
4%6 V I V
légèrement êchâflcrée, & le fond de fa couleur;
ou le bleu domine , eft relevé par de petites
bandes jaunes.
On trouve ce poiffon dans la mer du Nord &
’dans la Méditerranée. Rondçlet dit que les Vives
qu’on pêche dans cette dernière mer ont rarement
plus d’une palme de long. Cependant Willughby
dit qu’un individu qu’il avoit trouvé par hal'ard
a Venife , fans le choifir, avoit prefque quinze
pouces de longueur. Suivant M. Duhamel, les
poiffons de cette efpèce ont quelquefois jufqu’à
leize & dix-huit pouces, & communément onze
à douze. Pendant les mois de Juin & de Juillet,
les Vives s’approchent du rivage, & on en prend
dans les manets que l’on tend pour la pêche des
Maquereaux ; mais pendant l’hiver elles fe retirent
dans les grands fonds, où elles s’enfablent ; il faut
les y aller chercher avec des dreiges. Le . même
Auteur ajoute que la Vive a la peau très-dure ,
& que quelquefois on l’écorche, comme on fait
l’Anguille, avant de la préparer pour l’ufage" de
la table.
VIVELLE. Voyez Scie.
VIVERE. V o y e Vive.
VIVIER. On appelle ainfi un réfervoir dans
lequel bn dépofe la partie du produit des pêches
abondantes qui excède la confommation ordinaire.
Par- là on conferve un fuperflu qui feroit perdu
pour l’inftant, & qui devient une reffource allurée
pour les befoins à venir. Il y a cette différence
entre les Viviers & les Etangs, que l’on ne fe
propofe pas précifément d’y multiplier ou d’y faire
croître le poiffon, comme dans les étangs ; mais
on l’y enferme , quand il eft déjà parvenu à fa
groffeur, pour l’y pêcher bientôt après.
Les Viviers pour les poiffons d’eau douce font
plus communs que ceux qui font deftinés à la
confervation des poiffons de mer, parce que
ceux- ci ne peuvent être établis qu’à une petite
diflance des eaux falées , au lieu que l’on peut
conftruire les autres où l’on juge à propos : d’ailleurs
les poiffons d’eau douce, ayant communément
la vie plus dure que les poiffons de mer, fe
cenfervent plus facilement dans les Viviers.
Pour conftruire un Vivier , on fait une large
foffe, qui a vingt ou vingt-çinq toifes de longueur,
plus ou moins, fuivant les circonftances où l’on
fe trouve. Lorfque le Vivier eft entretenu par une
fource, ou au moins par un courant d’eau, le
poiffon s’y maintient en meilleur état. Il eft bon
aufli qu’on puiffe le vuider, en ouvrant une petite
vanne, lorfqu’on veut le nettoyer, ou en retirer
lout le poiffon. Quand l’eau du Vivier ne fe renouvelle
pas , la Carpe & la Tenche y prennent
un goût de vafe : en ce cas, il faut, avant de les
préparer pour l’ufage de la table, les faire dégorger
clans une eau vive.
Les foffés qui entourent certains châteaux
peuvent fervir de Viviers ; mais alors il faqt
donner à ces foffés une grande profondeur : fans
V I V
cette précaution , les fortes gelées feroîent périr1
le poiffon.
Il y a des propriétaires qui, ayant un étang
à portée de leur maifon, conftruifent au bord,
dans l’endroit où l’eau eft profonde, un retranchement
avec des cannes ou un clayonnage. C’eft
un véritable Vivier où ils dépofent les gros poif-4
fons qu’ils ont pris, l’oit dans l’étang, foit ailleurs ;
&. comme on a foin d’y nourrir ces animaux, on:
peut faire en forte qu’une partie des poiffons de
l’étang s’y rendent d’eux-mêmes , en pratiquant
dans l’enceinte de ce petit parc des ouvertures
femblables aux goulets des naffes.
On nourrit les Carpes & les Tenches dans les
Viviers, l'oit avec de gros pain bis, foit avec du grain
que l’on a fait Cuire dans l’eau , & que Ton pétrit
enfuite avec de la terre graffe. On remplit de
cette terre un panier ou un baril défoncé, &- les
poiffons furent la terre & le grain. On peut aufli
employer à cet ufage de groffes feves à demi-
cuites , ou des fruits qui ont commencé à fe gâter ,
& dont on fait une efpèce de hachis. On donne
aux Brochets, pour leur nourriture, de la blanchaille
qu’on a prife en pêchant, des membres
de Grenouilles qu’on a déchirées, des Têtards,
que l’on peut prendre en quantité avec un trüble
âu bord de l’eau ; des coeurs de Boeuf, &c. Il eft
fur-tout important de nourrir les poiffons dans le
temps du frai ; mais on peut s’en difpenfer l’hiver.
