LOUIS DE BOURBON, 1 4 8 6 -1 4 8 2 .
Armoiries : d'azur à irois fleurs de lis d’or (France), o une cotice de gueules pour brisure.
Heaume à bourrelel, ayant pour cimier une fleur de lis double. Supports, deux lions.
Louis de Bourbon naquil de Charles, duc de Bourbon, dauphin d’Auvergne,
et d’Agnès, fille de Jean sans Peur.
Ce prince n’était âgé que de dix-huit an s, lorsque les pressantes sollicitations
de son oncle Philippe, duc de Bourgogne, déterminèrent le pape à
lui accorder l’évéché de Liège (3 0 mars I 4 8 6 ) . A peine installé (1 3 juillet),
l’élu se livra sans retenue à son despotisme et à sa cupidité. Eutouré de
conseillers bourguignons, il ne cessa d’être en conflit avec le peuple, que
dirigeaient deux anciens bourgmestres, Raes de Heers et Baré de Surlet.
Au mois de mars 1 4 6 8 , le tiers état prononça sa déchéance et choisit pour
mambour Marc de Bade, qui prêta serment le 2 2 avril. Le roi de France
Louis.XI, ayant à soutenir la guerre contre Philippe le Bon, fit alliance
avec les rebelles. Comme conséquence de c e traité, les milices liégeoises
envahirent le territoire du Limbourg; mais, arrivées sous les murs de Fauque-
mont, elles se virent tout à coup abandonnées par le mambour (4 septembre)
et se hâtèrent de reprendre le chemin de la capitale. La défaite de Monle-
naeken acheva de désorganiser les Liégeois : le 2 2 décembre, ils acceptèrent
la paix imposée par Philippe, qui stipula, entre autres conditions, que
ses'monnaies auraient cours dans le pays de Liège au même prix que dans
ses propres États L
En 1 4 6 6 , pendant que Bourbon résidait à Huy, où il régularisait sa position
en recevant les ordres et la consécration épiscopâle une nouvelle ligue
se forma entre les villes pour lui refuser obéissance. Dînant, qui avait été
exclu de la paix pour son insolence envers les princes bourguignons, fut
; 1 1Ordonnances de-la principauté (le Liège, l re série, p. 597.
2 Adrien du Vieux-Bois dit que ce fut le jour de la fête de Sle-Marguërite, donc le
43 juillet, d’après le calendrier liégeois. Cette fête était célébrée en France te 20 juillet;
de là vient l’erreur de M. Daris, qui, en adoptant cette dernière date, se met en désaccord
avec tous nos historiens. ■
assiégé par le comte de Charolais, et paya ses bravades du pillage, de l’incendie
et de la destruction de ses habitants (3 0 août).
L’année suivante, les Liégeois recommencèrent les hostilités en chassant
l’évêque de Huy. A celte nouvelle, Charles le Téméraire, qui venait de succéder
à Philippe le Bon, pénétra avec son armée dans la Hesbaye. Les Liégeois
se portèrent, à sa rencontre, mais, battus à Brusthem, ils durent se
soumettre au vainqueur. Charles, accompagné de l’évèque, entra triomphalement
dans la cité, le 17 novembre 1 4 6 7 . La sentence qu’il prononça fut
terrible : elle enlevait aux Liégeois leurs libertés, leurs forteresses, leurs
armes et jusqu’au perron, avec défense de « faire porter ledit pearon es
armes de la cité » . Quant à la clause relative au cours des espèces ducales,
elle fut naturellement maintenue
Une foule de proscrits avaient dû chercher un refuge à l’étranger. Excités
par les fallacieuses promesses du roi de France, ils rentrèrent dans le pays,
s’emparèrent de Tongres, où se trouvait Louis de Bourbon, e t, contents
d’avoir délivré leur patrie du joug bourguignon, ramenèrent l’évêque à Liège.
Ces événements, amplifiés et travestis, arrivèrent aux oreilles de Charles
au moment où il se trouvait en conférence avec Louis XI, à Péronne. Furieux
et indigné, il contraignit le perfide monarque à marcher avec lui contre les
rebelles. Le 3 0 octobre 1 4 6 8 , malgré l’héroïque dévouement de ses d é fen -.
settrs, la ville de Liège fut prise d’assaut, puis livrée au pillage et complètement
détruite par le feu.
Le pays resta sous la tyrannie du sire de Humbercourt, lieutenant du
Téméraire, jusqu’à la mort de ce prince, arrivée le S janvier 1 4 7 7 . Dès
quelle fut connue à Liège , le peuple rétablit les anciennes institutions.
De son côté, Louis de Bourbon rentra dans la cité, apporlant un acte par
lequel Marie de Bourgogne renonçait en sa faveur à toutes les prééminences
de son père sur la principauté. Il promit d’observer les lois et de ne faire
battre monnaie qu’avec l’autorisation des étals. Après cela, le vieux perron
revint de Bruges et fut rétabli sur le Marché.
Pour fortifier son autorité, Louis de Bourbon investit des fondions de
1 Ordonnances de la principauté de Liège, l re série, p. 624.