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mine ; fur d’autres , c’eft le brillant de l’argent. !
Quelques-uns ont des taches de diverfes couleurs. I
Quelques perfonnes fe font un amufement d'avoir
de ces poiffons dans des vafes de cryftal ;
en ce cas,il faut que.ces vafes ayent une largeur
& une profondeur fuffifantes. En général les Poiffons
dorés de la Chine font petits ; on prétend cependant
qu’il y en a qui parviennent à la groffeur
du Hareng ; mais leurs couleurs ne font pas aufli .
vives que celles des petits.
Plufteurs ont cru que ces poiffons ne mangeoient
point pendant l’hiver ; d’autres penfent que fous la
glace ils fe nourriffent des infecies qui s’attachent
aux plantes aquatiques. Il eft certain que ceux
qu’on élève dans des vafes de cryftal prennent
peu d’aliments pendant l’hyver. Il fuffit prefque de
Tes changer d’eau tous les fépt à huit jours. Mais
dans cette opération, il ne faut pas ôter toute l’eau,
<sn forte que lès poiffons reftent a fec ; car la-plupart
mourroient, Il eft bon aufli de tenir la nouvelle
eau qu’on veut donner aux poiffons, dans
un vafe à part pendant quelques heures, pour lui
faire perdre fa crudité ; & fi l’on veut les changer
de vafe » au lieu de les prendre à la main, on
fera bien de fe fervir d’un petit filet dont les
mailles foient affez ferrées pour que l’eau ne s’en
échappe que peu - à -peu, en forte qu’il en refte
toujours dans le filet, pendant que l’on tranfporte
les poiffons d’un vafe dans l’autre. On prétend
que ceux qu’on a touchés avec les doigts , ainfi
que ceux qui reftent privés d’eau, même pendant
un petit efpace de temps, deviennent languiffants ,
ce qu’on reconnoît à l’altération qu’éprouvent leurs
belles couleurs. Cependant M. Duhamel dit
avoir tranfporté à la main de ces poiflons d’un
vafe dans un autre, fans qu’ils ayent paru en fouf-
frir. . | y
Quant à leur nourriture’pendant l’ete, on peut
leur donner une pâte faite avec de l’échaudé & du
jaune d’oeuf, comme celle qu’on donne ju x Serins
qu’on élève à la brochette. On préten«[u’ils font
avides d’oublies, qui, en fe délayant en partie dans
l’eau, y forment une mucofité agréable pour eux.
On dit aufli qu’ils fucent avec plaiflr la bave des
Limaçons M. Duhamel ayant eu pendant plusieurs
années de. ces poiffons dans un réfervoir de
pierre de taille , a remarqué qu’ils étoient prefque
continuellement occupés à fucer' le long des
parois la vifcofité qui s’y attachoit. Linnæus dit
qu’il faut les nourrir avec du pain , de la lentille
d’eau & des petits poiffons. Mais il ajoute qu on
doit bien fe garder de leur laiffer manger des fe-
jnences d'une efpèce de plante aquatique qui eft
le biiens tripartita de cet Auteur ( vulgairement.
verbefma) , ces femences étant mortelles pour eux,
comme il l’a reconnu par rapport à des poiffons de
cette efpèce qa’il élevoit. Le Père Duhalde dit
avoir oblervé qu’il en mouroit toujours quelques-
uns, quand on tiroit le fanon, ou que l’on faifoit ’
fondre du goudron.
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Ces poiffons fe trouvent, naturellement dans les
rivières de la Chine & du Japon. Us s’y multiplient
avec une abondance furprenante* 6c l’on obferve
la même choie dans nos viviers. Il eft bien rare
de les voir fe reproduire* dans nos vafes. Cependant
M. Duhamel dit qu’une perfonne de fa con-
noiffance l’a affuré qu’il étoit venu deux petits
dans un vafe de cryftal où elle en cpnfervoit avec
beaucoup de foin.
Certains charlatans fe fervent de ces poiffons
pour .amufer la multitude par une apparence de
merveilleux^ Ils ont un vafe de verre en forme
de globe, dans lequel eft enfermé un fécond vafe
femblable, en. forte qu’il refte un certain vuide
entre l’un & l’autre. Ces deux vafes fe tiennent
par leur partie inférieure, qui. eft en forme de
cylindre , 6c attachée à un pied de bois. Mais ils
n’ont aucune communication enfemble par leur
capacité. On place un oifeau dans le vafe intérieur,
qui communique par de petites ouvertures avec
l’air de l’atmolphère. On remplit d’eau l’efpace
compris entre les deux vafes, 6c l’on y met des
Dorades de la Chine. Ce fpeéfacle fait illufion au
vulgaire, qui n’appérceVant pas le vafe intérieur ,
que fa tranfparence rend infenfible , s’imagine voir
un oifeau habiter l’eau au milieu des poiffons.