Les Pêcheurs ont donné le nom de Viviers à
des paniers couverts, dans lefqùels ils confervent
en vie les poiffons de mer qu’ils ont pris ; ils calent
ces paniers entre des rochers, dans des enfoncements
où il refte toujours de l’eau ; ils les chargent
avec de groffes pierres , ou ils y attachent des
cablières , pour les maintenir dans leur pofition.
Ils confervent ain/i le poiffon pendant plufieurs
marées, jufqu’à cfe qu’ils aient trouvé une occafion
favorable pour le vendre. .
Nous ne dirons qu’un mot des efpèces de petits
Viviers que quelques perfonnes ont dans leurs
appartements, plutôt pour l’amufement que pour
l’ufage. Telles font les bouteilles où l’on nourrit
de petits poiffons dans l’eau fraiche. Les Hiftoriens
Latins rapportent que Lücullus avait pouffé la
magnificence jufqu’à entretenir de ces animaux
dans des vafes de verre qu’on fufpendoit au haut
des falles à manger, comme des cages, afin que
les convives euflent la fatisfaâion de voir en vie
les mêmes poiffons qu’on leur fervoit tout pré*-
parés, & que le plaifir des yeux, affocié à celui
du goût, produisît une jouiffance plus complette.
V IV IPA R E S . (Poiffons) Les poiffons font
ovipares, c’eft-à-dire qu’ils fortent du ventre de
la mère renfermés dans un oeuf ; mais dans quelques
efpèces, le poiffon eft hors de l’oeuf en fortant
du ventre de la mère ; alors les oeufs, fécondés
dans le corps de la femelle, y fubiffent l’incubation
, & les foetus qui s’y font développés fe
dégagent de leurs enveloppes, & paroiffent an
v i v
dehors vivants. Plufieurs poiffons cartilagineux font
dans ce cas. On a avancé que l’Anguille étoit auffi
vivipare pendant les chaleurs de l’été ; mais cette
obfervation a befoin d’être confirmée. -
Plufieurs poiffons branchioftèges fe reproduifent
d’une manière à - peu - près analogue à celle du
Crapaud - Pipai, &. on a cru que ces animaux
étoient vivipares 3 comme on a dit que ce Crapaud
l’étoit. Mais le merveilleux ceffe, lorfqu’on examine
anatonfiquement ces poiffons , & qu’on
obferve ce qui fe paffe lors de leur reproduction.
Les oeufs, au fortir du corps de la mère, ne font
point jettés au hafard comme ceux de la plupart
des poiffons , ou attachés à quelque corps étranger ;
mais ils font fixés, par une humeur particulière ,
fur l’abdomen de la femelle ; ils y font encore
retenus entre deux replis longitudinaux , formés
par les téguments externes : l’inflammation qu’ils
produifent dans ces parties, & qui eft femblable
à celle qui a lieu dans le Pipai, augmente bientôt
Je volume de cette cavité, dont les bords fe rapprochent
en même temps. On a pris des poiffons
en cet état, dans -le moment que cette efpèce
d’incubation étoit achevée , & que les petits
çommençoient à fortir des oeufs. On a regardé
cette cavité comme la matrice de ces animaux.
& on les a crus vivipares. Les veftiges des oeufs
qui étoient enchaffés dans les téguments ont paru
comme autant de cellules ; mais quand on examine
ces poiffons quelque temps après, on trouve l’abdomen
liffe , ne formant que deux plis longitudinaux
, on ne voit plus de veftiges de cellules
ni de matrice.
VIVIPARE, (le ) Efpèce.de Blenne.
BlenniiTs viviparus. L in . Syjl. nat. Pifces Jugu-
lares. Blennius , n°. 11.
■ Blennius ore tentaculis duobus. Faun. Suec. 317.
Blennius çapite dorfoque fufco-fiavefcente lïturis
nigris y pinnâ ani fiavâ. A rt. Syn. 45.
Muf. Ad. Fr. 1. p. 69.*
Gronov. Muf. 1. p. 63.
