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sur lequel M. Dujardin nous semble avoir fourni, le premier,
des données précieuses auxquelles on n’a pas assez fait attention.
Ce point est relatif à la question des limites de grandeur
ou de la taille des organes spéciaux, dont on a cru
devoir admettre l ’existence chez les infusoires homogènes.
C’est pourquoi nous devrons nous y arrêter bientôt, après
une appréciation de la grandeur ou de la taille des animaux
en général.
Tous les zoologistes savent combien la taille des individus
animaux ou des végétaux est peu susceptible de fournir de
bons caractères en zoologie ou en phytologie, puisque des
animaux ou des végétaux de même famille, de même genre
et de même espèce, peuvent offrir sous ce rapport des différences
très-grandes. Sans nul doute, la taille extérieure d’un
corps organisé animal, est en rapport avec les dimensions et
le volume des divers organes intérieurs chez les animaux
plus ou moins élevés dans la série. Mais lorsque l ’organisation
, de plus en plus simplifiée, est devenue homogène
et ne consiste plus, du moins en apparence, qu’en un seul
tissu mou et globulineux plus ou moins transparent, susceptible
ou non de recevoir dans son intérieur de l’eau et des
molécules colorantes visibles, et y formant des lacuoles (i)
( 1 ) Nous désignons sous ce nom , dérivé de laciis , lac , les petits
espaces ou lacunes sphériques remplis d’eau endosinosée lentement,
ou poussée vivement dans l’intérieur du tissu homogène des organismes
animaux très-inférieurs au moyen de leurs cils vibrátiles.
Il nous paraît préférable à celui de vacuoles, qui signifie les petits
espaces complètement vicies et ne contenant ni liquides ni gaz. Nous
pensons que les mots cellules et globules doivent être réservés pour
designer les formes élémentaires des tissus et des fluides vivants
lies corps oi ganiscs. Les lacuoles ue sont autre chose que des lacunes
digestives temporaires.
qui ne sont point permanentes, faut-il dans ce cas prendre
ces formes intérieures lacuolaires pour de véritables organes
digestifs, et regarder d’autres cellules ou des points colorés,
soit comme des organes sexuels, soit comme des yeux? Il
nous semble à cet égard, qu’à moins d’avoir bien constaté la
permanence et la constance de ces prétendus organes digestifs
ou sexuels, et qu’avant d’avoir vu s’accomplir sous ses propres
yeux les fonctions qu’on leur attribue , on ne peut se croire
autorisé à prendre ces lacuoles ou ces cellules du tissu homogène
des infusoires pour de véritables organes, semblables
à ceux des animaux supérieurs. Les remarques que nous
venons de faire au sujet de prétendus organes digestifs ou
sexuels, gratuitement ou prématurément admis dans les organismes
animaux très-inférieurs, s’appliquent également à
l’hypothèse de l’existence d’un système nerveux et d’un système
musculaire, chez ces animaux. Cette hypothèse de
l ’existeuce d’un sy.stème nerveux et d’un système musculaire
nous paraît encore plus gratuite que celle de l’existence
d’organes digestifs et sexuels permanents chez les infusoires
homogènes. Nous verrons bientôt sur quoi nous nous fondons
pour combattre ces deux hypothèses.
Disons d’abord que si réellement la taille des individualités
plus ou moins distinctes dans le règne animal ne fournit
point de caractères propres à différencier les espèces et les
autres groupes, depuis le genre jusqu’aux classes, on peut
cependant accepter, comme les zoologistes l’ont très-bien
démontré, que c’est en général dans les types les plus élevés
de l’animalité qu’on trouve le maximum de la taille des animaux,
et que ce serait encore en général dans les types les
plus infimes du règne animal que se trouvent également les
individualités spécifiques qui offrent le ininiinnm de la laille
individuelle.