Goffin étant mort avant d’avoir pu achever sa fabrication, la chambre
des comptes se fit produire, le 21 mars 1 6 5 6 , la boîte des pièces d’or et
d’argent qu’on avait permis à sa veuve de forger. Trois jours après, elle
ordonna aux (représentants) Goffin de rapporter tous les coins des monnaies
restés en leur possession, et reçut le serment de François Schelberg, désigné
comme successeur de Goffin
Par « ordonnance et instruction » du 1 5 juillet 1 6 5 6 , Schelberg fut
chargé de forger des doubles et des simples ducats, des huitièmes et des
seizièmes de patagon, au même pied que ceux de son prédécesseur 2.
Mais il arriva que, dans les environs de Maestricht, les ducats et les esca-
lins furent refusés pour défaut de valeur intrinsèque. Le chapitre s’en émut
et décida, le 3 octobre 1 6 5 7 , de prier le prince de retirer les ducats et
d’en frapper au pied du saint-empire 3. C’était avouer que le monnayeur
n’avait pas suivi scrupuleusement ses instructions. On voit en effet que
celles-ci lui furent renouvelées à peu près dans les mêmes termes, le
2 6 octobre, et que cette fois encore on lui imposa de fabriquer les ducats
d’après la loi de l’Empire 4.
Cependant la boîte de maître Schelberg, « lui commise et commencée le
2 9 mars 1 6 5 6 » (donc avant l’instruction), ayant été examinée jusqu’au
2 0 décembre 1 6 5 8 , les ducats et les.escalins furent trouvés irréprochables 5.
Sur la proposition de la chambre des comptes, le chapitre opina, le
1 5 septembre 1 6 5 9 , qu’il fallait faire frapper des impériaux d’argent ou
patagons, des demis et des quarts, comme ceux du Brabant. Mais il ne
voulut point consentir à la fabrication de demi-souverains d’or (medii
su p rem i aurei) , pensant que la monnaie d’or ne devait être faite que conformément
à la loi de l’Empire.
Nous ne connaissons d’autre instruction relative à ces pièces que celle du
il y a eu à Liège un ciseleur et orfèvre nommé Kinable, « qui travaillait avec un grand
talent et beaucoup de goût. » [Bull, de l’Inst. arch. liég., t. VIII, p. 235.)
* Chambre des finances, Protocole, reg. 27, fol. 37 v° et 38.
2 Pièces justificatives, n° XLVIII.
3 Conclusions capitulaires, reg. 156, fol. 145 v°.
4 Pièces justificatives, n° XLIX.
s Chambre des finances, Octrois, reg. des monnaies.
2 décembre 1 6 6 1 , qui permet à François Schelberg de forger, outre les
« espèces d’or ci-devant ordonnées » , des patagons de 4 florins Brabant
(Brabanl-Liége), à 1 0 deniers 1 2 grains et de 8 ‘“ /m eu marc, comme
dans l’ordonnance de 1 6 3 5 '.
Les espèces d’or étaient des doubles ducats et des ducats; mais on constate
que ces derniers seuls, pour lesquels on créa un nouveau type , furent émis
du vivant de François Schelberg 2. Quant aux patagons, ils furent approuvés
à l’essai du 2 5 février 1 6 6 2 3. Depuis lors on en frappa des quantités
énormes, et cela jusqu’en 1 6 8 6 au moins.
Les ducatons réapparaissent en 1 6 6 6 , avec leur valeur de 5 florins
Brabanl-Liége. Depuis le 5 juillet de cette année, la fabrication n’en fut
guère interrompue jusqu’à la fin du règne de Maximilien. Pour se faire une
idée de l’abondance de ces pièces, il suffira de savoir que, du 1 4 mars 1 6 6 7
au 1 6 septembre 1 6 6 8 , on en forgea 1 7 ,7 8 7 marcs, y compris quelques
patagons.
A l’essai du 2 5 novembre 1 6 6 9 , l’aloi du ducaton se trouve indiqué
comme devant être (au minimum?) de 11 deniers 5 grains, suivant
l’instruction. Le 4 mars 1 6 7 1 et dans la suite, on voit qu’il devait être de
11 deniers 6 % grains, au remède de 1 '/j grain, donc, en définitive,
égal à celui du ducaton de 1 6 3 5 *.
La fabrication de celte masse de numéraire nécessita la création d’un
contrôleur des monnaies, dont le rôle fut non seulement de surveiller le
maître monnayeur et le gardien, mais encore de veiller à ce que les espèces
liégeoises pussent avoir cours dans les provinces voisines, comme étant au
même titre et de même poids que les leurs. Le prince choisit Jean Goffin,
fils (?) de son ancien monnayeur et sous-maïeur de Liège, lequel fut nommé
par commission du .23 février 1 6 6 6 , mais dont nous perdons la trace
après 1 6 7 1 8.
4 Pièces justificatives, nos L et LI.
2 Chambre des finances, Octrois, reg. des monnaies.
3 Conclusions capitulaires, reg. 157, fol. 196 v°.
4 Chambre des finances, Protocole, reg. 29, fol. 90 v°; Octrois, reg. des monnaies.
3 Chambre des finances, Octrois, reg. 83, fol. 152 v°. Jean Goffin, jadis sous-maïeur, est
encore cité* mais comme un des adhérents du prince, en 1680.