
Le Lieu , fuivant M. Duhamèl, n’eft pas vêrî- I
tablement un poiffon de paffage. On en prend
toute l’année fur les côtes de Bretagne , & de
toutes les grandeurs. Si l’on en pèche un plus
grand nombre en été qu’en hiver , on prétend que
cela vient de ce qu’ils font attirés par les Sardines
qu’ils aiment beaucoup.
On trouve accidentellement des Lieux dans les
guideaux , verveux ou naffes , ou dans les tre-
inaux , les demi - folles , les cibaudières, & autres
efpèces de filets que l’on tend pour la pêche de
divers poiffons. Mais à Audierne, à l’île des Saints,
& dans les autres endroits circonvoifins , on fait,
depuis Pâques jufqu’à la Saint-Jean, une pêche ,
dont l’objet principal eft de prendre des Lieux.
On fe fert pour cet effet de petits bateaux appareillés
d’une ou deux voiles quarrées, & dans
chacun defquels fe mettent fix ou huit hommes.
On tend à la mer des lignes dont chacune eft
garnie d’un feul haim amorcé avec une Sardine,
eu avec un morceau de peau d’Anguille. Comme
le bateau qui eft fous voile, file affez rapidement,
&. que les Pêcheurs fecouent continuellement leurs
liaims , les Lieux qui font voraces- prennent l’apât
pour un poiffon qui fuit, fe jettent deffus, & refilent
accrochés à l’hameçon.
LIÈVRE, ( le ) Efpèce de Blenne.
Blennius ocellaris. L in . Syft. nat. Pifces jugul,.
Blennius , n°. 4.
Blennius radio fimplici fuprd oculos, pinnâ dor-
• fait anteriore ocello ornatâ. Ibid.
Muf. Ad. Fr. 2. p. 62.
Blennius fulco inter oculos , macula magna in
pinnâ dorfali. A rted . G en. i6.fyn. 44.
An Bshevvor. A th en . L. 7. p. 2S8 ?
Bkéwoç. O p p ian . L. 1 .fol. 108. 35. édit. Lippïi.
Blennius. Pl ïn . L. 32. c. 9.
Blennus Salviani. Fol. 218.
B e l lo n .
G esner. ( Germ.) Fol. 3. a.
Jo s s t o n . L. 1. tit. 3. c. 1. a. i ç . t. 19.
fi 5 - H
Blennus Bellonii. G esner. p. 126. 147.
Blennus Bellonii melius depi&us. A l d r o v . L.
2. c. 28. (pro. 26. ) 203.
Blennus Salviani & fortafsè etiam Bellonii.
jW ilisugh. p. 131.
R a i . p. 72.
Meforo. S a l v ia n . Fol. 217. ad Iconem.
A Rome , Meforo 3 en Angleterre , Butterfly-
Fish.
Ce poiffon eft long de fept ou huit pouces. Sa
couleur eft cendrée ou d’un azur clair, marqué de
traits olivâtres. Il a les yeux affez grands , fitués
l'un auprès de l’autre au fommet de la tête &
recouverts d’une membrane ; les iris de couleur
de fafran , & quelquefois rouges ; une petite cavité
femblable à un fillon entre les yeux ; une
pinnule ou petite nageoire au deffus de chacuns
de ces organes , comme on Tobferve au Scorpeno
& à l’Exocet ; ce caractère manqua à quelques
individus. #La furface antérieure de 11 tête, depuis
les yeux jufqu’à la gueule, a une pofition prefque
verticale, La gueule eft affez petite ; mais le
poiffon a la faculté de lui donner une grande ouverture
en écartant confidérablement bs mâchoires y
par un mouvement femblable à celui des mêmes
parties dans les quadrupèdes. Les dents de devant
font longues , | arrondies , ferrées les unes
contre les autres , difpofées très-régulièrement &
de niveau. On peut les comparer aux dents inci-
fives des quadrupèdes. Elles font fuivies de part
& d’autre dans chaque mâchoire de deux autres
dents aiguës & recourbées qui répondent aux dents
canines. Au milieu vdu palais eft une membrane
fituée tranfverfalement ; il y en a une autre auprès
de la langue dans la mâchoire inférieure;
ces peaux femblent être deftinées à empêcher que
la nourriture ne s’échappe de la gueule du poiffon.
