
tous tes habitants, même les foldats, courent à J
là marine, où tous les Patrons des bâtiments
péditeurs prennent avec eux les filets néceflaires
pour la pêche , & font entrer en même temps dans
leurs bateaux autant de monde qu’ils en peuvent
contenir , pour les féconder dans cette grande
pêche. Quand tous ces bateaux font arrivés à l’endroit
oh l’on apperçoit les Thons , ceux qui les
montent jettent à l’eau leurs pièces de filets qui
font leftées & flottées , & en forment une enceinte
demi-circulaire , dont la concavité eft tournée vers
la côte, & qu’ils appellent le jardin. Les Thons qui
s’y trouvent renfermés tournent dans l’intérieur des
barrières, dont la vue les effraye au point qu’ils
n’ofenten approcher de plus de quinze à vingt pieds.
A mefure que ces poiflons s’avancent du côté de
la plage,on reflerre l’enceinte,ou plutôt on en forme
une nouvelle concentrique &. intérieure à la première
, avec des filets qui étoient en réferve dans
dix ou douze bateaux. On laifle une ouverture à !
cette fécondé enceinte, pour que les Thons puif-
fenty pafler, &. lorfqu’ilsy font entrés, on ferme
l’ouverture avec une pièce de filet. On continue
ginfi de reflerrer, par des enceintes fucceflives &
qui vont en diminuant de'largeur, l’efpace dans
lequel font renfermés les poiflons, jufqu’à ce qu’il
n’y ait plus que quatre braffes d’eau. Alors on jette
le grand boulier , qui eft une efpèce de faine dont
le milieu eft garni d’une manche. Les Thons, après
avoir tourné autour du boulier dont les ailes font
courbes , s’enfoncent^ dans la manche. Alors on
amène le filet fur 1e rivage à force de bras, & les
Matelots faififlent les petits Thons avec la main ,
& les gros avec des crochets, puis ils les chargent
fur leurs bateaux, & les tranfportent au bordde la
plage du port de Colioure. On a vu de ces pêches
qui produifoient jufqu’à trois mille quintaux & plus
de ce poiflon. On rapporte qu’une année, au mois
de Mai, il fe fit une pêche de feize mille Thons ,
tous jeunes & du poids de vingt à trente livres,
ce qui étoit un fait également extraordinaire , foit
qüe l’on confidère l’époque ou le fuccès de cette
pêche.
Le filet que l’on appelle Comhrière, & auquel les
Provençaux ont auui donné le nom de Tonnaire,
diffère peu de la Courantille. Voyeç ce mot.
Quant à la pêche des Thons dans les madragues,
l’une des plus importantes de celles qui fe pratiquent
à la mer, on peut confulter ce que nous
en avons dit à l’article Pêche dans l’Introduâion ,
où nous avons décrit la conftruâion de ces grands
parcs fermés, la manière dont on y prend Iq poif-
fon, & tes circonftances qui font de cette pêche
une efpèce de fête pour les fpeélateurs que la curiosité
y conduit en foule de toutes parts.
La manière de faler le Thon, pour en faire ce
qu’on appelle Thon mariné , diffère peu de celle
dont on prépare la Morue , foit en blanc, foit en
verd. (Voye^ M o r u e ). On a grand foin de cfif-
tinguer les barils où l’on met la chair du ventre que
-l’on appelle la panfe du Thon, & qui fe vend plus’
avantageüfement que les grofles chairs qu’on
nomme dos de Thon ou thonine. Comme ce poif-
fon eft fort gras, il s’en détache, lorfqu’on le lave
pour le faler, une huile qui flotte fur l’eau, & que
les femmes ramaflent pour la vendre aux Tanneurs*
Willughby & plufieurs Naturaliftes modernes
regardent comme une efpèce à part la Pelamide
d’Ariftote & de Pline , qui eft là variété £, dans la
nomenclature citée ci-deiïùs. Le principal caraélère
qu’ils indiquent pour la diftinguer du Thon 3 conflfte
dans huit ou heuf bandes obliques qui forment des
ondulations fur les côtés du corps, au lieu que le
Thon a ces mêmes parties d’une couleur uniforme.
La Pelamide, luivant Willughby, a beaucoup
de reflemblance avec le Maquereau par fa forme
cylindrique, & qui s’amincit auprès de la qiieue.
