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 comme  des  organes  spéciaux  de  digestion  et  de  reproduction, 
   on  est  dans  l’obligation de  le  démontrer  expérimentalement, 
   en  ayant bien  soin  1“ de ne  pas  confondre  l’imbibi-  
 tion et une pénétration de particules colorantes  dans un  tissu  
 mou  et  bomogène,  avec  une  véritable  déglutition  qui  exige  
 des  organes  digestifs  spéciaux  permanents  bien  déterminés,  
 et  2°  en  ne  se  bâtant  pas de  prendre  des  lacuoles pour des  
 organes  nerveux,  pour  des  ovaires  ou  des  testicules,  et  
 des  fragments  de  tissu  homogène  pour  des  oeufs. Mais  en  
 outre  de  cette  mise  en  garde  contre  une  précipitation  
 toujours  nuisible  et  intempestive,  ne  doit-on  pas  prendre  
 en  grande  considération  la  question  des  limites  assignées  
 à  bataille  des  organes  spéciaux,  surtout dans  les  animaux  
 les  pins  petits ?  Cette  question  nous  semble  devoir  acquérir, 
   dans  l ’état  actuel  des  recherches  sur  les  organismes  
 animaux  inférieurs,  une  très-grande  importance,  et M.  Dujardin  
 qui,  le premier, l’a  posée, nous  semble  l’avoir résolue,  
 d’abord  au  moyen  d’arguments  très-logiques  ( i) ,  et  ensuite 
 (i) Voici  ses  arguments  conlre l’existence  d’organes  spéciaux de  
 digestion  et  de  génération  chez  les infusoires  homogènes  ; 
 «La  divisibilité  indéfinie de  la matière,  en  supposant que  ce  fût  
 réellement  une  loi  de  la  nature,  ce  que  d’ailleurs  paraissent  contredire  
 une  foule de  phénomènes  physiques  on  chimiques, ne suffirait  
 pas pour  prouver la possibilité d’une  organisation très-complexe  
 au  delà  d’ime  certaine  limite  de grandeur;  car 011  sait  que  
 beaucoup de phénomènes physiques  ou  dynamiques sont considérablement  
 influencés ou même  supprimés  par  des actions  moléculaires  
 ,  quand  les  corps  ou  les  espaces  qui  les  séparent  ont  des  
 dimensions  trop  petites  :  ainsi,  par  exemple,  le  liquide  cesse  de  
 s’écouler,  même  sons  une  forte  pression,  dans  un  tube  capillaire  
 dont  le  calibre  est  suffisamment  petit.  Dans  les  animaux  dont  le 
 en  recourant à  des observations directes  et à  des  expériences  
 concluantes  (i). 
 Nos  observations  et  nos  expériences  sur  l’Hydre  et  sur  
 l’éponge  d’eau  douce  nous  ont  conduit  à  reconnaître  et  à  
 constater,  comme  lu i,  que  les  éléments  de  1 organisation  
 animale  ont  une  limite  absolue  de  grandeur  et de  petitesse,  
 et  en  outre  que,  lorsque  l’organisation  a  atteint  le  dernier  
 degré de  simplification , elle  ne  consiste  plus  qu’en une seule  
 substance  m o lle ,  plastique,  homogène,  susceptible  de  se  
 disposer  en  lames  et  en  tractus  charnus,  de  se  lacuoliser 
 coeur  est  le  plus  puissant,  les  derniers vaisseaux capillaires  ont  an  
 moins  de millimètre de diamètre ;  vondrait-on  donc supposer  à  
 des  infusoires  grands  de  -¡L de millimètre  des  vaisseaux de  
 de millimètre? mais  la  loi delà capillarité  s’opposerait entièrement  
 à une  pareille supposition , dût-on  même centnpler  le  diamètre  de  
 ces  vaisseaux. Il  est donc bien plus  conforme aux  lois de la physique  
 d’admettre  que dans  ces  petits animaux  les  liquides  pénètrent  
 simplement par imbibition,  comme il  est  plus  conforme  aux règles  
 bien comprises de l’analogie de ne pas supposer que le  type des organismes  
 supérieurs  se puisse  reproduire dans les pins petits etres,  
 puisque  nous  voyons  les  éléments de  ces  organismes,  les globules  
 du  sang,  la  fibre  musculaire,  les vaisseaux  capillaires,  au beu  de  
 subir  un  décroissement progressif  dans  leurs  dimensions  chez  des  
 vertébrés  de  plus en plus petits, montrer à peu  près  les mêmes dimensions  
 cbez l’éléphant  et  la souris, comme chez  les articulés nous  
 voyons l’organisme  se  simplifier  bien  plutôt  que  ses éléments  décroître  
 de  volume.»  V.  sur  l’organisation  des  infusoires,  thèse,  
 p.  12 et  i3. 
 (i)  V. du même ouvrage  du même auteur,  les chapitres IV et V  
 relatifs  aux  organes  digestifs  des  infusoires,  le  chapitre  VII  
 qui a trait à  la  génération  de  ces animaux,  et  le  chapitre VIII où  
 il  traite  de  leurs  prétendus  organes  spéciaux  de  circulation,  de  
 respiration ,  de  sensations et  d’innervation ,  ainsi que  le  résumé.