
m r e q
Pêcheurs ont fatisfait leur curiofité, eft confîdérant
tous les divers mouvements de cet animal, ils
tirent la chaîne , & feignent d’enlever l’appât hors
de l’eau. A cette vue, le Requin , qui craint
que fa proie ne lui échappe, fent ,fon appétit ;
il fe jette précipitamment fur le lard & l’avale ;
mais comme il eft pris à Fhameçon & retenu par
la chaîne , il fe donne , pour recouvrer fa liberté,,
mille mouvements', qui deviennent un nouvel
objet de curiofité pouf les Pêcheurs ; il fait jouer
fes mâchoires, en effayant de couper la chaîne ;
il tire de toutes fes forces pour l’arracher ; fou-
vent il s’élance en avant & tait des bonds furieux.
Lorfqu’on l’a laifle fe débattre pendant quelque
temps, on tire la corde à laquelle tient la chaîne ,
jufqu’à ce que la tête du Requin foit hors de l’eau ;
on glifle une autre corde avec un noeud coulant,
qu’on lui fait palier jufqu’au-deflus de l’articulation
de la queue, puis on ferre le noeud ; alors il eft
aifé d’enlever le Requin dans le bâtiment, ou de le
tirer à bord ; enfuite on achève de le tuer. 11 n’y a
point d’animal qui ait la vie plus dure ; car après
qu’on l’a coupé en pièces-, on en voit encore
remuer toutes les parties.
On fait bouillir le foie du Requin, pour en retirer
l’huile, que l’on verfe dans des tonneaux ; on coupe
auflï la chair du bas-ventre en tranches fort minces,
que l’on fait fécher pendant un an & davantage,
jufqu’à ce qu’elle ait laifle égoutter toute fa graille.
On prétend que cette chair, préparée enfuite par
la cuiflon, n’eft pas défagréable au goût. Les Norvégiens
apprêtent les oeufs en omelette, & c’eft.
un mets euimé chez ces peuples. Le Requin eft"
«cTe tous les poiflbns celui que les nègres aiment le
mieux, & dont ils mangent le plus fouvent. Les
navigateurs n’y touchent jamais , parce qu’ils
trouvent fa chair trop dure. Les nègres , pour
remédier à cet inconvénient, la gardent pendant
huit ou. dix jours , jufqu’à ce qu’elle ait commencé
à fe corrompre & qu’elle ait pris- une mauvaife
odeur ; & ces peuples-, faits pour vérifier le proverbe
, quVZ ne fa u t pas difputer des goûts , regardent
alors la chair du Requin comme un mets fort délicat
: auflï s’en fait-il un commerce confidérable
dans la Guinée , & particulièrement fur la Côte-
d’Or.
La peau du Requin eft employée par phifieurs
artifans' pour couvrir des étuis , des tuyaux de
lunettes & autres ouvrages femblables : on lui
donne alors le nom de chagrin. Les dents du
même poiflon ont été mifes au rang de ces amulettes
f i vantées , que quelques personnes portent
encore comme des fpécifiques affinés contre les-
effets du poifon , & contre diverfes maladies ,
mais qui, au fond, ne fervent qu’à prouver combien
l’amour de la vie rend les hommes crédules
& fufceptibles de préjugés. On trouve dans l’Ifle
de Malte un grand nombre de ces mêmes dents
pétrifiées. On les a nommées Glojfopetres. ( Voye^
ce mot. ) Dans ce nouvel, état, elles n’ont rien
R E T
perdu \ aux yeux du vulgaire , de leur vertu prétendue
pour arrêter l’effet de toutes fortes de
poifons.
RESAIGUER. Ce mot eft employé en Provence
pour exprimer l’a&ion de jetter des pierres*
autour du filet que l’on a tendu, dans la vue d’effrayer
le poiflon, & de l’engager à donner dans >
le filet..
RESEGUE. Grande teflure de trémail, dont
on fe fert dans- la Méditerranée ; elle diffère de
la fégetiere , en ce qu’elle a communément les
mailles moins ouvertes & faites d’un fil plus délié,
p RÉSERVOIR. C’eft un enfoncement pratiqué
au bord de la mer, pour conferver dans l’eau
falée les poiflbns que l’on a pris. 11 y a aufli dès
Rèfervoirs d’eau douce, pour la confervation des
poiflbns de rivière. Les grands s?appellent Viviers s
& les petits Huches.
RESSA1GUE. Voyei R esegue.
RESSAUT. Ce terme , dans la langue des
Provençaux, eft fynonyme d'Epervier. Voyeç ce
mot.