P oisson Ju if . C’eft le nom que quelques Auteurs
ont donné au Marteau. Voye£ ce mot.
. Poisson Royal. Suivant la conjecture de
Gronovius, le poiffon ainfi appellé dans l’Hiftoire
générale'des voyages, tom. 5.' L 9. c. 8. n’eft autre
chofe que le Thon. Voye£ T h o n .
P oisson Saint-Pie r re , (le) Efpèce de Doré.
Zeus Faber. L ln. Syfi. nat. Pifces thoracici. Zeust
n°. 3. . -;
Zeuscaudâ ro:undatâ3 lateribus mediis ocello fufco,
pinnis analibus duabus. Ibid.
Zeus ventre aculeato 3 caudâ in extremo circinata»
A rted. Gen. 50. fy n .7% .
Zeus ventre aculeato , caudâ rotundatâ. Muf. Ad*
Fr. 1. p. 67. t. ^ i . f . i .
Gronov. M u f 1. n. 107.
ld . A B . Upfal. 17 4 1 . n. ia.
Zeus ventre acutijjîmo ; caudâ circinatâ 3 pinnis
analibus binis. Id. Zooph. n°. 311.
Tetragonoptrus capite amplo , ad latera valde
comprefjb 3 ôris hiatus immani 3 latera olivacea colore
ex cotruleo albïcante var-iegata ; in medio utriuf-
que lateris macula nigra ; fquamis parvis ; dentatus•
K le in . Pifc. M if f 4. p. -39. n. 11.
A n KottW. A then. L. 7. fo l. 164. 14. etlie;
Valdêri.
0e KahKsvr, A then. Z. 7. fo l. 163. 50, editi
Vald.
Oppian. Z. 1 . fo l. 6. 17.
Z e u s idem F aber. Plin. Z. 9. c. 18.
Citula five SanBi Pétri Pifcis. P. J p V. c. VJl
•^.98. | . '
Cor.vus. P, Jov. c. 8. p. 61.
faber five Z lus. Pm n . L . 32. c. 11.
P O I
Faber five Gallus marinus. Rou d il . Z. n c. 19.
/?• 3 l8* Gesner./?. 369.439.
W il l u g bh . p .-2 9 4 . tab. S. n°. 1 6 »
R a i . p., 99.
Bossuet. Epigram. p. 137.
Eaber. OviD. v. 110.
COLUMELL. L, 8. C. l6»
("W^OTTON. Z. 8. C. 18 l.fo l. l6ô. b.
S A L VI A-Nt fol. 203. 2O4. 205.
Gesner. ( Germ. ) fo l. 32.. h.
A l o r o v . Z. 1. c. 25.p. i i z .
Jonston. Z. 1. tit. 2. c. 1. a. 18. t. i j . f . 1. z.
C h a r l e t ./;. 136.
En Angleterre , Doree ; en .Efpagne , G ai ; à 1
Rome, Citula3 Pefce San Pietro; à Gènes, Rotula;
en Dalmatie, Fabrol
Le nom de P o if 'on Saint - Pierre, que les Italiens
ont donné à fefpèce de Dore qui eft l’objet de
cet article, lui eft"venu de l’opinion qui s’étbit
répandue 6c accréditée , que le poiffon qu’avoit
pêché faintPierre, par l’ordre du Sauveur, pour
retirer de fa gueule la .pièce de monnoie deâinée
à payer le tribut , étoit de cette même efpèce.
Mais il n’y a rien dans le texte facré qui; ait pu
faire naître cette idée , puifque le nom du poiffon.
dont Dieu fe. fervit pour remplir ce deffein
n’y eft point défigné. Wilîughby conjecture que
l’origine de cette opinion provient de la reffem-
blance que l’on a cru appercevoir entre une pièce
de monnoiè .& une belle tache ronde que le même
poiffon a fur chaque côté du corps.
Ce poiffon, fuivant l’Auteur que nous vénçrns
de citer, a le corps très - large , très - comprimé
par les côtés, 6c par- tout à-peu-pres de là même
épaiffeur. Sa.forme approche.de celle du Fleton :
mai» il nage dans une fituation verticale 6c non
pas fur le côté comme le Fleton.
