T I
52 V O Y A G E DE EA BONITE,
vant plus se retourner en tronçons, présentent alors
clans leur développement des caractères qui permellent
de les rapproclier des oeufs qui germent. On v o i t , en
effet, ces fragments du tissu vivant d’Hydres, quelque
irrégulière cpie soit leur forme, devenir déplus
en plus sphéroïdes, el conserver encore les apparences
de ce tissu. Mais lorsqu’on transporte sous le
microscope un de ces fragments devenus sphériques,
et qu’ou le comprime graduellement , le troisième ou
le quatrième jour après la division du corps en boutures
, en hiver, ou après dix-huit ou vingt-quatre
heures en été, on peut constater cpie ce morceau
d’Hydre participe à la fois de la nature des bourgeons,
puisqu’on y reconnaît encore les fibres molles du tissu,
et de la nature des oeufs, eu raison de ce cpie , en
l’écrasant sous le compresseur, on en voit sortir une
plus grande quantité de liquide globulineux, et de ce
qu’il se développera indépendamment d’une mère.
Le travail ultérieur qui s’opère dans ces boutures
si petites des Hydres qui deviendront des individus
parfaits, les convertit en embryons bouturaires, dont
nous devons parler après avoii' étudié les embryons
qui proviennent des bourgeons et ceux qui se forment
dans les oeufs.
H convient cependant de donner ici une première
indication du procédé physiologique au moyen duquel
un fragment du corps de l’Hydre qui comprend les
deux peaux, l ’interne et l’externe, se transforme en
quelque sorte en oeuf bouturaire. Nous avons dit
que le fragment doit être si petit qu’il ne puisse point,
NODVEt ,LES RECHERCHES SUR L ’HYDRE. 63
en affrontant ses bords, reprendre la forme d’un tronçon
cavitaire. Un tel fragment de forme cariée ou irrégulière
perd bientôt cette foi me, et s’arrondit par le
mécanisme physiologique suivant : on voit sa couche
interne ou colorée perdre sa forme plate ou concave
et devenir un noyau spliéiique, eu même temps que
la couche externe et transparente s’étend progressivement
sur toute la périphérie du noyau sphérique encore
à nu, et finit par se recouvrir sur ce point d’une lame
mince et transparente. Cette bouture se présente alors
sous la forme d’une sphère brune foncée au centre, el
transparente dans sa couche externe, dont l’épaisseur
est toujours moindre sur le côté correspondant a la
face interne du fragment avant qu’il se fût arrondi.
{Vo j. Texplic. des fig. de la pl. H.)
Nous examinerons plus loin ce que deviennent des
boutures encore plus petites que celles que nous venons
de décrire ; nous nous sommes assuré positivement
que dans une bouture devenue sphérique, et
ressemblant, sous le rapport de cette forme, à un
oeuf sans coque, il ne s’opère aucun des trois procédés
ovogéniques que nous avons déjà indiqués en
tiaitant de la production des oeufs.
11 n’y a dans une bouture sphérique ou ovoïde ni
développement intra-globulaire comparable au développement
intra-utriculaire des végétaux , ni développement
extérieur globulinaire autour d’un globule
central, ni constitution d’une vésicule germinalive
centrale, revêtue d’une couche vitelliniforme.
Nous verrons ce qu’est réellement une bouture