RESURE. Voyei R a v e ..
R E TO U R . Exprefiion ufitée parmi les Pêcheurs
, pour exprimer qu’ils ont fait une mauvaife
pêche , & qu’ils font dans le cas de retourner pour
eflayer d’en faire une plus avantageufe; ils difènt
alors qu’ils viennent à retour.
RETS; Ce terme a la même lignification que
celui de filet. Voye^ F il e t .
R ets a Ba n c . On appelle ainfi les filets qu’on
tend entre les bancs.
R ets a C o l in s . Filet dëftinê à prendre de
petites- Morues, qu’on appelle Colins en quelques^
endroits.
R ets a R o b lo t s . Friet à l’aide duquel on;
pêche de petits Maquereaux nommés Roblots fur
les côtes de Normandie.
R ets a R o c . C’eft le nom que portent les
manets que l’on tend entre les roches.
R ets d’enceinte. On appelle ainfi les filets
avec lefquels on fe propofe d’envelopper un banc
de poiflon.
R ets de gros fond. Efpèce de filet en ravoir,,
que l’on tend comme les folles, de manière qu’il
forme une poche dans laquelle lé poiflon s’engage.
R ets entre l’ea u . Ce terme eft fynonyme
de Ravoir. Voye{ ce mot.
R ets n o ir ou R ets n o ir c i . C’eft le nom
que prennent les filets qui font devenus noirs à-
force d’avoir été tannés , après qu’on les a lavés
& fait fécher.
Rets r o u l a n t . Voy.e^ V as-tu V iens-tu .
R ets sa il l a n t . Filet qui a douze ou quinze
braffes de longueur fur deux brades de chute, &
que l’on tend à la baffe mer pour y prendre-différentes
efpèces de poiflbns, & en particulier des
■Muges.
R ets tr a v er sant. Il y en a dé deux fortes ;.
les uns font enfouis dans le fable , lorfque.la met
eft baffe ; &- comme il y a de diftance en diftance
des lignes attachées à la tête du filet, & qui portent
des flottes, on haie deffus, & on relève le filet
quand la mer eft haute. L’autre forte de Rets tra-
■ verfant fe nomme en Gafcogne P a lla . Voyeç ce mot.
R e t s t r a v e r s i s , Voyez R e t s a B a n c s ..
RETZ. -Voyez R a i e . ( E f p è c e d e p ê c h e . ) .
, RH1NOBATE. (la) Efpèce de Raie.
Raia Rhinobaîos. L in.. Syfi. nat. Amphib. nantes.
Raia , n°. 9. -
; Raia oblonga, unico aculeorum ordine in rnedio
dorfo: Art. Gen. 70. fy n . 99.
Raia dorfo dipterygio , aculeorum ordine fohtar 10,
caudd. lata pinnatâ 3 incmi 3 rofiro trigono produblior e.
G r o n o v . Zooph. 1 5 6 .
O' VivoCcltoc. Arist. L. 6. c. II.
Squatina Raja. G a z . A r i s t . L . c.
Aldrov- L . 3. c. 67. p. 475. 477-- 478-
C h a r l e t . p . 1 3 1 .
JoNSTt L . 1 . 1 . 1. c. 3.. a. 3.punEl. il*-
Squator Raja feu Rhinobatos. B E L L O N.
S a l v i a n .
G e s n . p. 9 0 3 .
Rhinobatis.five Squato-Raja. P. Jov. c. 29-ƒ?. ïOi.-
Rhinobatus feu Squato-Raja. GesnER. (Germ.)
fo l. 66. b~
Rhinobatus feu Squalino - Raja. W IL LU GH B Y.
p* 7 9 . tab. D . n°. 5 . f . 1.
R a i . p . 2 8 .
Rhinobatus feu Squato-Raja. S a l v . fo l. 15 3 *
Rhinobatus. R o n d e l . L . 1 2 . c. 2 2 . p. 3 7 0 * _
Ce poiflon, fuivant Willughby tient le milieu
entre plufieurs autres Raies & l’efpèce de Chien
de mer à laquelle nous avons donné le nom d'Ange.