Jd. A tt. Upf. 174a. p . 87.
Tdnglake. A El. Stock. 1748. p. 3 a. t. %.
Ténia Muflelarum fpecies vivipara & marina.
S cho ne v . p. 49.
Muflela marina vivipara. Schonev. % 4. f . 2.
JONSTON. t. 46. f 8.
Muflela vivipara S'choneveldii. W il l . p. 122.
tab. H . n°. 3. fig. 5.
R a i . p. 69.
et. Blennius Lumpenus. L in. Syfl, nat. Blennius 3 .
n°. 12.
Blennius corpore arcolis dorfalibus fufcis. Ibid.
Blennius cirris fub gula pinnifcrmibus quaji bifidis3
arcolis dorji tranfverfis. A rt. Syn. 45.
Lumpen Antverpia dicta3 Muflela fpecies. WILL.
p . 120.
Muflela Lumpen Antverpiee difta. R a i . p. 40.
jS. Muflela a fia vulgaris , five gale a pifcif. G esn*
l • P ' 9%,
V I V 4 * 7
Muflela vulgaris altéra 3 galea pifcis. G esneR.
( Germ. ) fo l. 41. b.
Ce poiflon , félon Schonfeld, ne quitte jamais
les eaux falées, & fe tient très - communément
dans les détroits &. auprès du rivage de la mer
Baltique. Il a environ un pied de long. Sa peau
eft fans écailles; la couleur de fa tete & de fou
dos eft d’un jaune obfcur, marqué de raies noires;
cette couleur prend une teinte plus claire fur les
côtés, puis fe change peu à peu en un blanc gri-
fatre fur le ventre, & devient enfin tout-a-tait
blanche vers l’anus. La tête eft arrondie comme
celle de l’Anguille. Les mâchoires ont, au lieu de
dents, une multitude de petites afpérites. Les ouies.
font au nombre de quatre de part & d’autre. Auprès
de ces parties font deux nageoires allez larges ; &
fous le go fier, dont la furface eft de couleur^ de
fafran, il y a deux autres nageoires tres-etroites
& femblables à des barbillons. La nageoire du dos
prend fon origine derrière l’occiput ; fa couleur
eft d’un jaune cendré , comme celle du dos, marqué
par intervalles de raies noires qui s’étendent
de bas en haut. Cette nageoire fé prolonge fans
interruption jufqu’à un demi-pouce en-deçà de
la queue. La nageoire inférieure commence près
de fanus , & va en s’aminciffant vers fon extrémité
; elle a une foible teinte de jaune, qui paffe
peu à peu à la couleur roùge, en allant vers la
queue.
Vers l’équinoxe du printemps, les oeufs com-»
mencent à fe former dans l’ovaire de la femelle ,
où on les trouve ramaffés en pelotton, mais encore
extrêmement petits, & d’une couleur blanchâtre.
Vers la fin du mois de Mai, ou au commencement
de Juin, iis acquièrent de l’accroiflement &. fe
colorent en rouge. Lorfqu’ils font parvenus a la
groffeur d’un grain de moutarde , ils s amolliffent,
s’étendent, prennent une forme oblongue, &, déjà
on apperçoit, à leur extrémité fupérieure, deux
.points noirâtres, qui font les rudiments de la tete
& des yeux ; bientôt le ventre fe dégage, & paroit
enveloppé d’une efpèce de membrane blanche &
tranfparente , en forte qu’on découvre les inteftins
à travers ; enfin, on voit fortir la queue, qui eft
femblable à un fil très-délié, & tortueufe a fon
extrémité.
L’ovaire, qui s’étend pour fe prêter à cet
accroiffement, eft encore gonfle par 1 abondance
d’une liqueur fangeufe qui remplit fa capacité :
cette liqueur eft blanchâtre , un peu teinte de
fang, & infipide au goût..,Les fibres nombreufes
répandues dans fa fubftançe, forment, autour de*
foetus, comme un léger duvet, qui les empêche
de fe nuire mutuellement en fe froiffant, & garantit
leur extrême délicateffe de tout danger.
On obferve aufli des filaments particuliers, qui
femblables à des vaiffeaux ombilicaux, s’étendent
des parois ou des tuniques de la matrice, auxquelles
ils font adhérents, vers le corps des foetus
où ils entrent pour y porter vraifemblablemenj
r H h h ij