigné à la tête de cet
article, fous la phrafe, Trichis , Gallïs Pulchella 3
Alciufa rninor Betlonii. Ori le pêche dans plufieurs ,
rivières, contre le courant de l’eau , & principalement
dans la Loire. Le même poiiTon eft appelé
Feinte en plufteurs endroits de la France ; Convers
à Angers ; Convertis à Saumur , & Guatte à
Bayonne.
U Alofe étoit connue des anciens. Les Grecs
l’appelloient Thrijfa, comme qui diroit poijfon plein
de cheveux, à caufe de la multitude de petites ai-- ;
rêtes que l’on trouve dans le corps de Y Alofe. On
ne doit pas conclure que le Clupea de Pline n’eft
point la véritable A lo fe , de ce que cet auteur
Fappëlle un très-petit poiffoû , pi fais minimùs, ( Hifl.
Nat. I. 9. c. 15. ); car il n’en parle en cet endroit
que par comparaifon avec d’autres poiffons d’un
volume très-confidéràble. Les anciens faifoient peu
de cas de Y A lo fe , & Aufonne rapporte que de
fon temps elle n’étoit en ufage que parmi le petit
peuple. Cependant on la voit aujourd’hui fur les
tables les plus délicatement fervies. Sa chair eft
tendre. nourriffante & agréable au goût. Seulement
elle perd de fa grâce , . par la grande quantité d’arrêtes
dont élle eft remplie. Il eft vrai encore que
fa bonté dépend beaucoup du temps où on la
pêche. Il faut qu’elle ait féjourné quelque temps
dans l’eau douce; car au fortir de la mer elle eft
maigre, sèche, & d’un mauvais goût ; mais quand
elle a féjourné dans les rivières , en remontant
contre leur cours , elle devient graffe , charnue ,
& d’une faveur agréable ; &. telle eft probablement
la caufe de la différence entre la Pucelle
qu’on eftime peu, parce qu’on la pêche trop-tôt,
&. Y Alofe qui a pris de Taccroiffement dans les
rivières.
Tous les auteurs ne font cèpendant pas d’accord
fur cette propriété qu’ont les eaux douces
de donner une bonne qualité à la chair de Y Alofe.
Selbn Willughby, les Alofes entrent âu mois de
Mars & d’Avril, dans la Saverne ^rivière d’Angleterre).
Alors elles font graffes & pleines d’oeufs;
mais au mois de Mai elles retournent à la mer,
maigres & vu’rdes. On lit dans un Ouvrage de
L. Baltner, cité par le même Auteur, que les
Alofes entrent au mois d’Avril dans le Rhin, &
qu’alors elles font exquilès, avant d’avoir jetté
leurs oeufs,, ce qu’elles font au mois de Mai;
qu’on les voit, dans ce temps, nager par grandes
troupes à fleur d’eau, en montrant leurs nageoires
dorfales, & en faîfant entendre un Bruit fom d ,
femblable aux cris des Pourceaux ; il ajoute qu’elles
reftent dans le Rhin jufqu’au mois de Juillet.
Rondelet dit au contraire, que les Alofes s’ën-
graiffent daqs les eaux douces, qui donnent un
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bon goût a leur chair; & que plus oft les prend
loin de la mer, plus elles font délicates, Selon
Paul Jove, les Alofes entrent dans le. Tybre au
premier printemps ; mais alors elles font maigres,
& d’une faveur peu agréable, à caufe de la la-
lure de la mer qui les rend sèches, au lieu que
dans les eaux du Tybre, . elles s’en graillent con-
.fidérablement ; &. dès le commencement de l’été,
elles retournent à la. mer , en forte qu’elles pa-
roiffent très-rarement pendant le refte de l’annee.
On voit par les differ.ens paffages que nous venons
de citer, que l’époque de l’entrée des Alofes dans
les fleuves , ainft que le temps de leur fraie , varient
fuivant les lieux. Il fe peut que l’influence
du climat produife aufli des différences relativement
au terme où la chair de ce poiffon éft dans
fon point de perfè&ion.
Albert le Grand dit que les Alofes viennent en
foule au fon des cloches, des tambours , des trompettes
& des fonnettes, & que les Pêcheurs, profitant
de cette obfervation pour leur préfenter un
appât du même genre, attachent des grelots a
une corde qui flotte fur l’e a u & attirent ainft
ces poiffons dans leurs filets .-Ce fait fe trouve confirmé
par le témoignage de Rondelet. J’etois,
dit-il , dans la petite ville de Maringue , & tandis
que je me promenois fur les bords de T Allier,
j’y vis des Alofes accourrir & fauter au fon du
violon >.£e qui étoit encore plus fenfible pendant
la nuit. Si ces faits font vrais, il n’en faut pas
conclure, avec Willughby, que les poiffons entendent
; mais feulement que Timpreffion des fons
leur ëft communiquée par l’intermède de quelque
agent, & il refte encore à décider de quelle nature
eft cet agent, ce qui eft effentiel pour fçavôir fi
le poiffon eft réellement doué de l’organe de 1 ouie.