Elle a le dos d’une couleur azurée obfcure , le
: ventre argenté, les yeux petits, à proportion du
volume de fon corps ; les mâchoires garnies- d’une
feule rangée de dents ; quatre tubercules hériffés
d’afpérités, litués au fond de la gueule, à la racine
de la langue & des ouies. Il réfulteroit de ce dernier
caraâère une différence fenfible entre la
Pelamide & le Thon,- qui n’a que deux tubercules
dentelés au fond du palais, félon la defcription
que nous avons donnée ci - deflùs d’après Willughby.
Mais cet Auteur ne parle ici qu’en
doutant, puifqu’il ajoute , qu’il pourroit bien fe
faire que le Thon eût quatre tubercules au même
endroit, comme la Pelamide. Quant au nombre
à la figure & à la fituation refpeétive des nageoires
, Willughby convient qu’il y a fort peu de
différence à cet égard entre la Pelamide & le
Thon.
Nous avons fuivi Artedi, qui regarde toutes
tes différences indiquées entre ces deux poiflons
confine accidentelles. Ce fentiment étoit celui
des anciens,& en particulier d’Ariftote, au rapport
duquel les jeunes Thons, qui étoient fortis
en automne duPont-Euxin, s’appelloient Pela~
mides au printemps fuivant, lorfqu’ils retournoient
dans la même mer. Il leur falloit encore une
année d’àccroifîenaent pour parvenir à l’état de
véritables Thons. On voit par-là que les Pela-
mides n’étoient diftinguées des | Thons que par des
différences qui tenoient à celle des âges.
TONNAIRE. Filet à-peu-près femblable à
la folle , & qui fert, dans la Méditerranée , pour
la pêche des Thons.
THYMO. Le poiflon ainfi nommé dans le
Dictionnaire raifonné des Sciences , Arts &. Métiers
, eft l’Ombre de rivière. Voye{ ce mot.
TIBURON. C’eftr l’un des noms que l’on a
donnés au Requin.
TILLOLE ou TILLOTE. C’eft un petit bateau
d’une conftru&ion fingulière, qui n’a ni quille ni
gouvernail, &éreflemble aux canots des Sauvages.
On s’en fert dans les endroits où le cours de
l’eau eft fort rapide. On donne aufli le nom de
Tillole à de petits bateaux très-légers, terminés
en pointe de part & d’autre , & que Ion employe
pour pêcher dans les lieux où il y a. peu
d’eau, en forte que le bateau peut couler fur la
vafe.
TIRIATE. Voyez G u id e a u .
T 1ROLLE ou TRÉAULE. C’eft un filet en
trémail, de fix ou fept pieds en quarré, dont les
mailles font très-petites, & qui eft monté fur une
perche de douze pieds de long. Les Pécheurs de la
Gironde s’en fervent pour prendre de petites
Soles, des Plies, des Mulets & autres poiflons
femblables. , _ ,
. TIS ou TISSE D’ENTREMAILLADE. Les
Provençaux donnent ce nom au filet que 1 on appelle
Trémail fur les côtes de l’Océan.
TOCAN. Voyei GRILL. -
TOILE. Ce mot eft fynonyme de Flue. C’eft la
nappe fine qui eft entre les deux hamaux du tre-
mail.
TORPILLE, (la ) Efpèce de Raie.
Raja Torpedo. L in . Syfl. nat. Amphibia nantes.
Raja , n°. i.
Raja tota lavis. A r t . Gen. 73. fy n . 102.
Muf. Ad. Fr. 2. p. 50. *.
G r o n o v . Zooph. 153. t. 9. f . 3.
Hc Nctpw. A rist. L. 2. c. 13. 15. L* 5 * IX*
L . 6. c. 10. 11 . L. 9. c. 37.
Æ l ia n . L . 1. c. 36. L. 5. c. 37. L . 9. c . 14.
O p pian . L . 1. p. 5. Z. 2. p* 32»
A then. L . 7. p . 314.
Narcos. Cua. L , 3. c. 62. fo l. 83.
Rahas. Jo r a th . AuEloris obfcuri.
C ub. L. 3. c. 74. fo l. 87. b.
Torpedo. Pl in . Z. 9. c. 16. 24. 42. $£. 6* Z. 32.
C. I I. 9.
I s id o r .
C u b . L . 3. c. 91. fo l. 91. b.
P. Jov. c. 28. p. 100.
B e l lo n .
R o n d e l . L. 12. c. 19. p. 338.
S a l v i a n . fo l. 142. 143.
G esner. p. 988.
