Maestrlelit e t Salnt-PIcrre.
Armoiries de Maestriclit : de gueules A une étoile à cinq rnis d ’nrgent *.
C’est à l’épiscopat d’Élienne que remonle la première donation connue,
faite à l’église de Liège, du droit de battre monnaie. Le 2 8 janvier 9 0 8 ,
Louis IV, roi de Germanie, confirma à l’église de Tongres ou de Liège, dans
la personne de son chef Élienne, la possession du tonlieu et de la monnaie
de Maestricht, qu il lui avait donnée du consentement d’Albuin, comte de
l’en d ro it2.
Ce diplôme fut ratifié, vers l’année 9 8 5 , par le roi Otlon III, qui reconnut
à Nolger la possession de tout ce que le domaine royal pouvait prétendre à
Maestricht sur la monnaie, sur le tonlieu des bateaux, des ponts, des
marchés, e t c .3.
Maestricht, Trajeclum ad Mosant ou superius (par opposition à Trajectum
ad Rhenum ou infe rius, Utrecht), Triectum, Trichl, etc., avait eu, sous
les rois mérovingiens, un atelier monétaire important. Charlemagne et ses
successeurs y monnayèrent également. Louis IV, le dernier roi de sa race
en Germanie, renonça à l’exercice de ce droit, ob Dei sanctoeque Murioe
atque Lamberli m a rly ris amorem. A ce prince enfant peut s’appliquer déjà
ce que Lelewel * disait des rois saxons : « Pour réprimer l’insolence des
seigneurs séculiers, pour élever un rempart contre leurs attaques, ils favorisèrent
le clergé et augmentèrent la puissance des évêques... Ils les enrichissaient
et leur accordaient des privilèges et droits souverains, et la monnaie
et son coin leur étaient donnés. »
t On connaît du magistrat de Saint-Pierre un très ancien sceau où le saint est représenté
debout, tenant un long bâton et un livre, avec un petit personnage qui lui présente la palme
ou la verge de justice : + Sigillum magi sf Pétri. (Revue belge de numismatique, 1868, p. 448.)
s Telonium ac monetam de Trajedo rwstra donatione, mm consensu Albuini eo tempore
illius comitis, concessam. (Chapeauville, t. I, p. 167.)
3 Confirmamus... et m Trajecto quicquid regalis ju s fisci exigere poterat in moneta, in
telonio, tam in navibus et ponte quam foro et vicis, exitibus et reditibus ipsius loci. (Ordonnances
de la principauté de Liège, 1™ série, p. 3.)
* Numismatique du moyen-âge, 3' partie, p. 140.
Les deux actes par lesquels fut confirmée la donation originale de Louis,
donnèrent lieu, dans la suite, à de nombreuses contestations, et, de nos
jours, à des dissertations savantes Les uns prétendirent qu’ils conféraient
implicitement aux évêques la juridiction sur la ville de Maestricht, à l’exception
de la collégiale de Saint-Servais; les autres, qu’il ne s’agissait que de
droits régaliens étrangers à la souveraineté. Quoi qu’il en soit, la domination
des évêques ne cessa de s’y exercer jusqu’à la révolution française, concurremment
avec celle des empereurs, leurs suzerains, puis avec celle des ducs
de Brabanl; d’où il résulta que les deux gouvernements s’accusèrent mutuellement
d’usurpation.
Le monnayage des empereurs continua même à côté de celui des prélats
liégeois; mais pour expliquer cette apparente anomalie, il convient de
remonter à l’origine des deux pouvoirs. Celui des évêques, d’abord restreint
aux prescriptions de la loi romaine, s’accrut sans doute par les libéralités
des princes carolingiens. Il s’étendait sur la paroisse de Sainte-Marie ou
Notre-Dame, qui leur avait servi de cathédrale, et sur les étrangers liégeois.
Le pouvoir des empereurs fut d’abord exercé par des comtes ; il s’étendait
sur le reste de la ville, longtemps compris dans la seule paroisse de Saint-
Servais, dont le temple se trouvait hors de l’ancienne enceinte où le saint
était venu abriter sa jeune église. En H 3 2 , cet état de choses existait déjà
depuis plus de trois siècles, en vertu d’anciens privilèges, selon le témoignage
d’une sentence rendue cette année par le roi Lothaire, du consentement de
l’évéque de L iè g e 2; ce qui semblerait prouver que les empereurs s’étaient
réservé tous leurs droits sur la paroisse de Saint-Servais et que, par conséquent,
ils y pouvaient monnayer. La donation qu’ils avaient faite de cette
abbaye à l’église de Trêves, en 8 8 9 , ne leur enlevait point cette dernière
prérogative; d’ailleurs celte donation fut révoquée en 1 0 8 7 , et le chapitre
de Saint-Servais déclaré impérial.
Voilà pourquoi la prévôté de Saint-Servais fut exceptée, lorsque l’empereur
Frédéric Barberousse engagea, en 1 1 7 4 , à l’évéque Rodolphe de Zaeringen,
1 Consultez notamment sur ce point et sur ce qui va suivre : Van Heylerhoff, Notice sur la
ville de Maestricht; les dissertations de Louvrex et de P olain ; P erreau, Recherches sur la ville
de Maestricht et sur ses monnaies, dans la Revue belge de numismatique, année 1846, p. 328.
2 Miræus, Opéra diplomatica, t. I, p. 98.