JOSEPH-CLÉMENT DE BAVIÈRE, 1 6 9 4 - 1 7 2 3 .
Armoiries écartelées de Bavière-Palatinat (ordinairement avec le fuselé en barre)
sommées du bonnet électoral.
L’élection du nouveau prince, qui avait été fixée au 2 0 avril 1 6 9 4 , donna
lieu à des difficultés. Après qu’elle eut été validée à Rome, Joseph-Clément
de Bavière prit possession du siège épiscopal le 2 5 octobre. Il était déjà
archevêque de Cologne, et son frère Maximilien-Emmanuel, électeur de
Bavière, était gouverneur des Pays-Bas.
En 1 6 9 7 , la paix de Ryswick mit un terme à l’occupation du pays par
la soldatesque étrangère. Mais ce ne fut pas pour longtemps : en 1 7 0 1 éclata
la guerre de la Succession d’Espagne, dans laquelle Joseph-Clément, malgré
toutes les remontrances, prit parti pour la Frauce et introduisit une garnison
française à Liège. Mis au ban de l’Empire, il dut s’enfuir à l’approche de
Marlborough, qui commandait l’armée des alliés (1 7 0 2 ). Ceux-ci ayant
expulsé les Français, un conseil impérial, présidé par le comte de Zinzendorf,
fut institué pour gouverner la principauté. Il ne cessa de fonctionner qu’en
1 7 1 4 , après la conclusion du traité de Baden qui rendit à Joseph-Clément
tous ses Élats. L’évéque rentra dans sa capitale en 1 7 1 5 ; mais il dut consentir,
par un acte du 1 4 décembre 1 7 1 6 , à la réaccession de la principauté
de Liège au cercle de Westphalie. La tranquillité étant ainsi rétablie, Joseph-
Clément mourut à Bonn, le 1 2 novembre 1 7 2 3 .
Les monnaies de Joseph-Clément appartiennent à deux périodes bien distinctes,
séparées par la régence impériale.
Pendant la première, Paul-Jean Schelberg et Jean Knaps continuèrent
d’exercer respectivement les fonctions de maitre monnayeur et de gardien.
Il résulte des deux dernières ouvertures de la boîte auxquelles ils assistèrent,
qu’on frappa :
1° Du 2 6 avril 1 7 0 0 au 7 décembre 1 7 0 1 , en argent, 8 ,5 3 1 marcs;
et en or, 5 marcs 4 onces;
2° Du 7 décembre 1 7 0 1 au 2 3 novembre 1 7 0 3 , en argent, 2 ,3 2 3 marcs;
et en or, en 1 7 0 2 , deux triples ducats dont on ne fit point l’essai '.
Le 1 2 avril 1 7 1 7 , pendant la seconde période, mourut Paul-Jean Schelberg,
auquel succéda Pierre-Joseph, son fils *. L’année suivante, ce dernier
passa avec Jean-François Knaps, fils ou parent de l ’ancien gardien, un
contrat pour l’installation d’un balancier au palais.
Par décision du 2 3 septembre 1 7 2 0 , le chapitre accorda au « directeur
des monnaies » la permission de frapper 5 0 ,0 0 0 livres de liards; puis, se
ravisant, il fit écrire au prince pour modérer cette énorme quantité 5.
Sur ces entrefaites, Pierre-Joseph Schelberg étant venu à mourir, Jean-
François Knaps fut nommé à sa place et commença la fabrication des liards.
On voit alors le chapitre, dans une lettre du 6 février 1 7 2 2 , adresser
de nouvelles représentations au prince : « Les espèces d’argent allaient disparaître
devant cette invasion de monnaies de cuivre; le monnayeur, en ne
se conformant pas à l’instruction de 1 6 5 0 , jouissait d’un gain excessif; il
refrappait les liards décriés du comté de Namur; Son Altesse ferait bien
de nommer un contrôleur pour surveiller la fabrication, etc. »
Knaps se défendit vaillamment : il produisit une copie dés conditions
imposées à François Schelberg, en 1 6 6 0 , pour la fabrication de la monnaie
de cuivre, les mêmes, disait-il, qu’il avait juré d’observer 4j son cuivre lui
arrivait en jetons, de Suède, par Hambourg et Amsterdam, comme d’habitude.
Il est vrai, ajoutait-il, qu’il s’était servi d’environ 2 ,0 0 0 livres de
liards décriés de Namur, mais il fallait observer qu’on avait décrié généralement
toutes les espèces frappées aux coins de l’électeur de Bavière, non pas
en raison de la matière, mais à cause des circonstances politiques 5.
Mémoires et suppliques se succédèrent ainsi pendant plus d’un an, ce qui
* Chambre des finances, Octrois, reg. des monnaies.
2 Chronique de Gossuart, manuscrit n° 1153, fol. 473, à l’université de Liège.
3 Conclusions capitulaires, reg. 177, fol. 471 et 505.
4 Cette instruction, qui nous est restée inconnue, doit avoir augmenté la taille précédemment
permise au monnayeur. En effet, le chapitre reprochait à Knaps de frapper
jusqu’à 32 sous (128 liards) à la livre, tandis que, d’après l’instruction de 1650, il n’aurait
dû en frapper que 23.
s Voyez Chalon, Recherches sur les monnaies des comtes de Namur, p. 138.