J on ston . L. i . tit. i . c. 3. a. 3. punêt. 1. t. 9.
f . 3. 4. T h a um a t . p. 428.
C h a r l e t . p. 129. Q
M a t t h io l . in Diosc. L. 2. c. 15• p» 2.80.
Ba l k . Muf. Princ. §. 38.
Muf. Besler. p. 57. tab. 26.
B l a s . Anat. Anim. p. 305.
R e d i . Exper. p. 53.
L orenzi ad V alent. Amph. Zootom. p. 110.
K oe m p f . Aman. Exot. p. 509. t. 510.
Muf. R ich ter , p. 368.
G r e v in . Venen, p. 129.
J. Scortia Nat. & Inêl. N ili. L . 1. c, 7. p. 48.
Narcoçion demptâ caudâ circulant. K l e in . P ifc •
M i ß i . p . j i . n . 1 . . . Ctta
Torpedo maculis pentagoiuce pojitis mgris, OHAW.
Trav. app. p, 51, n , 35.
Torpedo , Greeds Nctfxw. R a i .
Torpedo, Grtecis UctfW , Genuenfibus Balte potto*
W il l u g h b y . p. 81.
Torpedo non maculofa. G esn. (Germ.)yû/. 7 5 • ^*
A ld r o v . L . 3. c. 45. p. 4l 8»
Jonston. Z. 9. ƒ 5. 6.
Torpedo maculofa. G e sn . ( Germ. ) fo l. 73.
Torpedo maculofa fupina. Id. ( Germ. ) fo l. 75* a*
Torpedo Salviani maculofa. A l d r o v . Z. 3» f* 45*
P• 4WTorpedo
oçülata. B e l l o n .
G esner. p. 988. 989.
Torpedo oculata prima. Id. ( Germ. ) fo l. 74. b.
Torpedinis fpecies fecunda. R o n d e l . Z. 2. c• 19«
р. 362.
G esner. p. 992.
Torpedinis fpecies tertio. Id. Ibid.
Torpedinis Jpecies mugis varia. R on d e l . Z. 12.
с. 19. p. 362.
Torpedinis fpecies quarto. RONDEL. Z, 12. c. 19*
P-X63-
G esner. p. 991.
Torpedo , Torpigo, Stupefcor. L e m e r y , D ili, des
Drogues Jimplej , p. 887.
The Cramp Ray. Pennant. British Zool. torn. 3.
p. 67. B
La Torpille, Torpede ou Tremble. D u h a m e l ,
Traité des Pêches, l ‘ part. 9' fe S . chap. 3. p. a86.
pl. 13..
La Torpille. Spell, de la N at. tom. 3. pag. 220.
tab. a i pag. 221. fig. D.
A Rom t , Ochiatella ; en Angletene , Cramp-
fish ; à 'Marfeille, Troupille ou Dormilioufe -, à
Bordeaux, Tremoife ;àNarbonne, Poule de mer ;
; à Saint-Jean-de-Lui, lcara; à Gènes, Tremorife.
La Torpille eft une de ces produirions de la
nature, dont les merveilles, exagérées par le vulgaire
, & réduites à leur jufte valeur par les
Sçavants, ont encore de quoi exercer toute la
fagacité de l’efprit humain. On fçait que ce poiflon
a emprunté fon nom de l’efpèce d’engourdiflement
douloureux qu’il produit dans les membres de celui
qui le touche. Cette aûion de la Torpille a été pen-
dant long-temps la feule qu’on lui ait reconnut, 8c
l’on a eu recours, pour l’expliquer, à différentes
fuppofitions , dont le plus grand mérite ne pouvoit
confifter qu’à être ingénieufes , tant que l’expérience,
dont il vient d’être fait mention, refteroit
ifolée. Mais enfin la découverte d’un nouvel effet,
encore plus furprenant que l’autre, eft devenue
comme un trait de lumière , qui a fait appercevoic
le point commun par lequel les phénomènes de
la Torpille tenoient à d’autres phénomènes déjà
connus. On a obfervé que ce poiflon ,touché d’une
certaine manière , faifoit éprouver, à plufieurs
perfonnes rangées en cercle, une commotion fu-
hite, femblable à la fecouffe éleélrique que produit
la bouteille de Leyde. Une phyfique ingénieufe a
retrouvé Jes loix & l’appareil de l’éleftricité artifi-
1 «ielle, dans cette efpèce de vafe fulminapi animé