Suivant M. Duhamel ( Traité des Pèches, I I e Par-
tie , fett. 3-pag. 328.), les Alofes que Ton pêche
I à l’embouchure de la Seine, font ordinairement
graffes & de bon goût, parce qu’elles y trouvent
quantité de petits poiffons, particulièrement, des
Eperlans, qui font pour elles une excellente pourriture
; mais on eftime plus celles que Ton prend
en remontant la Seine, que celles qu’on prend
. vers la mer. Cette pêche commence en Février
ou çn Mars , & finit en Mai. Les plus fortes Alofes
qu’elle fourniffe, ont deux pieds de longueur ,
& pèfent huit à dix livres.
Outre les Alofes que Ton trouve dans les parcs
conftruits au bord de l’eau, on en prend avec des
Saines , que l’on nomme A lofer es ,. & qui ont
foixante à quatre-vingt braffes de longueur ; les
ouvertures dès mailles font d’environ deux pouces
& demi eft carré. On emploie aufli, pour la pêche
des A lo fe s , des tremaux faits de fil très-fin, que
l’on tend ordinairement près de la furface de l’eau ,.
& quelquefois à une certaine profondeur, félon,
celle ou le poiffon lui-même fe tient.
M. Duhamel dit qu’il ne çonnoît point de rivière
en France où Ton prenne autant à’A lo fe s , que
dans la Loire. On fe fert à cet effet de filets en '
tremaux, que les Pêcheurs traînent en bateaux
pendant toute la nuit, & qu’ils relèvent quand le
jour paroît. On emploie aufli, pour la meme
pêche, des Saines leftées & flottées, qui ont fix
pieds de chûte , & jufqu’à quatre-vingt braffes de
longueur , pins ou moins , fuivant l’étendue de la
nappe d’eau. Elles n’ont point de manche ou- de
poche au milieu, comme en ont les Effangues dé
Provence., mais le milieu du filet a beaucoup plus
de chûte que les extrémités. La faifon la plus favorable
pour la pêche de Y Alofe^ dans la Loire,
eft depuis la fin de Mars, jufqu a la mi-Juin; &.
l’on regarde à Nantes comme un pofte avantageux
, Tefpace compris depuis la diftance de quatre
lieues au-deffus de la ville , jufqu’à quatre lieues
;au-deffous.
On prend beaucoup d’Alofes depuis le mois de
Février jufqu’en Juin , dans les grandes rivières de
la Guyenne ; dès le mois de Mai elles commencent
à maigrir, & au mois de Juin on en trouve beaucoup
de mortes au bord des rivières. On emploie
pour cette pêche , des Saines , des Bregins & des
Naffes, fuivant Tes lieux. * .
Nous avons dit que 'les Pêcheurs de la Loire
traînoient leurs filets pendant la nuit,. pour la pêche
des Alofes , qui en eft beaucoup plus abondante,
parce que les eaux de cette rivière étant fouvent
fort claires , Tafpeft des Pêcheurs & de leurs divers
mouvemens effrayeroit &. feroit fuir le poiffon pendant
le jour. Quoique la pêche de nuit foit aufli
tegardée comme la meilleure dans les rivières de
Bordeaux & de Bayonne /on y pêche néanmoins
jour & nuit, parce que les eaux de ces rivières
font rarement aufli limpides que celles de la Loire.
On prenoit autrefois beaucoup iYAlofes dans
l’éclufe ronde du cînal qui établit la communication
entre la Méditerranée & l’Océan. Après les
avoir fait paffer dans ce canal avec l’eau falée de
la mer , on y introduifoit de l’eau douce qui venoit
de la rivière. ..
Les Alofes'naturellement portées à remonter les
courants &. à paffer dans les eaux douces , s’attrou-
poient dans l’endroit où fe faifoit la chute de ces
eaux, & où les Pêcheurs les prenoient avec de
grands Trubles ’ nommés Salabres. Cette pêche
réuflit toujours mieux le foir que le matin , principalement
quand le temps menace de quelqu’orage.
On a quelquefois pris plus de. trois cens Alofes
en cinq heures de temps ; mais les prifes les plus
ordinaires ne font que d’environ quarante Alofes.
Cette pêche eft maintenant peu pratiquée, apparemment
parce qu’on s’eft apperçu qu’elle inter-
rompoitla navigation. Vôyeç dans Tintroduélion,
au mot pêche, la defcription des différentes efpèces
de filets doftt nous avons parlé dans cet article.
ÂLOSIER: Voyei V e r v e u x .
ALVIER, On appelle ainfi de petits étangs ,
. dans lefquels on nourrit de Talvin , c’eft-à-dire,
de jeunes carpes deftinées à peupler les grands
étangs.
ALYIN. Voyei A l v i e r .
ALVIN1ÈRE. Voyei A l v i e r .
AMAIRÀDE ou ARMAILLADE. Efpèce de
filet qui a beaucoup de rapport avec les demi-
folles , & dont on fait ufage en Languedoc.