[ikitôt à l’histoire des moeurs. 11 convient pourtant de les
prendre en considération, lorsqu’elles masquent plus ou
moins les formes naturelles, et afin de savoir discerner que
les formes irrégulières des spongiaires ne sont point des formes
industrielles, ni construites par des animaux qu’elles
ont enveloppés ou qui ont pénétré dans leur tissu encore
vivant, ainsi qu'on a pu le croire.
Il va sans dire encore qu’autant qu’on le pourra, ou aura
égard à toutes les formes diverses que peuvent offrir les animaux
et les végétaux, en les étudiant 1° dans tous leurs états
successifs, cest-a-dire, jiendant leur développement complet
(formes des oeufs, des embryons et des téléions ou êtres
nés); 2“ dans tous leurs états constitutifs (formes propres
aux races, aux sexes, aux tempéraments); et 3° dans leurs
diverses alternatives d’activité et de repos, de santé, de maladie
et de monstruosité; et enfin dans les alternatives de
leur état définitif de cadavre conservé frais, ou décomposé,
ou même fossilisé. Il n’est pas inutile de faire remarquer que
la pratique des sciences naturelles oblige d’apprécier soit
isolément, soit comparativement, les formes des corps organisés
dans tous les états, d ’après lesquels ces formes peuvent
être distinguées en successives , en constitutives , et en alternatives;
et ces distinctions sont elles-inêiiies applicables aux
formes des parties (formes partielles), aux formes des touts
ou individus (formes individuelles), e t, enfin, aux formes
des groupes sociaux d ’individus (formes sociales). Mais
la science ne se borne pas à prescrire l ’observation des
formes des individualités spécifiques envisagées dans chacune
de leurs parties, en elles-mêmes, et dans chaque groupe social
de ces individualités. Il lui faut aussi essayer d’obtenir des
formes, soit en modifiant celles qui sont naturelles , soit en
les conservant depuis leur état d’intégrité jusqu’aux derniers
vestiges qu’elles ont laissés de leur existence, ou soit par
riniitation iconographique ou autre, soit enfin en les fixant
dans la pensée, et en les transfigurant en quelque sorte an
moyen de formules numériques, schématiques, ou même algébriques,
lorsque les formes naturelles sont réellement iiu-
inérables, scliéniatisables et algébrisables, et peuvent par
conséquent être indiquées par des chiffres , par des lignes et
par des signes littéraux choisis pour exprimer les formes coii-
iiiies qui aident ainsi à la détermination exacte de formes
inconnues ou mal déterniiiiées.
Ce groupe de formes qu’on peut obtenir au moyen de
l’expérience, de l’art et des procédés des sciences exactes, et
qu’on pourrait appeler fo rm e s obtenues, renferme donc les
notions Ae fo rm e s modfiées , et celles de fo rm e s conservées
de diverses manières, et enfin les notions de fo rm e s transfigurées,
qui so n t, de fait, de véritables formules très-utiles ,
selon les convenances des descriptions ou des démonstrations,
et même de l ’investigation.
Il ne nous reste plus maintenant qu’à légitimer la haute
importance de la forme eu sciences naturelles. Nous pourrions
bien citer à l’appui les textes d’Aristote, de Linné, de
Lamarck , de G. Cnvier, et surtout de M. de Blainville , qui
l’a élevée au rang de principe; mais, après avoir accepté les
préceptes et les aphorismes de ces illustres maîtres de la
science, ne reste-t-il plus rien à faire pour justifier encore
mieux la suprématie de la forme?
Essayons de le faire en raison du but que nous nous proposons
dans ces recherches.
1. La forme des corps naturels est évideminent l ’expression
de la finalité plus ou moins immédiate de ces êtres. C’est
donc cette finalité qui devient le principe culminant, puis-
(pie c’est la fin voulue par une intelligence qui préexiste et