La langue eft molle , arrondie &. charnue. La première
nageoire du dos commence à un pouce &.
demi de diftance de l’extrémité du mufeau ; elle
eft garnie de onze rayons , dont le premier forme
au deffus de la membrane commune une faillie
femblable à une foye., & qui a plus d’un demi
pouce de longueur. Le fécond & le troifième
dépaffent aufli, quoique moins fenfiblement, le
bord de la même membrane. Entre le cinquième
& le huitième rayon, & vers le bord fupérieur
de la nageoire , on obferve une très-bel!e tache
oeillée, noire en fon difque & blanche à fa circonférence.
Ce cara&ère, félon Willughby & Lin-
næus , eft particulier au poiffon dont il s’agit. Tout
le rëfte de la furface de cette même nageoire eft
panachée d’un vert fale ou olivâtre, & mouchetée
de points azurés , bruns & blanchâtres , épars fans
aucun ordre. La fécondé nageoire du dos a quinze
rayons ; elle eft attenante à l’autre, enforte que
Willughby confidéroit les deux nageoires dorfales
comme n’en faifant qu’une , laquelle, dit-il, paroît
double au premier afpeél. Les nageoires de la
poitrine font grandes , & ont chacune douze
rayons ; celles du ventre font fituées dans la partie
antérieure du poiffon, auprès de l’angle des opercules
qui recouvrent les ouies ; elles ont.chacune
deux rayons feulement. La nageoire de l’anus commence
près de cette ouverture , qui eft vers le
milieu de la longueur du poiffon, & fe prolonge
jufqu’à la queue ; elle a dix-fept rayons. La
nageoire de la queue eft un peu arrondie ; elle
a environ douze rayons , félon Willughby, &
vingt-fix fuivant Artedi. Elle eft mouchetée, ainfi
que les nageoires , de taches ôbfcures & verdâtres.
On ne voit point d’écailles fur la peau , ce qui
paroît, dit Willughby, diftinguer ce poiffon du
Blennus de Bellon, lequel, fuivant cet Auteur y
eft couvert d’écailles, que le moindre attouchement
fuffit pour faire tomber ( 1 ). Les côtés foift
marqués d’une ligne de points qui commence à
l’angle fupérieur des ouies , & forme une courbure
au-delà du ventre qui eft ample & un peu
Taillant.
La chair de ce poiffon eft molle. U eft commun
à Venife, fijr^tout vers le mois d’oâobre.
Willughby doute fi ce n’eft pas le même que le
Scorpioides de Rondelet. Quant au Blennus de
ce dernier Auteur, Artedi penfe qu’il forme une
efpèce diftinguée de celle du Lièvre.
LIGNE. C’eft un cordon plus ou moins délié ,
fait ordinairement avec de la foie ou du crin, à
l’extrémité duquel eft attaché un haim garni dé fon
amorce. Voyeç les détails qui concernent la pêche
à la ligne, dans l’article Pê c h e , qui fait partie
de TIntroduéfion.
L ig n e d o r m a n t e e t p a r f o n d . C’eft celle
qui eft garnie dans toute fa longueur de haims
amorcés, & qu’on tend au fond de la mer, en
même temps qu’on en tient l’extrémité fupérieure
dans un petit bateau. Quelquefois on l’attache à
un corps fixe.
L ig n e f l o t t a n t e . On appelle ainfi une ligne
dont les haims font attachés à des corps flottants
tels que des morceaux de liège.
L ig n e s é d e n t a ir e . Voy. L ig n e d o r m a n t e .
LIMANDE, (la ) Efpèce de Pleurone&e.
PleuroneSles Limanda. Lin. S y fl. nat. Pifces
thorac. Pleuronettes, n°. 8.
PleuroneEles oculis dextris, fquamis cïliatis fpi-
nulis ad radicem pinnarum dorfi anique 3 dentibus
obtujîs ibid. Muf. Ad. Fr. 2. p. 68.
Pleuronefles oculis à dextrâ 3 fquamis afperis,
fpinâ ad anum. A r t e d i , gen. ly. fpec. 5.8. fyn.
33- Paffer afper jive fquamofus. RONDE L. W lL L .