Il a la tête très-volumineufe, très-applatie latéralement;
la gueule d’une grandeur démefurée ;
les mâchoires hériffées de petites dents-; on voit
fur le haut du palais un efpace triangulaire, &
fur le fond de la même partie ,. deux autres jpetits
efpaces circulaires , tous pareillement garnis d’af-
pérités. Les yeux font -très - ouverts 'ont de
larges prunelles ; les iris font jaunes. Les narines
font près des yeux. La mâchoire fupérieure eft
couverte d’une membrane femblablè' à une lèvre
ê c comme retrouffée.
Les lignes latérales ont à -p eu - près Ta figtir'e
d’une anlè de panier, dont les deux extrémités
feroient recourbées. La couleur des côtés eft olivâtre
, avec des taches d’un blanc bleuâtre. De
plus, on voit fur le milieu des mêmes parties les
deux taches circulaires dont nous avons parlé plus
haut, & qui font noires.
La première nageoire du dos s’élève beaucoup ,
& a dix rayons épineux, à chacun defqueis eft
accolé en quelque forte un autre rayon d’une
coafiftance molle ; ces derniers rayons fe détap
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client des épineux, un peu au - defibus de l’extrémité
(Je ceux - ci , & ie prolongent beaucoup
au - delà ; la membrane intermédiaire ’ les fuit
jufqu’à leur extrémité , de manière cependant
qu’elle s’abaiffe , dans les intervalles qui les réparent
, en reftant toujours au - deffous de la pointe
des rayons épineux. De plus, cette nageoire va
<en diminuant de hauteur jufqu’à fon extrémité 011
elle' fe réduit à un' point, en forte qu’elle1 imite
la courbure d’un fer de faulx. La fécondé nageoire
du dos-à vingt -quatfe rayons flexibles, dont le
douzième eft lé plus élevé*-
Les nageoires de la poitrine font garnies chacune
de quatorze rayons. Celles du ventre en ont fept,
dont le premier eft épineux.-
La nageoire de l’anus a quatre rayons épineux
réunis par une membrane. La fécondé en a vingt-
deux flexibles, 6c s’étend prefque jufqu’à la queue.
La nageoire qui termine cette dernière partie
prend une forme demi - circulaire forfqiie le poiffon
la déployé ; elle a quinze rayons rameux.
Les rayons de la nageoire antérieure du dos
excepté le,s deux p r e m i e r s les• deux derniers ,
ont de part & d’antre à leur bafe une épine. On
voit aufli le long de la bafe de la fecônde nageoire
du dos fept ou huit paires de fortes épines inclinées
alternativement de bas en haut & de haut en
bas. Lés -nageoires de l’anus font gârniës* pareillement
d’épines difpofées de la même manière que
[ celles qui leur correfpondent près- des nageoires-
du dos. Deux autres rangées d’épines , dont les extrémités
font tournées en arrière, s’étendent depuis
les ouies jufqu’aux nageoires du ventre & l’on
voit encore deux épines fur l’efpace intermédiaire,
près des mêmes nageoires. De-là julqu’à la première
nageoire de l’anus régnent deux nouvelles
rangées- d’épines recourbées aufli en arrière. Enfin?
l’occiput lui-mêrne-fe termine par deux épines, 6c
il y en a encore deux auprès des angles des ouies,
l’une plus courte & droite , la fécondé plus alongée
6c couchée fur le côté.
Un individu de cette efpèce obfervé par TTiW
lughby avoit dix-fept pouces dans fa^ plus grande
longueur , & fept à l’endroit de fa plus grande
largeur. On trouve ce poiflon dans l’Océan 6c dans
la Méditerranée. Sa chair eft làmelleufe, affez
tendre, facile à digérer, 6c fou-vent on la préféré
même à celle des Turbofs.
POISSONNIER. Voyez C hasse-M arée.
PO I S SO N N IÈ R E . Vendeufe de poiîFonô-.
A Paris les Poiffonnieres étalent dans les halles Qc
marchés, dans des baquets qu’elles ont devants
elles, où le poiffon vivant' nage & fe conferve
dans l’eau, dont ces baquets font remplis. Le nom
de Poiffonnïere ne fe donne qu’à des marchandes-
dè poiflon d’eau douce ; les autres fe nomment
Marchandes de Marée-, fi leur commerce eft de
poiffon de mer frais ; ou Marchandes de Saline
elles font commerce de poiffon falé. DiBiormaire
raifonné des Sciences, Arts & Métiers,