décesseur de ce prince, Arnould de Horn, devient donc le premier évêque
dont on ait une monnaie lossaine. Peut-être a-t-elle quelque rapport avec le
traité de 1 3 8 6 , par lequel la partie intérieure de Herck, ou la ville proprement
dite, avait obtenu les mêmes avantages que Hasselt, c’est-à-dire que le
droit liégeois y avait été substitué à celui de Looz et que le régime féodal y
avait fait place au régime municipal *.
JEAN DE BAVIÈRE, 1 3 8 9 -1 4 1 8 .
Armoiries : écartelé : au 1er et au 4 e fuselé en bande d'argent et d'azur, qui est Bavière;
au 2 e et au 3 e de sable au lion d’or (couronné, lampassé et armé de gueules), pour le
Palatinat du Rhin. Heaume couronné, ayant pour cimier une queue de paon.
Henri de Horn, sire de Perwez, fut nommé mambour pendant la vacance
qui suivit la mort d’Arnould de Horn, son oncle. A celui-ci succéda Jean de
fiavière, 61s d’Albert, comte de Hainaut, de Hollande et de Zélande. Bien
que le pape eût déjà confirmé son élection vers la 6n de l ’année 1 3 8 9 2, il
ne 6t son entrée solennelle à Liège que le 1 0 juillet de l’année suivante.
L’investiture de la principauté lui fut donnée au mois de septembre.
Le despotisme et les vices de ce prince, âgé seulement de dix-sept ans, ne
tardèrent pas à lui aliéner le coeur des Liégeois. Obligé plusieurs fois de fuir
sa capitale, il se retira tantôt à Huy, tantôt à Maestricht. L’irritation des
Haidroits '§*■ c’est ainsi qu’on nommait les mécontents s - s’accrut encore par
le refus de l’rfu de prendre les ordres sacrés. Les villes renouvelèrent leur
ancienne alliance, et, le 2 7 septembre 1 4 0 6 , leurs députés et le peuple de
Liège proclamèrent la déchéance de Jean de Bavière. En même temps, ils
nommèrent mambour le sire de Perwez et donnèrent l’évéché à Thierri, son
61s. Le chapitre, ne voulant pas reconnaître l’intrus, se retira à Sainl-Trond,
1 De Corswarem, Mém. hist. sur les anciennes limites et circonscriptions de la province
de Limbourg, p. 251.
2 n est remarquable que presque tous les historiens modernes retardent l’élection de
Jean de Bavière jusqu’en 1390, et cela malgré les témoignages formels de Zantfliet et de
Suffride Pétri.
qui tomba bientôt au pouvoir du mambour, de sorte qu’il ne resta plus à
Jean de Bavière que la seule ville de Maestricht.
L’armée des communes vint l’y assiéger, mais la rigueur excessive du
grand hiver de 1 4 0 7 à 1 4 0 8 força les Liégeois à abandonner leur entreprise.
De son côté, Jean de Bavière sollicitait partout des renforts, et lorsque, vers
la 6n de mai, le mambour reprit le siège de Maestricht, une ligue puissante
s’était formée pour délivrer l’élu. Son frère, le,comte de Hainaut, commença
par ravager le pays d’Enlre-Sambre-et-Meuse. A cette nouvelle,
les milices des bonnes villes quittèrent le camp de Maestricht, a6n d’aller
défendre leurs foyers, et il ne resta devant la place que celles de Liège
et de Huy. Bientôt Jean sans Peur, duc de Bourgogne, beau-frère de Jean
de Bavière, avec ses hommes d’armes bourguignons et flamands, rejoignit les
comtes de Hainaut et de Namur et pénétra dans la Hesbaye. A l’approche de
cette invasion, les Liégeois se portèrent au-devant de l’armée des princes,
qu’ils rencontrèrent dans la plaine d’Olhée, le 2 3 septembre 1 4 0 8 . Après
une lutte terrible, dans laquelle périrent le mambour et son 61s, ils furent
taillés en pièces et Jean de Bavière rentra en maitre dans la cité.
Ses représailles furent sanglantes et lui méritèrent le nom de Jean sans
Pitié. Une sentence des princes, en date du 2 4 octobre, investit l’élu d’un
pouvoir absolu. Elle fut rendue par le comte de Hollande et de Hainaut et
par le duc de Bourgogne, comte de Flandre, qui stipulèrent, entre autres
conditions, que leurs monnaies auraient cours dans le pays de Liège au
même prix que dans leurs propres États *. Cette sentence fut annulée par
un diplôme de l’empereur Sigismond, du 2 6 mars 1 4 1 7 ; mais le rescrit
impérial resta sans effet jusqu’au départ de Jean de Bavière. Au mois de
septembre, ce misérable prit le chemin de la Hollande, ,oü il abdiqua son
évêché, en 1 4 1 8 , pour prendre une autre couronne avec une épée et une
femme.
« Item, ordonnons que les monnoies faites et forgiés par nous, ou l’un de nous ou
nos successeurs, ducs ou comtes desdites duchiés et contés, en nos pays et segnouries,
auront cours et seront receues et alouées es cité et pays de Liege, conté de Los et autres
pays dessus deciairiés, pour autel pris et valleur qu’elles auront cours et seront alouées es
pays de nous ou de nos successeurs ou l’un de nous. » (Chronique de J ean de Stavelot,
p. 134.) _