( Voveq, ce mot. ) Cependant il fe rapproche davantage
de celle-ci à plufieurs égards ; il en eft
diftingué , en ce qu’il eft plus long à proportion
de ion volume, en ce que fon mufeau eft aigu,
plus faillant au-delà des lèvres , comme dans l’efpèce
de Raie nommée Alêne. Ce poiflon différé
encore de l’Ange, en ce que fa furface inférieure
eft plus plane ; il eft dépourvu d’écailles comme
les autres poiflbns de ce genre, mais fa peau eft
âpre au toucher : la couleur de fa furface fupérieure
eft un peu fombre ; celle du deffous eft d’un blanc
rougeâtre. Les iris font jaunes ; les trous qui font
derrière les- yeux ont fur leur bord deux petites
dents. Les narines font oblongues &. grandes ; leur
intérieur eft garni de dents difpofées comme celles
d’un peigne. Au-deflus des paupières on voit une
membrane qui a deux ou trois divifions anguleufes.
L’ouverture de la gueule a fes bords prefqu’en ligne
droite ; fa largeur eft de deux pouces. Les dents
font remplacées par des tubercules un peu rudes ,
comme dans les autres'Raies. Il y a fur le milieu
du dos un rang de petites épines courtes. Le deffus
&. le deffou* du. corps font bordés , fur la ligne de
leur jonâion, d’une efpèce de frange ondée. Le
dos a deux nageoires.
Lfindividu-. décrit par Willughby avoit trente
pouces de longueur depuis la pointe du mufeau
jufqu’à l’extrémité de la queue. En partant toujours
de la pointe du mufeau , on çomptoit dix-fept
pouces & demi jufqu’à la nageoire antérieure du
dos ,vingt-deux pouces & demi jufqu’à la fuivante,
un pied jufqu’à l’anus , quatre pouces ÔC demi jusqu’aux
yeux , cinq pouces trois lignes jufqu’aux
ouvertures fituées derrière les yeux, cinq pouces
jufqu’à la gueule, fix pouces neuf lignes jufqu’à la
première ouie , & huit pouces jufqu’à la dernière.
Plufieurs Auteurs ont regardé le Rhinobate comme
une elpèce mélangée , provenant dé l’accoupler
ment du poiflon nommé Ange avec une Raie ; &:
c’eft en raifonnant d’après cette fuppofition , que
Rondelet rejette l’exifteace de ce poiflon comme
contraire aux loix de la nature. Willughby, fans-
entrer dans aucune difcuflion fur cet objet, fe
contente d’affirmer que le Rhinobatex te\ qu’il vient
d’être décrit, exifte réellement, & il rapporte,,
d’après le témoignage de Colomna , que le poiflon-
dont il s’agit eft très-commun à Naples , que fa-
grandeur ne furpaffe jamais quatre pieds, & qu’iii
ne pèfe pas au delà de douze livres. « C’eft donc
)>*en vain, ajoute cet Auteur, que Rondelet s’efforce
de prouver que ce poiflon n’eft qu’un être
v en idée , & il feroit fuperftu d’employer le
» raifonnement pour réfuter fon opinion, contre
j> laquelle l’obfervation réclame ».
RHOMBE. V o y e i T u r b o t .
RHOMBOIDAL, ( le ) Efpèce de Spare.
Sparus Virginicus. Lin . Syfi. nat. Pifces thorac.-
Sparlis s n°. 23.
Sparus caudd bifidd ,.fa fc iis duabus nigris tranf-
ver fis 3 litieis cceruleis plurimis. Ibid.
Ce poiflon, fuivant Linnæus , a les opercule»
des ouïes légèrement dentelés ; il eft marqué, de
part & d’autre ,. de deux bandes noires-, dont l’une
s’étend depuis l’endroit qui répond aux épaules-
jufqu’à la mâchoire inférieure , en paffant fur le»
yeux ; la fécondé part du même endroit, & prend
fa direction, à travers les côtés de la poitrine, vers>
les nageoires de la même partie : de plus, on-
voit fur le corps plufieurs lignes longitudinales ,,
parallèles entr’elles & d’une couleur bleue.
La nageoire du dos a vingt-fept rayons, dont
les onze premiers font épineux. Les nageoires de;
la poitrine en ont chacune dix - huit ; celles dm
ventre fix , dont un épineux. La nageoire de
Fanus en a treize , dont les trois antérieurs font
pareillement épineux ; celle de la queue .eft fourchue
; elle a dix-huit rayons. CM trouve cette
efpèce de Spare dans l’Amérique leptentrionale.
RHOMBOÏDE, (le ) Efpèce de Salmone.
- Salrno Rhombeus. Lin.- Syfi. nat. Pifces abdomini.
Salmo y n°. 28.-
Salmo ab domine ferrato , ’pkmn anàli caudaliqut
baß margineque nigris. Ibid.
Salrno Rhombeus. Pallas. Spicileg, f i f i i c . 8.-
p. 52. tab. 5. fig. 3.
Ce.poiflon eft très-remarquable, félon M. Pallas,