Vers la fin du XIII' siècle, lorsque l’ère ogivale vient de naître, la monnaie
grandit et devient gothique à son tour. Puis apparaissent successivement
1 or et le cuivre, celui-ci d'abord allié d’un peu d ’argent, dont l’alléralion
produit une monnaie noire.
Au milieu du XVIe siècle, le moyen âge disparaît entièrement et fait place
à la Renaissance. En même temps, l’argent du nouveau monde pénètre
dans la vieille Europe, et permet de frapper ces grands écus qui marquent
le régne définitif de la grosse monnaie.
Deniers d’or. En disant que l’or apparut pendant la deuxième période, nous n’entendons
nullement nier l’existence d’une monnaie d’or antérieure. M. A. Wau-
ters 1 a retrouvé, dans les chartes du XIIe et du XIIIe siècle, non seulement
la mention de pièces d’or d’Anvers, de deniers et d’oboles d’or de Louvain,
de mailles d’or de Flandre, mais encore, en 1 2 4 0 , celle d’un denier d’or
de Liège. Dans un diplôme du 21 mars de cette année, l’abbesse Aleyde et
les autres religieuses du Val-Notre-Dame déclarent être tenues, envers l’abbé
et les moines de Floreffe, à un cens de trois deniers d’or par an; et ces
deniers, ajoutent-elles, doivent être de la même grandeur que les deniers de
la -monnaie de Liège : « ... el debent esse d ic li d enarii ejusdem magniludinis
sicut Leodiensis monetw denarii. »
Voici qui est tout aussi probant. En 1 1 2 4 , l’évéque Albéron approuve
la donation de l’église de Rertrée, faite par Walter de Trognée, aux religieux
de Ciuny, à condition que ceux qui viendront la desservir paieront, chaque
année, à 1 autel de Saint-Pierre à Cluny, un denier d’or, monnaie de Liège :
« ... et p e r singulos annos unum tantum aureum denarium Leodiensis
monetoe, in P ascha ip s i fratre s persolvant 2. »
On connaît bien les auguslales et les demi-auguslales d’or de l’empereur
Frédéric I I , mais jamais on n’a vu de monnaie d’or frappée aux Pays-Bas
dans le système des deniers, et c’est en ce sens qu’il est permis de dire que
l’or, délaissé depuis les Mérovingiens, n’y reparut qu’au XIVe siècle.
•* Bulletin mensuel de numismatique et d’archéologie, t. II, p, 122, et t. III, p. 95.
s Mibæos (Foppens), Opéra diplomatica, t. III, p. 325.
En terminant, nous considérons comme un devoir de reconnaître que les
conservateurs de dépôts publics, comme les propriétaires de collections particulières,
ont facilité notre tâche avec une complaisance dont nous leur
sommes vivement reconnaissant. Citons M. Cam. Picqué, conservateur du
cabinet de l’État, à Bruxelles; M. Grandjean, bibliothécaire à l’université de
Liège; MM. Fraipont et Tock, l’un directeur du petit séminaire de-Saint-
Trond, l’autre professeur à celui de Bastogne; Mme la comtesse d’Oultremonl
de Robiano; M. le notaire Dumoulin, à Maestricht; et surtout M. le vicomte
B. de Jonghe,.qui tous nous ont permis d’éludier les raretés de leurs collections
ou des cabinets confiés à leurs soins.
A ces noms il convient d’ajouter celui de M. St. Bormans, ancien conservateur
des archives de l’État, à Liège, à l’obligeance duquel nous devons
une longue liste de documents monétaires; ceux de M. Van de Casteele, son
successeur, de M. le docteur Alexandre, et de notre ami M. l’abbé Habets,
archiviste de l’État, à Maestricht.