P-97-
ScHONEV. p. 6 l.
A l d r o v . L. 2. c. 46. p. 242.
RAi.jp. 32.
Limanda. BELLON.
G e sn e r .
Limanda, Pdffer afper five fquamofus. G e sn e r .
Limanda, tertia Pajferis fpecies. G e sn . (G e rm .)
Cirharus. C h a r l e t .
En Angleterre, Dab.
Ce poiffon, fuivant Willughby , eft couvert
d’écailles très - fenfibles , & dont les bords font
comme frangés & garnis des petites dents qui fe
détachent aiiement. Sa furface eft âpre fous le
doigt en allant de la queue à la tête. La ligne dont
( 1 ) En fuppofant .que Bellon ait obferve exactement
l’efpèce qu’il appelle Blennus, ce poiffon diffère encore de
celui de Willughby, en ce que fes dents font fi petites ,
qu’elles reffemblent plutôt à de fimples afpérités qutà des
dents proprement dites. Cependant Artedi rapporte le
Blennus de-Bellon à l’efpèce dont il s’agit ici.
il eft marqué vers le milien de chaque côté a une
courbure vers fa naiffance , & fe prolonge enfui te
directement jufqu’à la queue. En générai ce poiffon
a beaucoup de rapport avec la Plie ; mais il
en diffère en ce qu’il eft plus épais, en ce que fes
écailles font plus grandes, en ce qu’il n’a point de
tubercules auprès des ouies, & en ce qu’il n’eft
pas moucheté de taches rouges. Cependant Rondelet
dit que la Limande a des taches fur les nageoires
qui environnent le corps, & fur les autres
parties, mais que ces taches font jaunes. Peut-
être cette différence eft elle un jeu de la nature.
La Limande , félon la defeription d’Artedi, a
l’ouverture de la gueule un peu plus ample que
celle de la Plie, un grand nombre de dents à la
mâchoire fupérieure , un moindre nombre à la
mâchoire inférieure, c’eft-à-dire , environ vingt,
parmi lefquelles il y en a quelques-unes de mobiles
; les yeux faillants &. les iris dorés. Ges
organes font placés tous les deux à droite dans
cette efpèce.
La nageoire du dos eft garnie d’environ foi-
xante & dix-huit rayons entiers à leur fommet.
Les nageoires de la poitrine en ont douze, celles
du ventre fix. La nageoire de l’anus en a environ
foixante , pareillement entiers à leur extrémité,
Vers la partie antérieure de cette nageoire,
& immédiatement avant l’anus , on voit, comme
dans la Plie , une épine inclinée vers la tête du
poiffon.
La nageoire de la queue eft oblongue, & garnie
de dix-huit rayons , dont le premier & le dernier
font beaucoup plus courts que les autres, & ceux
du milieu, fendus jufqu’à la moitié de leur longueur,
& même au-delà.
Le même Auteur dit que le côté droit de ce
pQiffon eft d’un J^run-cendré, marqué de petites
taches d’un jaune pâle , ce qui s’accorde avec la
defeription de Rondelet. Le côté gauche eft blanc ,
fans aucun mélange.
Ce poiffon eft commun dans les mers de l’Europe.
L’Emery dit que la Limande a la chair
blanche , molle, humide, un peu glutineufe ; il
ajoute qu’elle eft préférable au Flet &au Fleton,
ÔL il attribue à ces trois poiffons la propriété d’être
peâoraux & propres à adoucir l’âcreté des humeurs.
( Traité univerf. des Drogues fimples 3p. 659.)
Suivant M. Duhamel, la Limande eft d’un goût
très - agréable, quand elle eft fraîche. Il eft vrai
qu’elle eft moins délicate que celle du Carrelet ;
mais elle fupporte mieux le tranfport, & fe con-
ferve plus long-temps fans fe gâter. On la préfère ,
à Paris , au Carrelet, qui eft plus eftimé dans les
ports de mer , mais qui perd davantage à être
tranfporté.
On prend beaucoup de Limandes fur les rivages
de l’Océan. On en trouve moins en Languedoc ,
dans la Méditerranée , ainfi que dans la mer Adriatique
, celle de Tofcane ôt la mer Noire. II eft peu
de poiffons plats qui fe montrent en auffi grande